La Shinra, un puissant groupe industriel ayant tout pouvoir, a trouvé le moyen de transformer en énergie combustible la «rivière de vie» de la planète, c'est à dire «l'âme globale» que rejoint chaque créature vivante après sa mort. Un groupe d'écologistes a décidé de se battre contre la Shinra. Parmi ceux-ci nous trouvons Cloud, un ancien mercenaire qui ébranla la terrifiante Shinra en triomphant de Sephiroth, un guerrier génétiquement modifié par le conglomérat. Deux ans ont passé, et une étrange épidémie se met à toucher les enfants. Cloud va devoir revenir en ville et affronter de nouveaux ennemis étrangement connectés à Sephiroth.
FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN est le nouveau film produit par Square Enix, une société qui s'était déjà frottée au cinéma en image de synthèse «photo réaliste» en accouchant, dans la douleur, de FINAL FANTASY : LES CREATURES DE L'ESPRIT en 2001 et FINAL FLIGHT OF THE OSIRIS en 2003, un sketch mémorable destiné à l'anthologie ANIMATRIX (qui exploitait l'univers de MATRIX via une série de courts-métrages en animation). Malheureusement, l'échec financier du FINAL FANTASY de 2001 avait contraint Square Enix a fermer les portes de sa section cinéma, le sketch ANIMATRIX ayant été entamé avant les résultats catastrophiques du long-métrage. Mais voilà, Square Enix n'est pas à la base une société de production de cinéma. C'est un producteur de jeux vidéos, et pas des moindre puisqu'il a l'habitude d'écouler ses gros titres par millions. Si ce dernier a raté le coche pour s'imposer comme un concurrent sérieux à Pixar et consort, il n'a pas moins réinvesti son savoir faire dans les images de synthèse de ses jeux vidéos, pour aboutir à un niveau de qualité au Top de son marché. C'est par la petite porte que Square Enix revient aujourd'hui au monde du cinéma. Non pas en annonçant en grande pompe un nouveau projet de cinéma révolutionnaire, mais en présentant une suite fictionnelle de l'un de ses titres les plus populaires, avec un rendu technique très proche de ce que la société à l'habitude de produire en flux tendus pour ses oeuvres vidéoludiques.
FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN est donc la suite du Jeu Final Fantasy VII, ce dernier étant lui-même le septième opus d'une franchise riche et particulièrement dense. Heureusement, les jeux Final Fantasy ne sont pas des suites directes, mais des histoires indépendantes avec des personnages inédits dans un système de jeu qui, lui, perdure d'épisode en épisode. Pour résumer le principe de ce genre de jeu, il s'agit de diriger un groupe de personnages dans un univers et un scénario pré-établi en les «développant», c'est-à-dire en gonflant leurs caractéristiques tout au long d'une histoire qui se boucle autour d'une bonne soixantaine d'heures.
Final Fantasy VII est bien entendu considéré pour beaucoup comme le meilleur opus de la saga. Daté de 1997, bénéficiant d'un rendu graphique en 3D qui a depuis bien vieilli, le jeu proposait un récit plapitant et chargé en émotions qui a marqué durablement toute une génération de joueurs. Son moment fort : la mort de l'un des personnages principaux au beau milieu de l'histoire. Le joueur, privé de manière impromptue de ce personnage, perd ses repères et se retrouve bloqué dans ses performances. Son groupe d'avatars, qui répondaient jusqu'alors au doigt et à l'oeil, brise son union et renonce à continuer. Le joueur et les personnages devront alors accomplir une sorte de deuil virtuel pour enfin boucler l'aventure. Ce parti pris très étonnant reste assez unique dans l'histoire du jeu vidéo, ce qui ne manquera pas d'enrober Final Fantasy VII d'un voile de nostalgie inoubliable chez ceux qui l'ont expérimenté.
Les évènements de FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN se situent deux ans après la fin du jeu. Les évolutions de l'image de synthèse en près de dix ans ont été évidemment considérables, et l'univers très travaillé du jeu se voit ainsi affublé d'un rendu visuel à la hauteur de sa minutie d'écriture. Tous les personnages que le joueur a pu interpréter sont au rendez-vous, ainsi que les nombreux rôles secondaires. La célèbre musique de Nobuo Uematsu est réorchestrée par le maître lui-même, et certains plans de l'aventure sont repris à l'exact. Une fidélité totale au matériel d'origine qui s'explique par le fait que l'équipe du film est constituée en grande partie par l'équipe produisant les jeux (y compris ce septième opus).
Cette fidélité aux fans de la première heure est déclarée dès les premières secondes de film où un carton vient concrètement annoncer que FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN a été fait pour ceux qui avaient déjà croisé cet univers une manette entre la main. Et la suite du métrage ne dément pas ce parti pris. L'univers est à peine présenté, les personnages vont et viennent dans le récit sans même avoir été introduit, et de nombreux détails sont d'une opacité impénétrable pour ceux qui ne connaissent pas le matériel d'origine. En revanche, pour les initiés, l'euphorie est totale. Les retrouvailles avec l'univers et les personnages fonctionnent à merveille, le film décuplant son intérêt en réveillant les émotions que l'ancien joueur a pu expérimenter en traversant une première fois Final Fantasy VII. Les furtives apparitions de Aeris, la jeune fille décédée dans le jeu, sont ainsi d'une beauté et d'une mélancolie rare, tout en s'inscrivant dans une imagerie chrétienne poétique que les japonais aiment tant représenter dans leur animés.
Outre l'histoire, s'il y a un point à ne pas louper sur ce genre de projet, c'est le rendu visuel, l'animation et la direction artistique. Les erreurs du FINAL FANTASY de 2001 sont ici corrigées. Si ce dernier faisait miroiter un rendu photo ultra réaliste, avec le paradoxe que cela implique (pourquoi faire en synthèse ce que l'on peut faire avec de vrais comédiens ?), FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN mise sur un design certes toujours réaliste mais enrobé d'une liberté de trait typique de l'animation. En ce sens, le pari est parfaitement réussi car le film ne tente pas de nous faire passer des vessies pour des lanternes en nous vendant un «film live mais en image de synthèse» (la récente catastrophe du POLE EXPRESS de Robert Zemeckis nous ayant démontré depuis les limites du principe). Dans le même esprit, les «acteurs» sont très libres dans leurs mouvements, et se rendent capable de performances extrêmes totalement out (voir comment Cloud parvient à se faire propulser jusqu'au ciel via les «coups de mains» successifs de ses compagnons, placés tous les dix étages d'un building en construction).
En termes de découpage, FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN suit la logique de l'hallucination, en repoussant au plus loin les limites de l'hyper kinétique. Toujours dans l'idée de rectifier le tir de FINAL FANTASY : LES CREATURES DE L'ESPRIT et de sa mise en scène trop sage et académique, ce nouveau film libère la caméra virtuelle en comptant bien lui faire bénéficier pleinement de son absence de contraintes physiques. Le résultat est un maelström visuel hors norme. La caméra enchaîne les mouvements impossibles à la vitesse de l'éclair, occupe une multitude de points de vue dans un même plan, libère les recadrages extrêmes, le tout dans une rythmique de montage archi-cut. Devant la saturation de la rétine, beaucoup déclareront forfait. Pourtant, replacée dans un cadre expérimental, cette mise en scène est particulièrement intéressante. Cette dernière ne cherche pas à figurer le mouvement, mais bel et bien à le faire ressentir avant tout via des images difficiles à «lire» mais pourtant riches en impact presque physique. Les étourdissantes séquences d'action du film se ressentent donc plus par les tripes que par les yeux. Un principe loin d'être nouveau mais poussé ici dans ses derniers retranchements. L'influence de la mise en scène des jeux vidéos et de leurs cinématiques est flagrante, puisque ces derniers osent depuis longtemps déjà les sur-découpages à la limite de l'abstrait pour toujours privilégier le ressenti et l'immersion chez le joueur.
Comment rendre un avis sur FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN ? Pour ceux qui ont déjà pied avec cet univers, les retrouvailles sont formidables. Le film est très intelligent dans sa réutilisation du contexte et des personnages, et poursuit admirablement les enjeux du matériel original. Pour les autres, le problème est plus épineux. Se sentant à juste titre délaissé par un récit qui ne fait aucun effort pour les inclure, ils seront abandonnés à une forme hystérique qui les privera d'effets émotionnels uniquement réservés aux anciens joueurs. Beaucoup se sont inquiétés à la vision de FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN. Est-ce ça le cinéma du futur ? Bien sûr que non. C'est un cinéma plus que jamais du présent, totalement expérimental dans sa démarche, tâtant le terrain de nouvelles possibilités d'écriture cinématographique entre maladresses et génie.
FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN devait nous arriver en salle. Sa frénésie absconse nous l'envoi directement en DVD dans une édition techniquement parfaite. Film de synthèse oblige, l'image est à tomber. Aucun problème de master car nous sommes de disque dur à disque dur, et l'encodage suit parfaitement l'hyper vélocité du point de vue. Les pistes sonores sont à l'avenant, tirant parti de la spatialisation avec une grande minutie.
Les bonus sont similaires à ce que l'on trouve sur les autres éditions du film, y compris la luxueuse box japonaise qui proposait un empilement de goodies. Le supplément le plus important est le Making Of d'une trentaine de minutes qui brosse toute la production du film tout en donnant les référents du jeu vidéo. Le ton très promotionnel de l'ensemble ne phagocyte néanmoins pas l'intérêt. A noter pour les amateurs que le narrateur du document est Kenichi Endo, l'un des comédiens fétiche de Takashi Miike (notamment dans VISITOR Q, où il tient le rôle du chef de famille). Pour ceux qui ne souhaitent pas rester dans le flou, l'édition propose un résumé du jeu vidéo via un montage remontant tout le fil de son histoire. Les néophytes pourront se familiariser avec le premier visuel du jeu en 3D simple tout en découvrant les clefs manquantes à la bonne compréhension du long-métrage. On regrette juste que ce bonus se contente de présenter les images du jeu en brut, sans y adjoindre une voix-off narrative qui aurait permis de raconter cette histoire de manière moins austère.
La suite de la section est malheureusement très dispensable. Elle inclut la présentation du film projetée lors du festival de Venise. Il s'agit d'une version «digest» d'une vingtaine de minutes, ce qui n'a pas d'intérêt lorsque l'on a déjà visionné le film entier. La dizaine de scènes coupées ne fait pas illusion bien longtemps : très courtes, elles n'ont à montrer qu'un plan furtif ou une rapide ligne de dialogue inédite. Outre des bandes-annonces, le disque s'achève sur une note promotionnelle en empilant moult spots de pubs pour les jeux vidéos exploitant à leurs tours l'univers de Final Fantasy VII, et qui s'apprêtent à débarquer dans le monde entier.
Vous connaissez le jeu Final Fantasy VII ? Alors allez visionner de toute urgence FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN, un long-métrage d'animation époustouflant uniquement dédié à raviver, avec succès, les formidables émotions provoquées par le matériel original. Vous n'avez jamais entendu parler de Final Fantasy VII ? Alors, on ne peut vous souhaiter que bon courage...