Comment Petey Wheatstraw, acteur comique, va se retrouver dans la peau de celui qui doit épouser la fille du diable ? Et surtout comment va t'il échapper à ce mariage avec l'abominable fille des enfers ? Autant de questions dont les réponses se trouvent dans le justement nommé PETEY WHEATSTRAW !
Très tôt, Rudy Ray Moore a envie de se lancer sur les planches en dansant et en chantant. Fortuitement, il va se diriger vers la comédie. Durant son service, il va ainsi distraire l'attention du public lors des entractes bien trop long durant les spectacles. Il y interprètera un numéro calqué sur l'un de ceux de Caldonia Young, qu'il connaît bien, et obtient une réponse très enthousiaste de l'assistance. Il ne prendra pas immédiatement la décision de devenir comique et continuera encore quelques temps sa carrière dans la chanson sans rencontrer un véritable succès. Du coup, il va changer son fusil d'épaule en exploitant son bagout plutôt que ses vocalises. En 1959, il commence à créer une ribambelle de personnages et de monologues avec un net penchant pour les grivoiseries et un franc parlé peu commun à l'époque. Quelques temps plus tard, ses prestations scéniques seront ensuite couchées sur des disques aux pochettes graphiquement très explicites ! Les prestations de Rudy Ray Moore lui vaudront même le surnom de «The Godfather of Rap» en raison de son débit verbal composé de rimes.
Des disques au cinéma, il n'y a qu'un pas que Rudy Ray Moore va franchir en suivant les traces des SHAFT et autres SUPERFLY qui font les beaux jours des salles obscures durant les années 70. Du coup, il va adapter l'un de ses personnages les plus connus pour le transposer au cinéma dans DOLEMITE puis THE HUMAN TORNADO. Plutôt que continuer à exploiter Dolemite, il se tourne ensuite vers un autre personnage qui était déjà présent sur son disque «The Cockpit» dont la pochette présente Rudy Ray Moore à poil et entourée d'une demi douzaine de nanas dans la même tenue. Ce nouveau personnage, ce sera donc «Petey Wheatstraw, the Devil's Son-In-Law» («le gendre du diable»). Le numéro d'origine qui va donner naissance à PETEY WHEATSTRAW n'offrait pas de grandes informations quant au passé du personnage principal en dehors de sa naissance. Il est alors choisi de placer l'intrigue au sein d'une rivalité entre promoteur de spectacles qui sont aussi des acteurs de stand-up comedy (en quelque sorte des one man show comique). Cela permet de placer face à Rudy Ray Moore le duo Leroy & Skillet qui officiaient au même moment et dans le même registre comique sur scène et sur disque. Pour autant, on ne verra pas vraiment dans le film l'étendue de leur répertoire car leur passage sur scène sera écourté par une intervention extérieure.
Même si PETEY WHEATSTRAW est armé de plusieurs talents comiques, cela n'en fait pas automatiquement une comédie hilarante qui fait mouche à tous les coups. L'humour déployé n'est pas des plus finauds et certains gags tombent un peu à plat. Toutefois, c'est surtout le côté un peu balourd de certaines situations ainsi que l'énormité de plusieurs séquences qui emportent l'adhésion même si la facture du film a souvent des côtés très amateur. Mais rappelons tout de même que le film était en partie financé par Rudy Ray Moore et que le budget n'avait rien à voir avec ce dont disposaient les ténors de la blaxploitation à la même époque. Le manque d'argent est amplement remplacé par un côté free cinéma délirant (les déambulations dans le quartier de Petey armé de la canne magique du diable) ou purement et simplement coquin (La partie de jambes en l'air avec plusieurs succubes offertes par le diable lui-même). Certains lui reprocheront certainement sa vulgarité. Pourtant, le film se permet à plusieurs moments de véhiculer un message de moralité fort surprenant plus particulièrement auprès de la jeunesse. De quoi rendre toujours plus sympathique le personnage de queutard forcené qu'est Rudy Ray Moore et son avatar diabolique Petey Wheatstraw.
De l'action, PETEY WHEATSTRAW en contient pas mal en plus de quelques fusillades. L'occasion pour Rudy Ray Moore de montrer une nouvelle fois sa technique d'arts martiaux très particulière. Car, il faut bien le reconnaître, Rudy Ray Moore n'est pas Jim Kelly ou Fred Williamson. Contrairement aux deux acteurs cités, il n'est pas un pratiquant des arts martiaux mais à juste pris quelques cours avec le champion Howard Jackson qui chorégraphia au passage les scènes d'action de PETEY WHEATSTRAW mais aussi de DOLEMITE. Cela donne donc un côté assez amusant et hésitant au combat qui nous sont donnés à voir. Mais rien ne risque de vous préparer aux affrontements avec les forces de l'enfer incarnés sous la forme de diablotins sautillants qui ne dépareilleraient pas face à un héros de série japonaise. Le film va ainsi jusqu'au bout de son concept de comédie loufoque sans jamais essayer de se prendre trop au sérieux !
L'éditeur BQHL se lance dans l'édition DVD en France de la plupart des titres mettant en scène Rudy Ray Moore que ce soit au cinéma ou sous la forme de documentaire et de spectacle. Manifestement, l'éditeur a repris le matériel publié aux Etats-Unis chez Xenon Entertainment si l'on en juge par un panel identique des titres proposés dans sa collection et surtout l'apparition du logo de l'éditeur américain en préambule de PETEY WHEATSTRAW. Sur le DVD français, le film est présenté en plein cadre, probablement d'origine, dans une copie qui n'est pas de la toute dernière fraîcheur. Mais que les défauts de pellicule ici ou là ne vous effraient pas pour autant, il apparaît difficilement concevable que l'on puisse voir mieux pour ce film dans les décennies à venir (ou même le voir tout court !).
Du côté de la section sonore, on retrouve une piste pourvue d'un son mono d'origine dispensé sur les deux canaux avant. Forcément limité, le rendu général est loin d'être désagréable même si on a connu mieux dans le genre. Et comme il s'agit de la seule piste sonore, elle est bien sûr en version anglaise d'origine accompagnée d'un sous-titrage français sur lequel on pourra toujours se raccrocher lorsque les dialogues partent dans des terrains pas franchement défrichés par les méthodes académiques d'apprentissage de l'anglais !
Le disque reprend les suppléments du disque américain. On trouve en premier lieu une petite vidéo à la prise de son très inégale et à l'image pas vraiment dans les normes du DVD. Celle-ci a au moins l'avantage de présenter un Rudy Ray Moore vieilli qui nous présente quelques-uns uns des lieux de tournage de ces films. Car cette vidéo n'est pas spécialement orientée vers PETEY WHEATSTRAW mais parle autant, voire plus, des DOLEMITE. Cela donne en tout cas une idée des conditions de tournage et du système D mis en œuvre sur ces films. A côté, on trouve des spots radio ainsi que les bandes-annonces des films et des extraits pour les programmes hors films de la collection Dolemite
Quand la Blaxploitation touche au fantastique, cela donne souvent des résultats assez surprenant à l'image de BLACULA, ABBY, DR. BLACK AND MR. HYDE ou encore BLACKENSTEIN. Au milieu de cet engouement pour le fantastique, PETEY WHEATSTRAW fait lui-même office de drôle de curiosité. On doute de voir débouler un meilleur DVD pour voir ce film, qui plus est avec un sous-titrage français… Toutefois, le prix de la curiosité paraît un peu élevé au regard de ce que propose d'autres éditeurs !