Le Duché de Grand Fenwick a un énorme problème : le château où résident
la Grande Duchesse et ses ministres n'a pas d'eau chaude, faute de plomberie.
Résultat : il faut développer des trésors d'ingéniosité pour que Mountjoy,
le premier Ministre, puisse prendre des bains, ce qui semble être sa
principale préoccupation. Las de perdre du temps pour un résultat si
peu probant, il met au point un stratagème pour demander l'aide des
Etats-Unis, grande puissance devant l'Eternel. Les Russes ne voulant
pas être en reste, participent eux aussi, à leur façon, à l'aide internationale
dont bénéficie cette chiure de mouche qu'est le Grand Fenwick sur la
carte du monde, dont on apprend par une voix off qu'il est le pays le
plus petit et rétrograde du monde.
En pleine guerre froide, seuls les anglais et leur humour bien particulier pouvaient produire un film aussi satirique sur les deux grandes puissances que représentent les USA et la Russie. Et ils n'y sont pas allés de main morte ! Ils dressent un portrait sans concessions des uns et des autres, ne lésinant pas sur les caricatures et les clichés en tous genres. Ainsi, on peut y voir avec délices les services secrets des deux puissances se démener pour apporter de l'aide à ce que Mountjoy a présenté comme étant un programme spatial, grâce à des plans identiques sur lesquels seuls les décors et les personnages changent.
Les relations diplomatiques sont mises à nu, et on peut facilement imaginer qu'on ne doit pas être, pourtant, très loin de la vérité. Ici, c'est un plaisir de voir ce qu'on ne voit jamais : comment se prennent les décisions en haut lieu, et quels sont les enjeux politiques de telle ou telle décision. Les questions d'ingérence, qui se posent très régulièrement de nos jours, trouvent dans cette satire politique une réponse claire : on n'intervient pas dans un conflit par générosité ou par humanité. On intervient pour se faire valoir, et surtout parce qu'il y a un intérêt stratégico-politique indéniable. Seuls des anglais pouvaient être aussi impitoyables, y compris avec eux-mêmes, d'ailleurs, car ils ne se privent pas de passer leur protocole et leur establishment à la sulfateuse. Autant dire que personne n'est épargné, et c'est vraiment une délectation.
Ce film est une séquelle de LA SOURIS QUI RUGISSAIT (MOUSE THAT ROARED) dont les rôles du Premier Ministre et de la Duchesse étaient tenus par Peter Sellers. Il n'a pas encore eu la chance d'être édité en DVD. Espérons qu'un éditeur se charge de réparer cela. Seul regret, quant à cette édition, il n'y a, en guise de supplément qu'une bande-annonce. Celle-ci est très intéressante, au demeurant, car présentée de façon inhabituelle, vous en jugerez par vous-même. Le disque est présenté dans son format cinéma d'origine mais dans un master 4/3 qui contient quelques petits défauts de pellicule, ce que l'on peut regretter. On pourrait se prendre à imaginer que le disque en zone 2 bénéficie d'un meilleur master, mais sachant que c'est MGM qui est susceptible de l'éditer un jour en France, ne rêvons pas, il n'est pas d'usage chez cet éditeur de se démener pour respecter la qualité de ses DVD.
Notons la présence de l'excellent Terry Thomas, célèbre acteur anglais dont le physique représente à merveille ce style "old england". On a pu le voir dans L'ABOMINABLE DOCTEUR PHIBES et sa suite, et il a également donné la réplique à Bourvil, notamment dans LA GRANDE VADROUILLE.
Pour terminer, je dirai que les inconditionnels de ce fameux humour so british, fans des Monty Python, apprécieront à sa juste valeur ce très bon LA SOURIS SUR LA LUNE (MOUSE IN THE MOON), moins licencieux mais tout aussi irrévérencieux que les sus-nommés.