Au XIXème siècle, en Espagne, des cadavres mutilés sont retrouvés. Pour la justice, la liste des victimes commence à s'allonger considérablement laissant à penser qu'il ne s'agit pas de l'œuvre d'une simple meute de loups comme le pensent les villageois…
Après LES ENFANTS D'ABRAHAM, Paco Plaza s'oriente pour son second long métrage vers un film en costume se basant sur des faits réels. L'ENFER DES LOUPS s'intéresse au personnage de Manuel Blanco Romansanta qui fut officiellement reconnu, au XIXème siècle, comme atteint de lycanthropie. Prenant racine dans la réalité, le film de Paco Plaza ne va pas pour autant suivre à la lettre les événements réels. La caméra prend le parti de mêler plusieurs points de vue de façon à brouiller les pistes comme avait pu le faire Manuel Blanco Romasanta à son époque.
Comme pour le premier film de Paco Plaza, LES ENFANTS D'ABRAHAM, ce nouveau long métrage est produit par Filmax et Julio Fernandez. C'est d'ailleurs le producteur qui tombe par hasard sur l'histoire vraie du loup-garou d'Allariz et qui a l'idée de monter un film le mettant en scène. En raison du sujet résolument fantastique, L'ENFER DES LOUPS intègre tout naturellement le giron de la Fantastic Factory. Une structure de production montée par Filmax, dédié au cinéma fantastique et sous la tutelle de Brian Yuzna. Julio Fernandez fait écrire le film par deux scénaristes en prenant comme base un livre d'Alfredo Conde, bien évidemment à propos du véritable Manuel Blanco Romasanta, avant d'en proposer la réalisation à Paco Plaza qui est tout de suite intéressé.
Les scénaristes et Paco Plaza ne cherchent pas à réaliser un film d'horreur conventionnel. Cela se ressent nettement dans le traitement de l'intrigue qui évite la plupart des lieux communs inhérents aux loups-garous. Et pour cause, L'ENFER DES LOUPS ne place pas au coeur de son sujet un homme se transformant en loup simplement pour aller dévorer ses victimes. Même la notion de suspense est le plus souvent évacuée au profit de la simple évocation de cette mystérieuse histoire et de son énigmatique personnage central. On retrouve tout de même, dans le film, la créature fantastique ainsi qu'une séquence de transformation, qui tient autant de l'horreur que de la poésie, mais aussi quelques passages plutôt gores.
L'ENFER DES LOUPS ne cherche pas non plus à vous donner clairement des réponses et laissera chacun se forger sa propre opinion concernant Manuel Blanco Romasanta. Le film mélange ainsi assez habilement la vision d'une région reculée de l'Espagne, encore très superstitieuse, avec les tâtonnements de la justice désarmée face à de tels meurtres ou encore avec les théories scientifiques un peu abracadabrantes du XIXème siècle. Le tout est réalisé avec un souci du détail qui finit de transformer L'ENFER DES LOUPS en une sorte de livre d'images dédiés au mystérieux Romasanta.
De façon à garder un côté crédible pour les spectateurs, le Romasanta de L'ENFER DES LOUPS ne s'attelle pas au physique un peu passe partout du personnage réel. La version cinéma est donc plus avantageuse puisque c'est Julian Sands qui lui prête ses traits ainsi que son aura un peu étrange. A ses côtés, on reconnaîtra deux acteurs ayant déjà œuvré au sein de Filmax : Elsa Pataky (BEYOND RE-ANIMATOR) à qui l'on offre, pour une fois, un rôle de choix et John Sharian (LE MACHINISTE…).
L'image du DVD permet de visionner L'ENFER DES LOUPS dans son format cinéma avec un transfert 16/9 qui conserve l'aspect cinéma de l'image ainsi que la photographie aux couleurs ensoleillées et féeriques. Le transfert contient de petits défauts de compression surtout lors des passages nocturnes ou des scènes aux éclairages particuliers (bougies, torches…) qui rendent les arrières plans pas toujours naturels. A force de chercher la petite bête sur les DVD... Dans la version locative, nous avions noté à environ 39mn35 un trait lumineux en haut de l'écran. Ce même trait apparaît sur la version « Vente » mais, même si cela peut paraître très étrange, il semblerait que ce soit en réalité dû au passage rapide d'un insecte ! On peut d'ailleurs en voir d'autres virevolter beaucoup plus lentement autour de l'actrice.
La section sonore n'offre que deux choix. Il est ainsi possible de visionner le film avec le doublage français en Dolby Digital 5.1 ou la version originale dans le même format sonore. Une version originale qui est en langue anglaise puisque le film a été tourné, malgré ses origines espagnoles, dans cette langue avec d'ailleurs, pour des raisons d'ambitions internationales, un casting d'acteurs principaux majoritairement anglo-saxon. Sans être spécialement exceptionnelles, les deux pistes sonores font du bon boulot.
Le plus gros des suppléments de cette édition est un documentaire de près d'une heure qui parle du véritable Romasanta. Bien qu'il ait été manifestement réalisé dans le sillage du film, Julio Fernandez étant encore producteur, ce documentaire ne cherche pas vraiment à vendre sa soupe. Il ne s'agit donc pas d'un gros segment commercial développer pour faire la promotion de L'ENFER DES LOUPS mais d'un véritable documentaire qui, pour le coup, est aussi un supplément pertinent.
Pour obtenir des informations en rapport plus direct avec le film, il faudra se tourner vers un Making Of plus traditionnel où sont montées des bribes d'interviews, des extraits de films et scènes de tournage. On retrouve aussi une sélection d'interviews, parfois très brèves, qui sont en fait les éléments ayant permis de monter le Making Of. Certaines interventions sont inédites mais une impression de déjà vu se fait cruellement sentir ! Néanmoins, deux segments dans les interviews s'avèrent bien plus longs puisqu'il s'agit en fait de petites Featurettes consacré pour l'une au compositeur de la musique et pour l'autre au directeur artistique.
Les scènes coupées sont déjà bien plus intéressantes. Parmi celles-ci, on trouvera par exemple une séquence avec effets de maquillage où l'on peut voir une version monstrueuse de Romasanta qui fut écartée du montage final. Chacune des scènes est présentée avec un commentaire audio de Paco Plaza qui explique les raisons du retrait des séquences ou bien de leur montage alternatif. Paco Plaza prend la parole de la même façon pour commenter rapidement quelques planches de story-board. Enfin, la partie apparente des suppléments se clôt avec la bande-annonce du film accompagnée de celle du MACHINISTE et de AZUMI 2.
Il reste encore un dernier supplément qui passe à première vue inaperçu. En fait, il est camouflé sur le menu principal et il s'agit d'une petite Featurette proposant des images de l'envers du décor des effets de maquillage du jeu sur un peu moins de dix minutes. Les premiers effets montrés sont d'ailleurs ceux d'une séquence absente du film et que l'on peut retrouver par les scènes coupées.
Ne vous laissez pas abuser par le visuel (repris dans la plupart des pays) de L'ENFER DES LOUPS qui laisseraient imaginer une certaine parenté avec LE PACTE DES LOUPS. Le Romasanta de Paco Plaza n'a absolument rien à voir dans son traitement ou son histoire avec le film de Christophe Gans à part un goût pour les ambiances gothiques. Malheureusement, cette méprise risque de ne pas être la seule à jouer en défaveur du film de Paco Plaza puisque sa parenté avec le cinéma horrifique et les loups-garous vont finir d'égarer pas mal de spectateurs. Il faudra donc éviter d'aborder le film avec des attentes rigides pour réussir à se laisser séduire par la mise en image élégante et raffinée de L'ENFER DES LOUPS.