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Critique du film et du DVD Zone 0
FRANKENSTEIN VS THE CREATURE FROM BLOOD COVE 2005

 

Dans la petite ville côtière de Blood Cove, un photographe et son équipe sont sauvagement attaqués par une créature mi-homme mi-poisson. Ils trouvent refuge chez un groupe de scientifiques justement responsable de ce mutant, soit une expérience qui leur a échappé. L'idée vient alors de ressusciter le monstre de Frankenstein pour que ce dernier les débarrassent de cette menace.

FRANKENSTEIN VS. THE CREATURE FROM BLOOD COVE, aussi obscur soit-il, possède accolé à son titre la particule «William Winckler's» pour bien mettre en évidence l'appartenance du film à son auteur. Mais qui est ce William Winckler, qui signe le titre de ses films comme les piliers du genre tel que John Carpenter ou Georges A. Romero ? Loin d'être un grand réalisateur de cinéma, Winckler est en fait un gentil bonimenteur américain totalement indépendant. L'homme vivote depuis une vingtaine d'années dans l'industrie, participe à l'écriture et à la production de deux séries télévisées, fait l'acteur entre autres dans quelques épisodes de ARABESQUE, K 2000, ou REMINGTON STEELE. Et c'est en 2001 qu'il monte sa propre maison de production avec l'ambition de concrétiser ses propres films.

La même année sort THE DOUBLE-D AVENGER, un film écrit, produit, réalisé et distribué par ses propres soins via un DVD fait maison. Tourné en vidéo avec un budget dérisoire, THE DOUBLE-D AVENGER est une parodie de Wonder Woman mettant en scène quelques stars vieillissantes du cinéma de Russ Meyer : Kitten Natividad, Raven De La Croix et Haji. L'idée est suffisamment tordue et marrante pour faire passer ce spectacle, certes limité, mais au final sincère et divertissant. Le film bénéficie rapidement d'un bouche-à-oreille plutôt positif, ce qui lui permet de très bien se vendre. Les DVDs auto-produits par Winckler s'écoulent avec bonheur, tandis que les droits du film sont cédés dans quelques pays étrangers (comme la France qui sortira sa propre édition DVD).

THE DOUBLE-D AVENGER ayant été une très bonne affaire pour sa jeune société, il semblait normal que Winckler n'allait pas tarder à remettre le couvert. C'est chose faîte en 2005 avec FRANKENSTEIN VS. THE CREATURE FROM BLOOD COVE, un nouveau film tourné dans les mêmes conditions que l'opus précédent, c'est-à-dire en vidéo et à l'économie. En grand fan des films d'horreurs des années 30 à 50, Winckler décide d'abandonner son héroïne masquée d'un soutien-gorge pour rendre un authentique hommage aux films de la Universal qu'il affectionne particulièrement. D'où l'idée de ressusciter le monstre de Frankenstein pour lui faire combattre un ersatz de la créature du lac noir, avec également un loup-garou venant faire un clin d'oeil au détour de quelques scènes. Winckler nous fait donc son VAN HELSING à lui, avec l'assurance de ne pas noyer son projet sous les effets digitaux !

FRANKENSTEIN VS. THE CREATURE FROM BLOOD COVE est un film semi-professionnel, une série Z mais «de luxe». Aussi fauché soit-il, Winckler s'applique à fournir des images propres, correctement éclairées. Du caviar comparé à certaines productions similaires. En revanche, le scénario, l'interprétation, le découpage ou encore la mise en scène sont d'une naïveté effarante, typique du cinéma amateur. Si ces caractéristiques fonctionnaient dans un film taillé dans le n'importe quoi convivial comme THE DOUBLE-D AVENGER, il faut bien avouer que le principe s'avère bien limité lorsque l'on se veut plus classique. Le problème majeur de ce nouveau film vient de là. Malgré quelques gags et un esprit décalé toujours conscient de ses moyens (voir la combinaison «ouvertement» caoutchouteuse de la créature amphibienne), Winckler se prend beaucoup trop au sérieux.

De ce fait, le spectateur pardonne moins un scénario qui patine avec des références milles fois vues auparavant, ou encore une interprétation pénible (Winckler en tête) incapable de faire fonctionner le moindre ressort narratif. Un constat fondamentalement dommage dans la mesure où il paraît indiscutable que Winckler est un homme sincère et passionné. Ce dernier respecte ses classiques (comme de reconstituer le jeu inoubliable d'Elsa Lanchester dans LA FIANCE DE FRANKENSTEIN), utilise une bande sonore remixant le thème original du FRANKENSTEIN de James Whale, fait justement apparaître le fantôme du Baron Frankenstein en garde-fou de certaines séquences, pense à son spectateur à l'oeil frisottant en faisant s'effeuiller quelques-unes de ses «comédiennes», et distribue même quelques caméos à Raven De La Croix, Ron Jeremy ou encore Lloyd Kauffman. De bonnes intentions qui ne sortiront pas le spectateur de sa torpeur, ce dernier voyant s'écouler ce FRANKENSTEIN VS. THE CREATURE FROM BLOOD COVE d'un oeil empathique mais fatigué.

Comme nous pouvons nous en douter, FRANKENSTEIN VS. THE CREATURE FROM BLOOD COVE nous arrive en DVD via un disque auto-produit. Tourné en vidéo plein cadre, le film possède deux bandes noires masquant le haut et le bas de l'image pour simuler un format cinéma. Une astuce bien connue des cinéastes en herbes qui donne ainsi au film cette image de faux 16/9. La piste audio est le mixage stéréo d'origine, de qualité très correcte.

Conformément à la précédente édition de son premier film, Winckler soigne sa section Bonus. L'homme nous gratifie ainsi d'un commentaire audio, accompagné par son chef opérateur et co-monteur Matthias Shubbert. Winckler passe la plupart de son temps à clamer sa flamme aux monstres de la Universal, et cite avec jubilation les nombreux clins d'oeil dissimulés tout au long du film. Mais les deux hommes se perdent bien vite en propos inutiles, de l'anecdote dont tout le monde se fiche («il faisait très froid ce jour là») au curriculum vitae de ses collaborateurs gentillement récité dans toutes les largeurs.

Pour une version plus digeste du commentaire, un Making Of d'une trentaine de minutes (re)donne abondamment la parole à Winckler et à son équipe. Articulé de manière linéaire (on passe de la conception, au casting, au tournage, et ainsi de suite), ce documentaire à la qualité de nous plonger dans la fabrication du film de manière synthétique. D'une qualité technique impeccable (ce qui n'est pas rien pour un Making Of auto-produit), on regrette juste la béatitude généralisée de l'équipe vis-à-vis du travail de chacun.

Un autre petit documentaire donne la parole à Mel Lewis, le compositeur du film. Quelques minutes agréables qui ont le mérite de faire s'exprimer un corps de métier souvent peu privilégié dans les bonus DVDs, surtout lorsque les films sont de tout petit budget. Le reste de la section est d'un intérêt plus limité avec les rushes des auditions des comédiens, des bouts de scènes coupées se limitant à une poignée de dialogues sans incidences, un court bêtisier nous arrachant il est vrai de bons sourires, ou encore ce module bien «redneck» où le comédien sous le maquillage de Frankenstein se voit offrir une danse sexy sur ses genoux.

Avec son duel Frankenstein contre la créature du lac noir sur un bout de plage déserte, FRANKENSTEIN VS. THE CREATURE FROM BLOOD COVE a des allures de VAN HELSING du (très) pauvre dans sa volonté de rendre pleinement hommage aux monstres de la Universal. Si les moyens de la série Z paraissent bien plus adaptés aux gros délires sans queue ni tête (voir THE DOUBLE-D AVENGER) qu'aux ambitions classiques d'un tel sujet, certains ne manqueront pas de trouver la démarche bien plus sincère qu'un blockbuster taillé pour tout écraser sur son passage.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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Série Z et classicisme, un cocktail soporifique !
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L'édition vidéo
FRANKENSTEIN VS THE CREATURE FROM BLOOD COVE DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Perplex
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de William Winckler
    • Making of (26mn14)
    • Making of de la musique (9mn42)
    • Scènes coupées (5mn02)
    • Bétisier (1mn34)
    • Auditions des comédiens (18mn59)
    • Tap dance special (0mn54)
    • Bande-annonce du film
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