A sa naissance, Ella se voit doter par une fée le don très particulier d'obéissance. Cela n'a rien à voir avec un cadeau du ciel puisque la pauvre se voit dès lors obligée d'exécuter tous les ordres ou suggestions qu'on peut lui faire sans qu'elle ne puisse faire autrement !
La littérature enfantine a toujours inspiré des adaptations cinématographiques mais ces dernières années la série des HARRY POTTER a suscité le lancement d'autres transpositions de livres, essentiellement basé sur des univers fantastiques, vers le grand écran. ELLA AU PAYS ENCHANTE est donc la version cinéma de Ella l'Ensorcelée publié en 1998 et dont l'auteur, Gail Carson Levine, s'est grandement spécialisée dans les contes de fée décalés tirant ses sources dans les classiques du genre.
ELLA AU PAYS ENCHANTE n'a que peu de points communs avec HARRY POTTER de par son ambiance volontairement comique et il serait plus facile de le rapprocher, comme le fait l'une des accroches sur la jaquette, de SHREK. Pas faux mais, en même temps, le jeu avec les clichés des contes de fées et une confrontation avec la réalité pas toujours en adéquation n'ont pas été inventés par l'ogre vert. William Goldman s'amusait déjà des contes de fée avec une infinie tendresse dans son livre THE PRINCESS BRIDE réalisé pour le cinéma par Rob Reiner une bonne dizaine d'années plus tard en 1987. Mais on pourrait encore citer le barré et plus orienté adulte ELLE VOIT DES NAINS PARTOUT, pièce de café théâtre devenu aussi un film sous la houlette de Jean-Claude Sussfeld. ELLA AU PAYS ENCHANTE est quelques part entre les deux mais reste volontairement dans les eaux du spectacle purement familial.
En utilisant des pans entiers des contes le plus connus, ELLA AU PAYS ENCHANTE réussit en tout cas à tisser un patchwork relativement plaisant et amusant. Ainsi, il est impossible de ne pas citer La Belle au Bois Dormant et surtout Cendrillon auquel l'histoire fait de nombreux emprunts ou références (Ella obligée de voler une pantoufle de vert, la belle-mère et ses deux filles, l'invitation au bal…). Le film joue à fond dans le registre de la comédie de situations ce qui n'en fait pas un métrage d'une grande subtilité. Ainsi, quelques ficelles sont réutilisées à plusieurs reprises, jouant d'une certaine facilité, plutôt que d'essayer de développer plus finement les possibilités offertes. En faisant preuve d'un peu d'indulgence, les gags les plus gros (les moins inspirés ?) passent finalement assez bien et le récit se déroule agréablement tout du long.
Dans l'univers d'ELLA AU PAYS ENCHANTE, les images d'Epinal en prennent pour leur grade ne serait-ce que dans la présentation des différentes races féeriques (les elfes obligatoirement joyeux, les géants forcément violents…) ou encore la transposition de notre société à cet environnement merveilleux (les jeunes filles se pâment devant les photos des princes charmants dans la presse adolescente, l'héroïne fait de la revendication politique, les problèmes de logements de fées…). Le tout étant bien entendu traité avec plus ou moins de légèreté et sans jamais essayer d'aller au-delà de son objectif de distraction élémentaire. Si l'on n'en demande pas trop, ELLA AU PAYS ENCHANTE remplit cet objectif à savoir de nous amuser et titiller un vague romantisme rose bonbon. Ce qui n'est déjà pas si mal !
Pour donner corps aux personnages, on trouve la jeune et charmante Anne Hathaway dans le rôle principal, celle-ci se permet d'ailleurs de chanter réellement un tube repris dans l'un des numéros musicaux du film, mais aussi pas mal d'acteurs plus ou moins renommés. Le narrateur médiéval prend la mine joviale d'Eric Idle (ancien des Monty Python auquel le film se permet de faire quelques petites répliques référentielles), le paternel d'Ella s'offre la tête Patrick Bergin (un rôle plus enviable à tout ce que l'on avait pu voir avec lui dernièrement), Joanna Lumley campe une belle-mère haïssable, Minnie Driver essaye vainement de lancer des sorts magiques réussis, Vivica Fox incarne une pétasse détestable et Cary Elwes singe le Prince Jean avec son serpent que l'on croirait directement hérité du ROBIN DES BOIS de Walt Disney. En somme, rien de très sérieux pour un casting hétéroclite.
TF1 Vidéo offre à ELLA AU PAYS ENCHANTE un transfert au format cinéma et en 16/9 honorable. L'image offre une définition de bon niveau et met bien en valeur la photographie colorée du film. On ne trouvera à redire que sur quelques soucis de compression particulièrement dans les arrières plans pas toujours d'une grande finesse. Les pistes sonores en Dolby Digital 5.1 sont, elles aussi, d'un bon niveau avec des effets stéréo arrières fort sympathiques et un bon dynamisme d'ensemble. Le visionnage en famille se fera certainement avec le doublage français mais un sous-titrage français sur la version anglaise permettra à ceux qui préfèrent les voix originales de comprendre le film sans encombre quel que soit leur niveau dans cette langue.
Des scènes coupées sont disponibles en nombre sur le DVD en suppléments. La plupart sont en réalité des versions allongées de scènes présentes dans le montage final et donnant parfois quelques éclaircissements sur certains des événements vus dans le film. Pour autant, aucune de ces séquences n'est réellement primordiale même si l'on peux y retrouver une amusante séquence maléfique avec Cary Elwes ou encore des apparitions retirées du film d'Eric Idle.
Dans le genre «coupé», pour d'autres raisons, on trouve aussi un clip offrant une sélection de séquences plantées plus ou moins amusantes comme c'est souvent le cas dans les bêtisiers. Une petite vidéo bien moins familiale dans son humour, en tout cas, que ne peut l'être ELLA AU PAYS ENCHANTE. Si l'on excepte un lien vers le site de TF1 Vidéo, il n'y a rien d'autre parmi les suppléments où l'on ne retrouvera donc pas le Making Of, ni même le commentaire audio, présent sur le disque édité par Miramax aux Etats-Unis. Il est probable que TF1 Vidéo a du juger qu'un tel film, à destination d'un large public, n'avait pas besoin de suppléments plus pointus sur sa création.
Reste que même si ELLA AU PAYS ENCHANTE est un spectacle familial plutôt enjoué, à défaut d'être bien réalisé, son prix de vente (annoncé pour sa sortie) le met au même niveau que des productions largement plus prestigieuses. Une constatation pécuniaire importante dans le sens où il ne s'agit en rien d'un produit pointu mais bel et bien d'un métrage à consommation rapide pour toute la famille lors des fêtes de fin d'années.