En 2001, l'éditeur américain A&E fut l'un des premiers à sortir la série COSMOS 1999 en DVD. Mais certains problèmes techniques plombaient les premiers volumes sortis, centrés sur la saison 1, et l'absence de bonus fut nettement critiquée. Lors de la sortie d'un coffret réunissant l'ensemble des deux saisons à la fin de l'année 2002, un disque de bonus fut ajouté, d'abord en exclusivité pour la chaîne de magasins Best Buy, puis disponible à l'unité sur le site internet de l'éditeur, mais uniquement à destination des résidents américains et canadiens.
De par sa distribution ultra limitée, ce DVD de bonus est donc aujourd'hui très difficile à obtenir à partir du continent européen. Pourtant il offre trois épisodes de la première saison avec de nouveaux masters (Un autre royaume de la mort, Le Domaine du Dragon, Le Testament d'Arkadie) et il inclut surtout trois commentaires audio inédits.
Le premier commentaire audio est proposé sur l'épisode Un autre royaume de la mort, avec derrière le micro, Scott Michael Bosco, consultant pour l'éditeur A&E sur cette édition et que l'on avait déjà entendu sur le DVD Zone 1 de SUPERGIRL aux côtés du réalisateur Jeannot Szwarc. S'il commence par parler de l'épisode qui défile sous ses yeux, il dérive rapidement sur des considérations plus générales autour de la série. Après un rappel des précédentes et décevantes éditions vidéo de la série sur le territoire américain, il dresse un état des lieux de la science-fiction sur le petit écran, uniquement couronnée de succès à l'époque, quand elle est traitée sur le ton de l'humour. Il part ensuite dans un long parallèle entre STAR TREK : THE MOTION PICTURE (1979) et COSMOS 1999, ce dernier étant pour notre hôte une large source d'inspiration pour le film de Robert Wise, au niveau des décors, des costumes mais également de l'intrigue, qui ressemble beaucoup à celle de l'épisode L'Anneau de la lune. Un commentaire audio sans réel intérêt et qui flatte surtout l'ego de son auteur, autoproclamé spécialiste mondial de la série.
Le commentaire audio de Sylvia Anderson sur Le Testament d'Arkadie (dernier épisode de la saison 1) est par contre, un événement, doublé d'une rareté. Pas uniquement à cause de la distribution limitée de ce présent DVD mais parce que Sylvia Anderson, productrice de la série avec son mari à l'époque, Gerry Anderson, n'a plus droit à la parole lorsqu'il s'agit des séries produites pour la firme ITC (Thunderbirds, UFO, etc…). Gerry Anderson minimise depuis de nombreuses années le rôle pourtant prépondérant de son ex-femme dans les interviews, livres et documentaires sur sa carrière, où son nom n'est presque jamais mentionné. C'est d'autant plus dommage que son commentaire déborde d'anecdotes sur la création et le tournage de la série. Elle y évoque la plupart de ses collaborateurs de l'époque, dont le responsable des effets spéciaux Brian Johnson qui travailla avec elle sur l'ensemble de ses séries, à part une infidélité le temps de travailler avec Stanley Kubrick sur 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE. Sylvia Anderson raconte d'ailleurs son presque déjeuner avec Kubrick aux studios de Pinewood.
Mais surtout elle y raconte la recherche du casting principal lors d'un séjour à Hollywood.
«J'ai rencontré Robert Culp, déjà connu pour la série LES ESPIONS, que je pensais idéal pour le rôle du Commandant Koenig.
Lorsqu'il est apparu, il m'a dit tout de suite :
- «Je suis un excellent acteur, mais je suis encore meilleur scénariste et réalisateur.»
- «Et vous êtes aussi très modeste !» lui ai-je répondu.
Mais toute cette arrogance, cette attitude me semblait néanmoins un avantage, pour donner une certaine prestance à Koenig.
J'étais donc toujours partante pour Robert Culp, mais j'ai reçu un coup de fil de Lew Grade, le patron d'ITC m'informant de rencontrer le couple Landau / Bain de MISSION : IMPOSSIBLE.»
Elle évoque également une partie peu connue de la production de la série, à savoir la coproduction avec la RAI en Italie, et donc l'obligation d'utiliser des acteurs et des techniciens italiens.
«Je suis partie à Rome avec le directeur de casting et nous avons rencontrés de nombreux jeunes acteurs susceptibles de partager la vedette avec Martin Landau à l'écran. (…). Lorsque des essais furent organisés à Londres avec trois ou quatre acteurs, Martin Landau prit ombrage de ce changement d'orientation et nous dûmes abandonner cette idée. Ce qui ne nous empêcha pas d'avoir de nombreuses guests-stars italiennes dans les épisodes, notamment Giancarlo Prete dans l'épisode 19 (En désarroi), que j'avais envisagé au départ pour faire équipe avec Martin Landau.»
Enfin, elle raconte les nombreux problèmes rencontrés avec les différents réalisateurs tels que Charles Crichton ou Lee H. Katzin, ce dernier ayant dépassé le planning de tournage de quinze jours sur l'épisode-pilote A la dérive. Le montage initial de cet épisode approchant les deux heures, il fut ramené à 50 minutes.
Le dernier commentaire audio donne la parole à deux scénaristes, Christopher Penfold et Johnny Byrne sur l'épisode Le Domaine du Dragon, toujours sur la saison 1. Malheureusement, ces trois commentaires audio sont très mal mixés avec la bande son des épisodes, cette dernière étant bien trop envahissante, ne permettant pas toujours de bien comprendre les propos des intervenants.
Le reste des bonus se compose du court-métrage épilogue Message from Moonbase Alpha, proposé ici pour la première fois avec le mixage sonore original (musique et effets sonores), la version présente sur le DVD de TF1 Vidéo n'incluant pas la musique pour des problèmes de droits.
On trouve également une interview du chef décorateur Keith Wilson sur le tournage de la seconde saison (également présente sur le DVD de TF1 Video), un montage alternatif d'une scène de Collision Inévitable sans grand intérêt et une galerie de photos dont plusieurs concernent des scènes coupées de la saison 2.
Avec la sortie en novembre prochain d'une nouvelle édition de la saison 1 en Angleterre, avec de nouveaux masters tirés des négatifs 35mm et la reprise des deux principaux commentaires audios enregistrés par A&E (avec un meilleur mixage ?), le présent DVD va évidemment perdre de sa valeur, d'autant plus que l'épilogue Message from Moonbase Alpha est désormais présent dans son intégralité sur un DVD édité par le fan club de Gerry Anderson, Fanderson.
En attendant, il aura permis d'entendre le point de vue de Sylvia Anderson, chose rare de nos jours.