Robert Kurtzman, les amateurs de cinéma fantastique le connaissent avant tout comme le "K" de la compagnie KNB EFX, spécialisée dans les effets spéciaux et fondée avec Howard Berger et Gregory Nicotero. Dans ce domaine, il suit un parcours sans faute, côtoyant des références telles que Wes Craven (LE SOUS-SOL DE LA PEUR), Sam Raimi (EVIL DEAD 2) ou John Carpenter (L'ANTRE DE LA FOLIE). Au milieu des années 1990, il se lance dans l'aventure de la réalisation et tourne une toute petite production de science-fiction baptisée DEMOLIONIST (titre vidéo).
D'autre part, les producteurs Pierre David (ancien collaborateur de David Cronenberg) et Clark Peterson envisagent de monter un film mettant en vedette un mauvais génie. Ils commanditent un scénario sur ce sujet à Peter Atkins, qui a écrit plusieurs épisodes de la série HELLRAISER. Finalement, Robert Kurtzman se voit contacté pour s'occuper de la mise en scène tandis que Wes Craven "parraine" l'ensemble. Son rôle se limite en fait à celui d'un consultant.
La distribution de WISHMASTER réunit un nombre impressionnant de sommités de la terreur. Angus Scrimm (le "Tall Man" de PHANTASM) fait office de voix off au cours du prologue, Reggie Bannister (encore PHANTASM) incarne un pharmacien irascible. Ted Raimi (frère de Sam, vu notamment dans DARKMAN) périt écrasé sous une statue antique, statue importée par un collectionneur qu'interprète Robert Englund (LES GRIFFES DE LA NUIT). Tony Todd (CANDYMAN) et Kane Hodder (Jason dans les volets VII à X de VENDREDI 13) campent des agents de sécurité peu commodes.
Pour interpréter le "Wishmaster", Robert Kurtzman choisit Andrew Divoff, comédien déjà apparu dans de nombreuses productions fantastiques (LA CREATURE DU CIMETIERE, XTRO III…). Le réalisateur l'a repéré pour son interprétation d'un terroriste dans L'ECOLE DES HEROS, un film d'action de Daniel Petrie Jr..
Alexandra Amberson, employée dans un laboratoire évaluant la valeur de pierres précieuses, étudie une étrange pierre rouge. En la manipulant, elle libère une entité surnaturelle qui y était enfermée depuis des siècles : il s'agit d'un djinn aux pouvoirs surpuissants, capables d'exaucer tous les voeux qui lui sont soumis. Toutefois, il s'agit d'une créature maléfique et, s'il exauce trois souhaits émis par la personne l'ayant libéré, il pourra ouvrir les portes de l'au-delà, libérant une armée de djinns capable d'exterminer l'humanité…
Au milieu des années 1990, le slasher tend à devenir moribond. Le succès commercial rencontré par les aventures de ses principales icônes s'amenuise, quand bien même elles s'appellent Michael Myers, Jason ou Freddy Krueger. Pourtant, en 1996, le succès surprise de SCREAM relance le genre avec force, provoquant une vague d'imitations (URBAN LEGENDS, SOUVIENS TOI… L'ETE DERNIER…) mêlant horreur et intrigues policières plutôt réalistes. Parallèlement, les imitations plus ou moins farfelues de Freddy fleurissent sur les écrans au cours de la décennie : le CANDYMAN, le LEPRECHAUN (titre vidéo) et autres UNCLE SAM (titre vidéo) sont autant de créatures fantastiques dont les méfaits sont avant tout prétextes à des démonstrations d'effets spéciaux.
WISHMASTER, bien qu'il soit sorti après SCREAM, s'inscrit dans cette seconde tendance. Il s'agit d'un personnage d'essence purement fantastique dont l'identité n'est en aucun cas un mystère. Son objectif va donc être de parvenir à faire formuler trois voeux à Alexandra, afin que son espèce puisse éradiquer et remplacer l'humanité. Au cours de son périple, il croise plusieurs humains qu'il détruit en exauçant aussi leurs voeux. Par exemple, ayant adopté une apparence humaine, il charme une jeune femme et lui affirme que, si elle souhaite devenir belle pour toujours, il suffit qu'elle le lui demande. Comme elle formule ce souhait, il la transforme en une superbe… statue de cire !
La principale raison d'être de ce WISHMASTER, il faut la chercher dans ses effets spéciaux. Entre le prologue délirant, qui nous montre un palais de 1001 nuits ravagé par les méfaits du djinn, et le final où le démon se déchaîne dans une luxueuse villa, Robert Kurtzman nous offre un festival de trucages inventifs, souvent gore, multipliant les trouvailles insolites. Un squelette sort du corps d'un personnage. Un homme se fait décapiter par les cordes d'un piano soudainement animées d'une vie propre, des statues s'attaquent à des garde du corps…
Malheureusement, WISHMASTER tient difficilement la route sur toute sa longueur. La faute en incombe essentiellement à un scénario extrêmement prévisible et meublé de façon discutable. Plutôt que de se dépêcher de retrouver Alexandra, le Wishmaster passe la plupart du film à récolter des âmes sans qu'on sache trop pourquoi. L'ennui s'installe doucement et ce film, certes généreux dans l'horreur, paraît trop pauvre en matière d'originalité et de surprises…
WISHMASTER sort donc en 1997, y compris dans les salles françaises. Toute la promotion met alors en avant le seul nom de Wes Craven, celui-ci ayant vu sa carrière relancée par le succès de SCREAM. En France, WISHMASTER sort en DVD à deux occasions. D'abord en 1999 chez Film Office, dans un DVD de qualité correcte. Puis, en 2002, une "édition spéciale" un peu plus complète est distribuée par TF1 Vidéo. C'est celle-ci qui est testée ici…
La copie de WISHMASTER dont nous disposons adopte son format de projection original 1.85, dans un télécinéma 16/9. Si la définition et les contrastes sont loin d'être parfaits, la compression reste correcte, permettant à ce film d'être proposé dans des conditions plutôt honnêtes.
La seule véritable différence entre la première édition française et celle-ci concerne ses bandes sons. En plus des traditionnelles pistes française et anglaise en Dolby Digital 5.1, le disque de TF1 nous offre les mêmes, mais en DTS. Certes, les mixages sont loin d'être extraordinaires, mais le DTS apporte un supplément de définition et de naturel bienvenu, restituant plus fidèlement les sensations sonores d'une projection en salles. Un sous-titrage français inamovible accompagne les versions anglaises.
En supplément, il faut se contenter d'une bande-annonce française, d'un teaser anglophone d'une trentaine de secondes et d'une petite featurette promotionnelle de cinq minutes, réunissant des interviews de Robert Kurtzman, Wes Craven ou Robert Englund.
Bref, cela ne fait pas lourd si on les compare à l'interactivité du disque américain, lequel offre un documentaire d'une trentaine de minutes ainsi qu'un commentaire audio de Kurtzman accompagné par Greg Nicotero et Peter Atkins… Toutefois, contrairement au DVD de TF1, ce disque zone 1 ne contient aucune option linguistique francophone.