Un laboratoire a secrètement mis au point une machine ayant le don de ranimer les morts. Son directeur utilise cette invention pour renflouer ses caisses en constituant une équipe de malfrats (re)venus d'outre-tombe pour enchaîner les cambriolages. Tandis que la police est en pleine déroute, les inspecteurs Doug Bigelow et Roger Mortis parviennent à remonter le fil de l'intrigue. Malheureusement, Roger se fait tuer entre les murs du laboratoire, et Doug n'a pas assez de preuves pour faire éclater au grand jour cette machination. Qu'à cela ne tienne, Doug décide de faire revenir Roger d'entre les morts grâce à la machine, afin que le duo termine leur enquête.
Daté de 1987, FLIC OU ZOMBIE est un parfait spécimen de série B fantastique old school, qui sent bon la mousse de latex à peine sortie du four. Un genre de film où les véritables stars étaient les maquilleurs prosthétiques dont le travail justifiait bien souvent à lui seul la vision des métrages. Le film est signé par Mark Goldblatt, un monteur de formation, qui signe ici son premier long-métrage après avoir dirigé la seconde équipe du ROBOCOP de Paul Verhoeven. Il enchaînera avec l'adaptation de la bande dessinée PUNISHER avec Dolph Lundgren. Le film sera un échec et sonnera le glas de sa carrière de cinéaste (à noter que PUNISHER a été réadapté récemment par Jonathan Hensleigh, pour un résultat au moins aussi médiocre). Depuis Goldblatt a réintégré sa table de montage et enchaîne principalement les gros films, du James Cameron (TERMINATOR 2, TRUE LIES), du Verhoeven (SHOWGIRLS, STARSHIP TROOPERS), en passant par les productions Bruckheimer telle que ARMAGEDDON ou PEARL HARBOR de Michael Bay.
Avant d'être un film d'horreur, FLIC OU ZOMBIE est un buddy movie, un film mettant en scène un tandem de héros soit la plupart du temps un flic et son coéquipier. Si toutes les combinaisons les plus incongrues ont été bien essorées par la production de l'époque (Tom Hanks fait équipe avec un bouledogue dans TURNER & HOOCH de Roger Spottiswoode pendant que James Belushi s'occupe d'un berger allemand dans CHIEN DE FLIC, un policier US qui fait équipe avec son homonyme soviétique dans DOUBLE DETENTE de Walter Hill ou avec un extraterrestre dans FUTUR IMMEDIAT), il manquait encore à l'appel le duo entre un flic et un mort-vivant ! Dans le rôle du héros qui revient d'entre les morts (et qui répond au nom clin d'œil de Roger Mortis), nous retrouvons Treat Williams, un second couteau qui navigue principalement depuis entre télévision et toutes petites séries B. Dans la peau de son débonnaire acolyte, Joe Piscopo continue sa timide carrière au cinéma après avoir fait ses armes dans l'émission comique Saturday Night Live (d'où sont sortis les frères Belushi ou encore Eddie Murphy). En gage de qualité envers les fans de fantastique, Vincent Price complète la distribution avec un temps d'apparition certes limitée.
Revoir aujourd'hui FLIC OU ZOMBIE revient à se replonger dans la cool attitude du polar ensoleillé made in L.A., où les policiers passent la plupart de leur temps à se goinfrer de hot dogs dans leurs décapotables de fonction plutôt qu'à se taper des rapports enfermés dans leurs bureaux. Le film est totalement dévoué à cette imagerie fantasmée de la police californienne, et ce n'est pas les nombreuses vannes de Doug / Joe Piscopo qui vont réussir à tendre l'atmosphère. Lorsque Roger se voit transformer en mort-vivant, avec un temps de survie limité à quelques heures car son corps se met à pourrir, le film refuse d'utiliser pour autant la corde dramatique pour laisser de nouveau place nette aux bonnes blagues (comme cette séquence où Roger, pour contrer la pâleur de son visage, se maquille maladroitement avec des produits de beauté sous les amusements de son équipier). A peine aurons nous droit à quelques scènes un peu plus noires (avec le triste destin de certains personnages secondaires), séquences vite éclipsées par le rythme plutôt serré de l'ensemble.
En bon film de pure distraction, FLIC OU ZOMBIE se montre généreux en scènes d'action (pour convaincre les fans de buddy movie) ainsi qu'en monstres et effets spéciaux de maquillage (pour les fans de fantastique). Signés par l'équipe de Steve Johnson, ces derniers sont craspecs sans être pour autant véritablement réalistes ou choquants. Les visages des zombies sont même franchement fantaisistes par rapport au travail de Tom Savini sur LE JOUR DES MORTS-VIVANTS de Georges Romero (pour donner un exemple de référence pour l'époque). Par contre, le film mise sur de nombreux morceaux de bravoure en latex, de la décomposition subite d'une jeune femme, au pourrissement spectaculaire de Roger, sans oublier LA grande scène du film, celle qui justifie à elle seule la vision de FLIC OU ZOMBIE : un traiteur chinois lance le processus de réanimation dans sa cuisine, laissant nos héros se débattre avec un porc laqué, des canards déplumés, du foie de veau, et même une carcasse de bœuf (dommage qu'il n'y ait plus de nems !).
FLIC OU ZOMBIE est donc un bon petit film, totalement désuet certes, mais au charme bien réel. Bien entendu, ce dernier n'apporte rien de vraiment nouveau au genre, l'humour n'est pas du plus léger, le mulet de Joe Piscopo fera s'esclaffer bon nombre d'entre vous, et la réalisation n'est guère plus inspirée qu'un quelconque téléfilm. En revanche, le rythme est soutenu, les comédiens sont très sympathiques, et l'on se laisse prendre au jeu sans aucune résistance.
Derrières les blagues de potaches, on appréciera également que le film ne soit pas toujours tendre avec ses personnages principaux (ça fini pas forcément bien pour tout le monde), et profite de la figure du mort-vivant pour y aller franco dans l'action débridée (comme ce duel entre Roger et un zombie ou chacun se vide un chargeur entier de mitrailleuse dans le corps sans sourcilier). En bref, des prothèses, des vannes, de la basse 80's qui claque des cordes, des gunfights et le soleil Californien, il n'en faut pas forcément plus pour passer un bon moment régressif.
FLIC OU ZOMBIE est disponible en France dans une édition «hard discount». Si le prix est absolument ridicule, le traitement réservé au disque est proportionnellement minimal. L'image, quand bien même de qualité correcte, est au ratio 4/3 et ne respecte pas le format original du film (tourné en 1.85:1). Le son est un stéréo basique mais propre. Bonne nouvelle cependant, le disque propose le doublage français mais aussi la version originale. Aucun bonus n'est bien entendu à signaler. Reste une jaquette très peu engageante, avec dans son verso des images spoilant certain ressorts du film ou bien tirées de scènes coupées que vous ne verrez pas sur le disque.
Dommage que FLIC OU ZOMBIE doive se satisfaire de cette édition de fond de bac à soldes, d'autant que le film sert déjà de fond de catalogue pour les chaînes câblées. Un traitement peu honorable pour cette très sympathique série B, d'autant qu'un disque américain de grande qualité était déjà sur le marché. Bourré de bonus, ce dernier contient entre autres des scènes coupées, de quoi élucider pour de bon le visuel le plus connu de FLIC OU ZOMBIE, représentant Joe Piscopo en zombie baveux, image n'apparaissant jamais dans le film.