Header Critique : SARS WARS

Critique du film et du DVD Zone 3
SARS WARS 2004

 

Un groupe de mafieux kidnappe la fille d'un riche entrepreneur afin de demander une rançon exorbitante. L'homme demande de l'aide à son ami maître en arts martiaux. Ce dernier étant à la retraite, il charge son jeune disciple d'aller secourir la jeune fille. Pendant ce temps, un virus ayant la particularité de transformer le badaud en zombie s'infiltre dans le pays.

Le Sars (ou Sras chez nous) est un virus de pneumonie infectieuse qui fit son apparition en février 2003 dans un hôpital d'Hanoi au Vietnam. Très vite, l'épidémie touche fortement Hong Kong et la Chine, puis Singapour et Toronto. Si la propagation du virus fini par être maîtrisée seulement quelques mois plus tard, tout un pan de l'Asie reste profondément choqué par cette nouvelle maladie. A Hong Kong, l'industrie cinématographique met rapidement en chantier de nombreuses productions autour de la terrible épidémie, majoritairement à vocation documentaire ou préventive. On retient ainsi la collection 1:99, une compilation de très courts métrages réalisés entre autres par Tsui Hark, Stephen Chow, Johnny To ou Fruit Chan, dont les bénéfices sont reversés aux victimes du Sras.

Le thaïlandais Taweewat Wantha, n'a, quant à lui, que faire de ces hommages douloureux car cette vague de contamination lui donne l'idée d'un film de zombies comico-gore. Déjà auteur d'un court-métrage réputé délirant, Wantha signe avec SARS WARS son premier long-métrage. Le budget est plutôt conséquent pour une production locale, et nous retrouvons même quelques têtes connues (dont le premier rôle Supakorn Kitsuwon qui endossait une défroque de méchant dans LES LARMES DU TIGRE NOIR).

L'ambition de SARS WARS est d'être un joyeux mélange de genres dont le liant serait le n'importe quoi ! Prenant appui sur les films de morts-vivants nouvelles générations (avec des références à RESIDENT EVIL, la version cinéma avec une invasion spectaculaire de Swats, mais aussi le jeu vidéo avec un serpent géant en synthèse), et sous des airs de polar cool et second degré (avec ses mafieux version pieds nickelés), SARS WARS est plus franchement une comédie où parodie et slapstick s'alternent en permanence. A l'intérieur de ce parti pris, les influences se montrent extrêmement variées. Le film intègre des séquences animées aux styles graphiques différents, prodigue moult clins d'oeil aux productions occidentales de STAR WARS à MATRIX (avec, comme de bien entendu, un travelling « bullet time » maison) en passant par MAD MAX, TREMORS ou encore la série des DEMONS de Lamberto Bava, et s'amuse même des codes du cinéma de Hong Kong, du wu-xia pian aux sexy-comedy de la Category 3. Soit un métissage tout azimut comme en témoigne la jeune héroïne du film, thaïlandaise d'origine chinoise, qui passe le film habillée en écolière japonaise.

Rayon humour, le spectre est là aussi très large bien que laissant la part belle à l'inspiration locale (attention, ce n'est pas toujours très léger). Nous aurons droit à du gore pas bien sérieux (avec ce zombie que l'on attaque à coup de fer à repasser), du délire saugrenu (la prise d'otage mené par un malfrat engaussé dans un costume d'ours en peluche), à la parodie pure et simple (les codes du cinéma d'action américain en prennent un coup), en passant bien évidemment par des figures maisons bien particulières (avec notamment un personnage de transsexuel, grand classique du cinéma comique thaï).

Si SARS WARS est une heureuse surprise, c'est avant tout parce qu'il ne prend pas de recul avec le fantastique qui lui sert de contexte. Le film est gore, très gore même, et l'humour qui y est apposé ne vient jamais ridiculiser les évènements en créant un quelconque second degré. SARS WARS est une comédie d'horreur qui s'assume totalement. La première demi-heure est donc assez respectueuse des règles du genre, de l'apparition du premier infecté (nous fermerons gentiment les yeux sur le fait qu'il s'agit, par le plus grand des hasards, d'un occidental) au retranchement des héros dans un lieu clos, ici un building, pour une mécanique de survival qui n'a pas tellement évolué depuis les classiques de Romero.

Passé un premier tiers parfaitement équilibré entre horreur et comédie, SARS WARS va ensuite considérablement se réorienter vers l'humour en se recentrant sur son quatuor de personnages principaux : le valeureux héros, la jolie donzelle à sauver, le vieux maître venu donner un coup de main à son jeune disciple, ainsi qu'une scientifique hyper sexy censée tester un antidote sur les malheureux zombies. SARS WARS tourne alors au vaudeville souvent graveleux (voir l'étonnant coup de foudre entre le maître et la scientifique), et le film n'hésite pas une seconde à geler son intrigue pour une bonne vanne.

On pense également au final où, tandis que l'immeuble va exploser dans quelques minutes, le couple de jeunes héros décide de perdre ensemble leur virginité via une séquence qui n'a rien à envier à la furie de la scène d'amour du fumeux CHINESE TORTURE CHAMBER, l'érotisme en moins. Si le principe nous fait souvent rire, il faut bien avouer que la narration principale perd totalement le fil des évènements, les personnages s'adressant littéralement à nous pour s'excuser du n'importe quoi du scénario.

C'est aussi la limite de SARS WARS. A vouloir jouer le délire à tout prix, le film s'engausse dans un cercle vicieux parodique et finit par abandonner en cours de route son mélange de genres pourtant réussi pour se focaliser uniquement sur sa lecture comique, rapprochant ainsi le film d'efforts tels que LA CITE DE LA PEUR (l'essai cinéma du groupe comique Les Nuls). Reste une joyeuse avalanche de gags faisant souvent mouche, du sabre laser qui marche à pile au bébé zombie gaffeur, faisant de SARS WARS un spectacle sans grandes prétentions et se dégustant avant tout sur l'instant.

SARS WARS est, en ce moment (début 2005), le DVD thaïlandais qui s'arrache le plus de part le monde. Et pour cause, c'est le seul moyen pour l'instant de profiter du film, et qui plus est dans une édition soignée (le digipack gauffré est luxueux), à petit prix et avec des sous-titres anglais. L'image, au format et anamorphosée pour le 16/9, n'est cependant pas d'une qualité irréprochable. La faute à un étalonnage douteux qui tire plus que de raison dans les tons verdâtres, ainsi qu'à un grain très prononcé. Au niveau des pistes sonores par contre, rien à redire sur l'efficacité de ces dernières.

L'édition se pare même de nombreux bonus (making of, clips vidéos, bandes-annonces), mais l'absence de sous-titrages limite considérablement leur intérêt faute de possibilité de compréhension. Un regret d'autant plus amer au vu des neufs scènes coupées également proposées, et qui auraient méritées que l'on en profite plus pleinement.

Comédie trash avec des morts-vivants, du gore, du sabre, de l'animation, du gag et une héroïne sino-thaï habillée en petite écolière nippone, SARS WARS alimente en ce moment même un buzz attirant la curiosité de nombreux cinéphiles alternatifs. Une réputation qui s'est taillée spontanément, grâce à des spectateurs enchantés par la découverte "accidentelle" de ce film sorti de nulle part, mais qui risque de décevoir les amateurs pensants découvrir un nouvel opus branque du niveau d'un BRAINDEAD ou plus récemment d'un SHAUN OF THE DEAD. SARS WARS est juste un bon gros délire qui réussit à nous faire passer un très bon moment, ni plus ni moins.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
49 ans
1 news
287 critiques Film & Vidéo
On aime
De l'humour, du gore et des zombies !
Une édition soignée et au prix attractif
On n'aime pas
Un film trop exclusivement comique dans sa seconde moitié
Pas de sous-titres sur les bonus
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L'édition vidéo
SARS WARS DVD Zone 3 (Thailand)
Editeur
Mang Pong
Support
DVD (Double couche)
Origine
Thailand (Zone 3)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.85 (16/9)
Audio
Thai Dolby Digital 5.1
Thai Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Making of (6mn29)
    • 9 scènes coupées
    • Bandes-annonces
    • 2 clips vidéos
    Menus
    Menu 1 : SARS WARS
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