Après un vol, des malfrats sont pris en chasse par la police. La poursuite se conclut par un accident où l'un des malfrats perd un doigt qui échoue dans une sorte de bijou qui ressemble à une boîte à maquillage. Cet événement va initier la résurrection de la reine noire. Dans le même temps, à Los Angeles, Suzy arrive à fuir son petit copain qui essaye de la violer. Elle prend le premier avion pour rejoindre sa sœur qui est mannequin en Indonésie…
Après avoir sorti LADY TERMINATOR, Mondo Macabro nous propose un nouveau film indonésien qui s'avère de plus du même réalisateur. Car si le film est signé par John Miller, c'est bel et bien H. Tjut Djalil qui orchestre cette nouvelle variation sur le thème du folklore indonésien passé à la moulinette américaine. D'ailleurs, le réalisateur ne s'en cache pas et explique que DANGEROUS SEDUCTRESS, tout comme LADY TERMINATOR, est un film qui avait dès le départ des vues quant à une distribution internationale. C'est d'ailleurs pourquoi le film a été tourné en version anglaise et qu'un coach apparaît au générique pour les dialogues. Dès qu'il s'agit des acteurs principaux, certains étant de toutes façons anglophones, cela ne pose pas de problème mais pour les seconds rôles, on s'aperçoit que l'élocution anglaise leur pose quelques soucis. Mais après tout, cela n'a rien de gênant puisque l'action du film se déroule en grande partie en Indonésie !
LADY TERMINATOR fonçait à toute allure entre séquences délirantes et fusillades au-delà des limites du bon sens. Son emballage n'était pas toujours d'un grand sérieux mais cette généreuse profusion d'action avait au moins le mérite de combler un récit trop américanisé. DANGEROUS SEDUCTRESS ne prend pas la même voie puisqu'il ne s'agit pas d'un film d'action. Si LADY TERMINATOR suivait les traces du film de James Cameron qu'il n'est pas la peine de citer, DANGEROUS SEDUCTRESS lorgne plutôt vers le film d'horreur et suit plus particulièrement pas mal d'idées développées dans HELLRAISER de Clive Barker. La résurrection de la Reine noire n'est pas sans évoquer le retour à la vie de l'Oncle Frank alors que Suzy, comme Julia dans HELLRAISER, doit attirer avec ces charmes des hommes pour amener le sang nécessaire à terminer une transformation. L'issue du film lorgne même du côté de POLTERGEIST ou alors une mort violente n'est pas sans évoquer celle du professeur sous la douche dans LA REVANCHE DE FREDDY. H. Tjut Djalil pond donc ici encore un film très influencé par le cinéma américain et l'argument purement folklorique est encore plus transparent que celui de LADY TERMINATOR. Ainsi, on notera bien une Reine noire en costume plus ou moins traditionnelle ou ses apparitions sous forme de simple tête volante ce qui n'apporte en réalité rien du tout à l'histoire.
L'exotisme de DANGEROUS SEDUCTRESS n'est pas vraiment à trouver dans le folklore fantastique indonésien. Et même si le récit s'inscrit dans un décor purement indonésien, il faut préciser que les grandes villes du pays n'ont pas de grandes différences avec celles d'autres pays. Reste donc les seconds rôles bien typés qui apportent un côté « autre » à DANGEROUS SEDUCTRESS. Cela s'avère franchement bien peu puisque le film se traîne en longueurs et pour une séquence horrifique, il faudra s'enfiler des scènes de boîtes de nuit ou de bars où notre héroïne s'essaye à la séduction en dansant sur du disco ou en bougeant tant bien que mal son corps. N'oublions pas non plus les passionnantes séances photos de la sœur partie poser pour des maillots de bains à Bali avec une musique tendance… à l'époque !
La seule idée vraiment surprenante n'est à vrai dire que bien peu exploitée. Plutôt que ramener ses victimes jusqu'à la Reine noire, Suzy, au nom prédestiné, se transforme en vampire avec canines proéminentes et suce le sang des infortunés mâles jusqu'à la dernière goutte. Une fois rentrée à la maison, il ne lui reste plus qu'à déglutir le précieux liquide. Dit ainsi, cela paraît attrayant mais cela n'est explicité visuellement que lors de très courts passages.
Si cela n'apparaissait pas clairement dans LADY TERMINATOR, la vision de DANGEROUS SEDUCTRESS nous permet en tout cas de découvrir que H. Tjut Djalil n'est pas dupe quant à la possibilité de rivaliser avec les grandes machines américaines. Plusieurs séquences se voient ainsi parées d'idées humoristiques en complet décalage avec le sérieux de l'entreprise. Par exemple, l'un des malfrats au début du film frappe son acolyte à la manière d'un running gag ou bien encore pendant la résurrection, passage horrifique et sérieux, un chien passe par-là et ne trouve pas mieux que choper l'os de la jambe de la reine noire comme s'il s'agissait d'une friandise.
Outre un tournage entièrement en anglais, DANGEROUS SEDUCTRESS s'est payé les services d'un spécialiste américain des effets spéciaux. A vrai dire, Steve Prouty n'était pas une vedette dans le domaine du maquillage et, même encore aujourd'hui, il s'avère quelque peu anonyme comparé aux autres ténors du genre. En tout cas, l'idée était d'offrir des effets spéciaux digne des productions américaines. On retrouve d'ailleurs Steve Prouty parmi les suppléments où il raconte la façon qui l'a amené à prendre l'avion pour l'Indonésie et travailler sur DANGEROUS SEDUCTRESS. Il livre au passage une étonnante révélation à propos du fait que la production était prête à décapiter un véritable chien pour une séquence du film. Heureusement, le maquilleur américain a réussi a imposer une fausse tête fabriquée rapidement par ses soins ce qui a permis de sauver l'animal !
Quoi que l'on puisse penser du film, Mondo Macabro propose en tout cas un transfert 16/9 d'assez bonne facture où l'on discernera surtout pas mal de défauts sur la pellicule. Pour un film indonésien que vous ne trouverez pas à tous les coins de rue, il faut bien reconnaître que le boulot a été très bien fait.
Le tournage entièrement en anglais du film a déjà été évoqué et c'est donc la piste originale qui nous est proposée sur ce DVD. En stéréo d'origine, elle s'avère plutôt réussie dès qu'il s'agit de retranscrire les passages musicaux ou les effets sonores mais pose parfois quelques soucis pour la compréhension des dialogues surtout en ce qui concerne les acteurs non anglophones. En fait, il est difficile de voir là un défaut technique. Bien entendu, puisque la version originale est anglaise, Mondo Macabro ne propose aucun sous-titrage étant donné que ce DVD est à destination du marché américain.
MYSTICS IN BALI et LADY TERMINATOR partageaient le même petit documentaire sur le cinéma fantastique indonésien. Un recyclage supplémentaire aurait été un peu trop voyant et ce documentaire n'est pas repris sur le DVD de DANGEROUS SEDUCTRESS. A la place, l'éditeur propose une interview du réalisateur H. Tjut Djalil où le cinéaste vient confirmer, entre autres, que ses films ne sont pas à prendre au sérieux. En plus, Mondo Macabro a donné la parole à Steve Prouty, le maquilleur, pour une interview ainsi qu'un commentaire audio. Si l'interview est plutôt sympathique, le commentaire audio fait dans la redite et n'est pas très soutenu. Cela n'est pas très grave puisque la durée de ce commentaire est en fait réduite à la seule séquence de la résurrection. En complément, l'éditeur ajoute quelques pages de textes et des filmographies ainsi qu'un clip des titres déjà sortis et à sortir chez Mondo Macabro.
DANGEROUS SEDUCTRESS n'est peut être pas le meilleur reflet du cinéma indonésien puisque son récit mais aussi sa mise en forme sont standardisés pour réussir à s'exporter sur le marché international (ce qui ne se fera pas vraiment). Dénué de l'exotisme nécessaire, de moyens conséquents et d'un rythme soutenu, le film de H. Tjut Djalil a bien du mal à convaincre et ne s'appréciera que dans le contexte d'une curiosité cinématographique en provenance d'Indonésie.