GERARDMER 2015 : DERNIER JOUR ET PALMARES
Dernier jour sous la neige pourtant les salles ne désemplissent pas. Pour HONEYMOON première réalisation de Leigh Janiak c'est l'heure de faire ses preuves. L'histoire de ce couple passant leur lune de miel dans une petite maison accolée à un lac en plein milieu de la forêt qui se retrouvent confrontés à quelque chose dans les bois qui semble s'intéresser de près à la jeune mariée se confronte aux nombreux clichés du genre. Beaucoup de films low budget ont débuté ainsi, et forcément on se demande s'ils seront confronté à un maniac, à des forces du mal caché dans un vieux bouquin planqué à la cave ou s'ils seront punis par un fantôme revanchard. C'est là où le film surprend puisqu'il nous place dans quelque chose de plutôt inédit dans un tel contexte puisque le film revisite les BODY SNATCHER mais dans les bois en version intimiste. Pas dénué de défaut et de maladresse, HONEYMOON fonctionne surtout grâce à ses acteurs franchement bon et son postulat plutôt original, la fausse piste du couple se déchirant et la violence conjugale abordée malgré tout pendant une bonne partie du film apporte aussi une profondeur au film.
AT THE DEVIL'S DOOR est une histoire de possession démoniaque, chose qui semble être à la mode durant cette saison à Gérardmer car ce n'est pas le seul film, hier soir était projeté LE PROJET ATTICUS qui rivalisait de jump scare pour nous livrer un roller coaster pas très réussit. Mais revenons à nos moutons, le second métrage de Nicholas McCarthy a suivit le même chemin que son premier et est arrivé à Gérardmer cette année. Evoquant une histoire d'une jeune femme possédée par un démon hantant une maison qu'une jeune agent immobilier doit vendre. Inévitablement il s'agit là d'une histoire de contamination du mal touchant à la thématique de la maternité contrariée. Esthétiquement réussi, c'est en revanche un film plutôt plat, pas assez de profondeur chez les personnages qui sont tous des enveloppes vides interchangeables et un démon pas assez effrayant pour remplir le contrat.
On a ensuite enchaîné avec TUSK la comédie hilarante et déviante de Kevin Smith. Racontant l'histoire d'un jeune podcaster américain connu, drôle et foncièrement méchant, mêlant audace et cruauté sans cesse dans son comportement avec les gens qu'ils soient proches de lui ou non, le film le fait croiser la route d'un vieil excentrique ayant beaucoup voyagé en mer qui lui promet de belles et extraordinaires histoires. Manque de bol, le vieux est complètement taré et a décidé de le transformer en monstre marin espérant revivre un moment de sa vie. Satirique, bourré d'un humour noir limite dérangeant, foncièrement sadique et malsain, totalement twisté et déviant, drôle et émouvant, TUSK parle de pardon, de punition et de laver ses fautes, le tout avec une critique de la génération internet et de ces fameux trolls. Terriblement drôle, c'est une totale réussite.
Et puisqu'il s'agissait de la dernière journée, ce fut aussi le moment de dévoiler le palmarès 2015 du festival. Trois films sortent gagnants cette année. Car si IT FOLLOWS reçoit le Grand Prix ainsi que celui de la critique, il faut aussi compter sur THE VOICES qui rafle les prix du Jury, ex-aequo avec EX-MACHINA, et le plus important, celui du public. De son côté, le Jury jeunes a donné son prix à GOOD NIGHT MOMMY qui a aussi reçu celui du Jury SyFy. Chacun de ses trois films repart donc avec deux récompenses ! Cette année, un prix a aussi été décerné pour la meilleure musique et c'est THESE FINAL HOURS qui l'a obtenu. Enfin, le Grand Prix du court-métrage va à HABANA de Edouard Salier.