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Critique du film
CRITTERS 1986

 

CRITTERS est à l'origine un projet de Domonic Muir. Ce dernier commence dans le cinéma au début des années quatre-vingts, notamment sur les effets spéciaux de titres New World, la compagnie de Roger Corman : TIME WALKER ou SORCERESS par exemple. Il rencontre Stephen Herek qui travaille comme monteur, lui aussi dans des films estampillés New World comme SPACE RAIDERS ou ANDROÏDE. ANDROÏDE dont un des rôles principaux est tenu par l'acteur-scénariste Don Keith Opper, lequel se lance dans la production avec sa firme SHO Films, qui vient de sortir le film d'anticipation CITY LIMITS.

Nos trois compères écrivent ensemble le scénario de CRITTERS et le proposent à divers studios. Ils renoncent à travailler avec Roger Corman qui leur impose un budget restreint. Ils collaborent avec New Line, qui vient de connaître un gros succès dans le domaine de l'horreur avec LES GRIFFES DE LA NUIT. CRITTERS est le premier film réalisé par Stephen Herek qui, plus tard, se spécialise dans la comédie et le cinéma familial, au gré de titres comme BILL AND TED'S EXCELLENT ADVENTURE ou LES PETITS CHAMPIONS.

Le rôle de la mère de famille Brown est incarnée par Dee Wallace, déjà vedette du cinéma fantastique et vue dans LA COLLINE A DES YEUX, HURLEMENTS, CUJO ou E.T. L'EXTRA-TERRESTRE. A ses côtés, nous reconnaissons M. Emmet Walsh (BLADE RUNNER, BLOOD SIMPLE, BIGFOOT ET LES HENDERSON) ou le presque débutant Billy Zane (RETOUR VERS LE FUTUR, CALME BLANC, TITANIC).

CRITTERS raconte l'arrivée sur Terre de huit cruels petits extra-terrestres : les Krits. Criminels d'outre-espace, ils s'échappent d'un transfert de prisonniers à bord d'un vaisseau spatial vers notre système solaire. La seule planète à laquelle leur organisme peut s'adapter est notre Terre. Les petits monstres se posent en pleine campagne américaine. Ils se nourrissent d'abord en dévorant une vache, puis prennent goût à la viande humaine en mangeant Steve, le petit ami d'April Brown. Après cette agression, celle-ci court rejoindre ses parents et son frère dans la ferme familiale. Une longue nuit de siège commence.

Pendant ce temps, deux extra-terrestres arrivent sur Terre pour neutraliser les Krits. Afin de passer inaperçus, ils prennent apparence humaine. Leurs attitudes singulières et leurs pouvoirs surnaturels les font vite remarquer dans la ville où ils arrivent, à quelques kilomètres de la ferme Brown...

Cette invasion de méchants extra-terrestres surfe sur deux genres à la mode au début des années quatre-vingts. D'abord, suite aux succès d'ALIEN et surtout de E.T. L'EXTRA-TERRESTRE de Spielberg, les visiteurs d'outre-espace, bienveillants ou non, se multiplient. Nous voyons sortir THE THING et STARMAN de John Carpenter, LIFEFORCE et L'INVASION VIENT DE MARS de Tobe Hooper, COCOON de Ron Howard...

CRITTERS rappelle aussi fortement GREMLINS de Joe Dante, produit par Steven Spielberg, dans lequel une horde de petits monstres farceurs et méchants s'en prend à une ville américaine. CRITTERS n'est pas le seul film à puiser dans ce nouveau filon. Le petit studio Empire connaît un joli succès avec GHOULIES, puis récidive peu après avec TROLL. Viennent ensuite le film à micro-budget HOBGOBLINS de Rick Sloane, ou encore MUNCHIES de Bettina Hirsch pour la firme New Concorde (Roger Corman, encore !). Les compagnies spécialisées dans les petits budgets s'en donnent à cœur joie.

Avec CRITTERS, New Line se joint à cette unanimité. Par l'ambiance familiale du film (le héros est un enfant, la famille Brown est unie et aimante, l'action s'inscrit dans le cadre d'une ville tranquille), CRITTERS retient les leçons des productions Spielberg tournées vers un jeune public, telles que E.T. L'EXTRA-TERRESTRE, GREMLINS ou LES GOONIES.

A défaut d'originalité, CRITTERS attire la sympathie par sa modestie et son humour léger. Nous apprécions les Critters : petites boules de poils munies d'une bouche démesurée et remplie de multiples dents pointues, ils évoquent un croisement incongru entre un hérisson et un piranha.

Méchant, dangereux, mais aussi turbulents, ils se laissent aller à des répliques amusantes (leur dialecte d'outre-espace est traduit par des sous-titres) ou à des chahuts mémorables. Quant au comportement étrange des deux chasseurs de monstres, il donne lieu à des gags et des quiproquos.

Tout cela est sympathique, mais rappelle beaucoup GREMLINS en moins réussi. L'aspect des monstres (créés par les frères Chiodo, qui travailleront sur KILLER KLOWNS et PLANÈTE HURLANTE) est expressif et amusant, mais laisse à désirer quant à la crédibilité. L'humour, bien présent, n'est pas toujours hilarant.

Un Critter décapite à coup de dents une poupée d'E.T.. Cela devait faire son effet dans les années quatre-vingts. Mais de nos jours, c'est une autre affaire. Les petits monstres apparaissent tardivement dans le récit et le script manque d'originalité et de rythme.

CRITTERS s'avère aujourd'hui plutôt décevant. Il connaît de plus des soucis de censure à sa sortie. Initialement prévu comme un film « R-Rated » (interdit au moins de 17 ans non accompagnés), New Line décide après-coup de le sortir comme un métrage « PG-13 » (déconseillé aux mineurs non accompagnés), avec les nombreuses coupes que cela implique.

Cela n'empêche pas CRITTERS de connaître un petit succès et d'engendrer la sortie d'un CRITTERS 2 de Mick Garris, suivi par CRITTERS 3 de Kristine Peterson et CRITTERS 4 de Rupert Harvey.

Les petites boules poilues connaissent un revival récent en 2019, grâce à la frénésie de productions télévisées pour les services de streaming. Nous avons ainsi eu la série «CRITTERS: A NEW BINGE» distribuée par Shudder, puis le téléfilm CRITTERS ATTACK! dans lequel revient Dee Wallace.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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