Header Critique : GREMLINS

Critique du film
GREMLINS 1984

 

Un inventeur achète à Chinatown un Mogwai. Cet animal étrange ne doit être ni mouillé, ni nourri après minuit. Ces règles ne sont pas respectées, ce qui déclenche une invasion de lutins démoniaques...

Au début des années quatre-vingts, Hollywood est bouleversé par les réussites commerciales accumulées par deux jeunes réalisateurs : George Lucas et Steven Spielberg. Le premier aligne les trois films de sa trilogie STAR WARS entre 1977 (LA GUERRE DES ÉTOILES) et 1983 (LE RETOUR DU JEDI, qu'il produit et fait réaliser par Richard Marquand). Le second multiplie des succès insolents en tant que metteur en scène avec LES DENTS DE LA MER, RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE, LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE et enfin le triomphe total de E.T. L'EXTRA-TERRESTRE en 1982.

Le cinéma fantastique américain des années soixante-dix, marqué par une science-fiction alarmiste (SOLEIL VERT, L'ÂGE DE CRISTAL, NEW YORK 1997) ou par une horreur décrivant une société américaine en crise (L'EXORCISTE, ZOMBIE), se trouve alors frappé d'obsolescence. Le cinéma hollywoodien mise désormais sur l'évasion rassurante et le divertissement réconfortant.

Steven Spielberg n'est pas que réalisateur, il s'active aussi en tant que producteur, décidé à collaborer avec des metteurs en scène de sa génération. En la matière, ses débuts sont chaotiques. POLTERGEIST de Tobe Hooper donne ainsi lieu à une polémique sur la réelle paternité du métrage, le studio MGM mettant bien plus en avant Spielberg que Hooper en tant que créateur du métrage durant sa promotion. Puis Spielberg produit l'anthologie LA QUATRIÈME DIMENSION, qu'il co-réalise avec Joe Dante, George Miller et John Landis. Mais ce tournage est endeuillé par un accident mortel très médiatisé, ayant entraîné la mort de trois acteurs dont deux enfants.

Steven Spielberg persévère dans la production notamment avec sa firme Amblin qu'il fonde à l'époque avec Kathleen Kennedy et Frank Marshall. Un de ses premiers projets majeurs est GREMLINS, réalisé par Joe Dante.

Celui-ci commence sa carrière de réalisateur de cinéma fantastique avec PIRANHAS en 1978, tentative mercantile de profiter du succès des DENTS DE LA MER. Puis il réalise HURLEMENTS, film de loup-garous dans lequel il mélange déjà horreur et monstres au look de dessin animé. Il enfonce le clou dans son sketch de LA QUATRIÈME DIMENSION, où la réalité est envahie par des créatures échappées de cartoons.

Pour GREMLINS, Steven Spielberg acquiert le scénario auprès d'un jeune scénariste nommé Chris Columbus, lançant ainsi sa longue carrière dédiée au divertissement familial. Columbus continuera en effet à signer des scénarios pour Amblin avec LES GOONIES et LE SECRET DE LA PYRAMIDE, puis évoluera en tant que metteur en scène (MAMAN, J'AI RATÉ L'AVION, HARRY POTTER À L'ÉCOLE DES SORCIERS).

La première version de son scénario de GREMLINS est horrifique, lâchant des petits monstres mangeurs d'hommes dans une ville américaine. Avec la collaboration de Joe Dante et Steven Spielberg, la dimension horrifique est adoucie, les aspects comiques et familiaux sont appuyés, et le personnage positif et mignon de Gizmo est inventé.

Steven Spielberg donne à Joe Dante des moyens conséquents pour réaliser GREMLINS. Si le film n'est pas interprété par des vedettes, quelques sympathiques guest-stars y apparaissent, comme Chuck Jones (le réalisateur des dessins animés classiques de la Warner Bros des années cinquante), Jerry Goldsmith (compositeur de la musique du film) ou Steven Spielberg.

Comme souvent chez Joe Dante, le film fonctionne avec de nombreuses références cinéphiles. GREMLINS se déroulant à Noël, le début mélange des éléments de LA VIE EST BELLE de Frank Capra et d'un conte de Dickens. Le métrage grouille de clins d’œil à la science-fiction américaine des années cinquante. Les métamorphoses des Gremlins font penser à L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES (les cocons) et à LA GUERRE DES MONDES (la fumée et les éclairages). Nous croisons le robot de PLANÈTE INTERDITE, le message final du vieux Chinois rappelle l'avertissement délivré par Klaatu aux humains dans LE JOUR OÙ LA TERRE S'ARRÊTA.

Cette nostalgie de cet âge d'or de l'anticipation apparaîtra dans d'autres réalisations de Dante, comme EXPLORERS, L'AVENTURE INTÉRIEURE, ou dans sa plus grande réussite : PANIC SUR FLORIDA BEACH de 1993.

GREMLINS se veut aussi une satire de la société américaine. Les Gremlins punissent brutalement les âpres au gain, les avares, les racistes et les esprits bornés, pour le plus grand plaisir du spectateur. Dante choisit clairement le camp des gens simples et des rêveurs farfelus.

Les meilleurs moments sont ceux où interviennent des dizaines de Gremlins hystériques, paillards et ricanants, animés notamment par des effets spéciaux mécaniques supervisés par Chris Walas. La scène du pub est à ce titre un moment d'anthologie. De même, le réalisateur se permet des scènes d'une rare violence en les passant à travers le filtre de l'humour cartoonesque (la cuisine). Il est pourtant dommage qu'il n'y ait pas plus de scènes de ce genre dans GREMLINS. Nous regrettons aussi que le film mette trop de temps à démarrer et que les acteurs manquent de charisme.

Néanmoins, grâce à sa réalisation efficace, nous passons un assez bon moment en regardant GREMLINS. Peut-être aurait-il été plus divertissant s'il y avait eu un peu moins de Mogwais et un peu plus de Gremlins !

Arrivant dans le sillage d'E.T. L'EXTRA-TERRESTRE, GREMLINS sort durant l'été 1984 aux Etats-Unis et connaît un beau succès, en dépit de la concurrence redoutable d'INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT ou S.O.S. FANTÔMES. L'aventure Amblin est lancée, la compagnie allant se spécialiser dans des spectacles familiaux similaires comme RETOUR VERS LE FUTUR, LES GOONIES, LE SECRET DE LA PYRAMIDE ou encore L'AVENTURE INTÉRIEURE de Joe Dante en 1987, relecture du classique LE VOYAGE FANTASTIQUE.

En 1990, la mode des suites étant alors particulièrement vivace, Joe Dante revient aux affaires pour un GREMLINS 2 encore plus référentiel et cartoonesque que le précédent opus.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
50 ans
1 news
640 critiques Film & Vidéo
1 critiques Livres
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
8,05
20 votes
Ma note : -