Header Critique : S.O.S. fantômes: L'héritage (Ghostbusters: Afterlife)

Critique du film
S.O.S. FANTÔMES: L'HÉRITAGE 2021

GHOSTBUSTERS: AFTERLIFE 

S'il se passe quelque chose d'étrange dans ton voisinage, qui vas-tu appeler ? S.O.S. FANTÔMES bien sûr !

Ce film de 1984, réalisé par le canadien Ivan Reitman, rencontra un succès surprise en mêlant comédie de son temps et fantastique à effets spéciaux. Lâchant dans New York un quarteron de chasseurs de spectres farfelus, il met en scène des vedettes comme Dan Aykroyd, Bill Murray ou Sigourney Weaver. Son studio, Columbia, et la même équipe lancent un S.O.S. FANTÔMES 2 cinq ans plus tard. Bien que cette suite soit dénuée de surprises, le public est encore au rendez-vous. Le studio transpose peu ou prou la même formule dans l'univers de la science-fiction avec MEN IN BLACK en 1997, qui connaît un gros succès commercial. Durant les décennies suivantes, les rumeurs d'un troisième S.O.S. FANTÔMES reviennent régulièrement. Mais en 2014, la mort du scénariste et acteur original Harold Ramis semblent y mettre un terme définitif.

En 2017, Sony relance la série à zéro avec un nouveau S.O.S FANTÔMES remplaçant l'équipe masculine par des actrices comiques comme Melissa McCarthy, Kristen Wiig et Kate McKinnon, ces deux dernières étant des fidèles du «SATURDAY NIGHT LIVE». Le réalisateur Paul Feig, spécialisé dans l'humour féminin « hénaurme », déséquilibre la formule en la poussant vers la grosse farce. La part fantastique s'y trouve traitée sans inspiration.

Après cet échec public et critique, Sony ne lâche pas l'affaire. Pour sa nouvelle tentative, la major fait appel à Ivan Reitman en tant que producteur d'un long métrage coécrit et réalisé par son fils Jason. Ce dernier est un metteur en scène expérimenté, déjà connu pour des films indépendants dont JUNO avec Elliot Page. Si le film de 2016 écartait les créateurs du film de 1984 et ses héros, ce nouveau S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE opère un demi-tour complet, s'annonçant comme une suite faisant revenir certains protagonistes originaux, et surtout faisant apparaître leurs descendants.

En effet, parmi les jeunes héros, nous trouvons deux petits-enfants du Ghostbuster Egon Spengler. Ils sont interprétés par Finn Wolfhard (ÇA) et Mckenna Grace (MALIGNANT). Le professeur du lycée du coin, qui occupe ses élèves en leur passant CUJO ou JEU D'ENFANT, est interprété par Paul Rudd, spécialiste de la comédie américaine des années 2000, reconverti dans la science-fiction Marvel depuis sa sélection pour ANT-MAN en 2015.

Callie, mère célibataire de deux adolescents Trevor et Phoebe, peine à joindre les deux bouts. Elle se retrouve expulsée de son appartement. Elle se rend alors à Summerville en Oklahoma, où son père, récemment décédé, lui a légué une demeure isolée. Trevor et Phoebe découvrent que leur aïeul était un original, un savant farfelu qui, dans les années quatre-vingts, appartenait à une équipe renommée de chasseurs de fantômes...

S.O.S. FANTÔMES se distinguait par son contexte urbain, et plus précisément new-yorkais, qui faisait beaucoup pour son identité. Sur ce point, S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE tranche puisqu'il se déroule en plein cœur de l'Amérique rurale, dans une petite ville agricole perdue parmi les vastes plaines de l'Oklahoma. Les champs de blé s'y étendent à perte de vue, à peine ponctués par quelques routes au tracé rectiligne. Un contexte peu stimulant pour des jeunes donc, où nos nouveaux héros se retrouvent livrés à eux-mêmes, pour un été pas comme les autres.

Car en effet, autre différence, S.O.S. FANTÔMES mettait en scène des personnages adultes, son humour étant même salace. S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE adopte le point de vue de jeunes personnages, les grands ne tenant que des rôles de second plan. Et la partie comédie, si elle est bien présente, s'avère en retrait par rapport à la science-fiction et à l'aventure.

Avant que ces deux derniers ingrédients s'épanouissent, S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE nous présente ses nouveaux personnages, leur adaptation compliquée à leur nouveau mode de vie, les nouveaux amis qu'ils se font à Summerville aussi. Phoebe en apprend de plus en plus sur son mystérieux grand-père, notamment à travers son professeur de lycée, ancien fan des Ghostbusters du temps de leur célébrité. Elle découvre dans sa nouvelle maison des objets insolites, comme les pièges à fantômes et les armes employés pour neutraliser les ectoplasmes. Autant d'artefacts déjà vus dans S.O.S. FANTÔMES que cette suite nous présente en détail, avec révérence. Trop presque, tant l'exposition de S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE paraît longuette et bavarde. Certes, elle décrit ses protagonistes en profondeur, mais les éléments fantastiques significatifs se font attendre tandis que le rythme s'avère atone, manquant de tonus, et que les explications se montrent parfois redondantes.

Lorsque S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE part dans le fantastique, il le fait sur le ton de la nostalgie, une nostalgie orientée vers les années quatre-vingts et le premier S.O.S. FANTÔMES. Ainsi, nos jeunes héros affrontent à nouveau l'entité androgyne d'outre-dimension Gozer, flanquée de ses deux molosses le Gardien de la Porte et le Maître de la Clé. Les péripéties, situations et événements paraissent dès lors balisés. Le métrage accumule hommages et clins d’œil au film d'origine, parfois en reprenant des lignes de dialogues entières, et à son époque.

La mine dans laquelle est cachée le nouveau sanctuaire de Gozer adopte l'allure de la montagne de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE. La mise en scène elle-même emprunte des plans classiques du cinéma de Steven Spielberg. La musique égrène des souvenirs des compositions du John Williams d'alors. L'homme Marshmallow animé d'une vie spectrale fait son retour, cette fois-ci sous la forme d'une multitude de petits personnages facétieux qui, à nouveau, fonctionnent à la référence. GREMLINS se trouve en effet très explicitement cité, mixeur à l'appui.

Quand bien même ces scènes sont sympathiques, elles trahissent un manque d'imagination et un recours facile à la nostalgie. Pour solliciter l'adhésion du spectateur, S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE mise sur le réconfort de la familiarité plutôt que sur l'exaltation de la nouveauté. A la manière d'un STAR WARS : LE REVEIL DE LA FORCE, S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE paraît un remake plus ou moins déguisé en suite, réitérant les rebondissements et péripéties de son modèle dans les grandes lignes, prenant soin de ne de pas effaroucher les spectateurs par trop d'innovation.

Tout n'est pourtant pas négatif au bilan de S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE. Ces acteurs enfants donnent vie à leurs personnages et les rendent attachants. En particulier Mckenna Grace dans le rôle de la petite scientifique Phoebe qui est une révélation. Certaines séquences fantastiques sont de vraies réussites, à commencer par une chasse automobile au fantôme glouton à travers les rues de Summerville. Dans l'ensemble, les effets spéciaux et visions fantastiques sont bien gérés, à la fois exécutés soigneusement et sachant ne pas en faire trop. Le dénouement du métrage, mise en œuvre d'un gigantesque piège destiné à neutraliser les forces du mal, s'avère en cela convaincant, quand bien même il recourt encore une fois à une nostalgie évidente, voire à un sentimentalisme manipulateur.

Malgré ses intentions révérencieuses, S.O.S. FANTÔMES : L'HÉRITAGE achoppe, la faute à une longueur excessive de plus de deux heures et à un bombardement de références nostalgiques trahissant un cinéma trop rétrospectif. Il a cependant pour lui sa modestie, le charme de son atmosphère, l'alchimie entre ses acteurs et l'exploitation intéressante de son décor rural et ensoleillé, bien différent du New York hivernal de son modèle.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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