Header Critique : DRACULA VIT TOUJOURS À LONDRES (THE SATANIC RITES OF DRACULA)

Critique du film
DRACULA VIT TOUJOURS À LONDRES 1974

THE SATANIC RITES OF DRACULA 

Capturé et torturé par une secte qu'il tentait d'infiltrer, un policier parvient à s'échapper et à rapporter des informations à Scotland Yard. Van Helsing, un spécialiste de l'occultisme, est appelé pour résoudre l’affaire...

Au début des années soixante-dix, la Hammer se spécialise presque exclusivement dans l'horreur et le fantastique, s'éloignant des films d'aventures et autres thrillers qu'elle sortait aussi au cours de la décennie précédente. Les vampires tiennent alors une place proéminente, avec pas moins de sept films Hammer sur le sujet entre 1970 et 1972.

Seule exception à ce tableau monstrueux : la trilogie amorcée par le gros succès ON THE BUSES de 1971, transposition d'une série télévisée alors populaire au Royaume-Uni, comédie décrivant la vie des conducteurs de bus impériaux !

La Hammer voyant des films d'horreur plus modernes comme ROSEMARY'S BABY conquérir le public, DRACULA 73, sorti en 1972, fait vivre à Dracula des aventures au "présent" (dans les années soixante-dix, donc). Le studio fait appel pour l'occasion à Alan Gibson, un jeune metteur en scène censé apporter du sang neuf. La Hammer a une telle confiance en DRACULA 73 que le tournage de sa suite DRACULA VIT TOUJOURS À LONDRES commence avant même sa sortie au Royaume-Uni ou aux USA.

Comme dans DRACULA 73, Peter Cushing joue le rôle de Larimer Van Helsing, descendant direct du Van Helsing du XIXème siècle (qu'il interprétait dans LE CAUCHEMAR DE DRACULA et LES MAÎTRESSES DE DRACULA) et chasseur de vampire, tout comme lui. Christopher Lee reprend de nouveau la cape de Dracula. Nous reconnaissons aussi Freddie Jones (cobaye dans LE RETOUR DE FRANKENSTEIN), ainsi que Joanna Lumley, qui sera la Purdey de la série «CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR» de 1976, puis Patsy dans «ABSOLUTELY FABULOUS» de 1992 à 2012. Ici, elle est Jessica Van Helsing, petite-fille du personnage joué par Peter Cushing !

DRACULA VIT TOUJOURS À LONDRES, suite directe de DRACULA 73, se déroule donc dans les années soixante-dix. Comme d'habitude, Dracula a survécu à la fin de l'épisode précédent, ce dont ne semble pas s'étonner notre nouveau Van Helsing. Depuis UNE MESSE POUR DRACULA (dont DRACULA 73 est un quasi-remake), nous savons que quelques sectateurs zélés et bien informés peuvent ramener le prince des ténèbres à la vie sans trop de difficultés. Ici, l'actualisation du mythe consiste à traiter le récit à la manière d'un film d'espionnage, comme un James Bond ou un épisode de la série TV «MISSION : IMPOSSIBLE». La célébrité internationale de Christopher Lee culminera d'ailleurs à la même époque avec son rôle de tueur dans le James Bond L'HOMME AU PISTOLET D'OR.

Dracula s'adapte ici au vingtième siècle en devenant le puissant chef d'entreprise d'une multinationale du crime, corrompant aussi bien les hommes politiques que les militaires ou les savants. Son réseau devient si vaste et redoutable que seuls les services secrets sont à même de déjouer ses plans machiavéliques. Car Dracula a un plan précis : il veut détruire l'humanité, qu'il déteste, à l'aide d'un virus, et ainsi faire triompher le mal.

Si cette idée de mettre Dracula à la tête d'une association rappelant le SPECTRE de James Bond ne manque pas de charme, sa concrétisation cinématographique pose un problème.

Les moyens financiers font défaut. Alors qu'il est supposé être richissime, le prince des ténèbres n'a en tout et pour tout qu'une armée de quatre gardes. Sa demeure n'est guère luxueuse. Nous sommes loin des beaux décors de Bernard Robinson et des éclairages magnifiques de Jack Asher qui incarnaient le style des plus somptueux classiques de la Hammer. La photographie est ici banale, quand elle n'est pas indigente (ce sont les scènes d'extérieur qui sont les plus belles plastiquement, avec de beaux crépuscules). Le récit manque de dynamisme et les séquences sanglantes ou érotiques (une jeune fille nue se tortille en gémissant, allongée sur l'autel d'une messe noire, tandis qu'on l'asperge de sang) sont filmées sans conviction.

Pourtant, le récit est assez amusant pour se suivre sans ennui et certains passages sont efficaces : l'incendie de la demeure, ou la défaite de Dracula (qui se révèle allergique à l'aubépine, car la couronne du Christ en est faite). Surtout, les interprètes sont convaincants, notamment Christopher Lee et Peter Cushing qui mettent de la conviction dans leur travail, alors même que l'histoire laisse parfois à désirer.

À sa sortie, cette nouvelle mouture des aventures macabres de Dracula ne convainc guère les fans qui y voient une trahison du mythe. De plus, son prédécesseur DRACULA 73 a connu un gros bide et DRACULA VIT TOUJOURS À LONDRES ne connaît qu'une distribution discrète en salles, qui se solde par un nouvel échec commercial. Il s’agit donc de l'avant-dernier Dracula tourné par la Hammer (le dernier étant LES SEPT VAMPIRES D'OR), ainsi que le sixième et dernier d'entre eux mettant en scène Christopher Lee. Puis le studio cessera pratiquement toute activité de production pour le cinéma pendant la seconde moitié de la décennie. Nous retrouverons néanmoins Christopher Lee sous les traits du Prince des Ténèbres dans la comédie française DRACULA PÈRE ET FILS, relecture insolite et intéressante du mythe par Edouard Molinaro, d'après un livre de Claude Klotz.

Si la Hammer abandonne pratiquement toute velléité de produire des œuvres pour le cinéma à partir du milieu des années soixante-dix, Alan Gibson l'accompagne lorsqu'elle se met à travailler pour la télévision, notamment sur la série TV «HAMMER HOUSE OF HORROR». Gibson réalisera aussi deux autres films pour le cinéma : CRASH en 1977 avec Joe Don Baker et Susan Sarandon, consacré à des courses de voitures ; MARTIN'S DAY en 1984, un film avec Richard Harris et James Coburn dans lequel un criminel fugitif prend un enfant en otage.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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