Header Critique : CONTINENT OUBLIE, LE (THE PEOPLE THAT TIME FORGOT)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
LE CONTINENT OUBLIE 1977

THE PEOPLE THAT TIME FORGOT 

Suite à la disparition de Taylor (Doug McClure) sur le continent perdu de Caprona (ou Caspak en VF), une expédition est mise sur pied. Payé par un journal juste après la fin de la première guerre mondiale, elle est menée par Patrick Wayne, affublé d'une journaliste (Sarah Douglas), d'un professeur (Thorley Walters) et du pilote d'un hydravion (Shane Rimmer). Après avoir survolé des montagnes de l'antartique, ils atterrissent sur Caprona - se rendant compte de la présence d'animaux préhistoriques et de tribus agressives.

Enormes succès internationaux pour LE SIXIEME CONTINENT et CENTRE TERRE : SEPTIEME CONTINENT, le tandem John Dark/Kevin Connor décide de remettre le couvert et de terminer l'aventure entamée par Doug McClure. Ceci en adaptant un autre récit d'Edgar Rice Burroughs,LE CONTINENT OUBLIE,  tout en réduisant la voilure, car demandant un énorme budget pour l'adapter à la lettre. A.I.P produit le film pour la partie américaine et se débarasse de son comparse Milton Subostky pour le coup. Pour un budget légèrement inférieur à 2 milions de dollars pour l'époque, selon le réalisateur, le tournage sera cette fois-ci sur l'ile de La Palma, faisant partie des Iles Canaries. Ce qui va donner une autre identité au film. LE CONTINENT OUBLIE sera à nouveau un très gros succès anglais et international. En France, il débarque en plein été 1977 et empoche 453 849 entrées. Il reste cependant très loin des résultats surprenants du LE SIXIEME CONTINENT qui frola les deux millions de tickets. 

Si l'histoire s'inspire du récit d'Edgar Rice Burroughs pour la majeure partie, d'autres influences vont rapidement s'installer. L'expédition rappelle énormément, pour le côté photographique et glaciaire, des exploits de l'expédition Shakelton en 1914. Des monstres préhistoriques, tous réalisés devant la caméra, à base de marionnettes, hommes dans un costume, retroprojections, miniatures, assez expertement maniés pour créér l'illusion et la profondeur - rappelant inévitablement le succès, justement, du LE SIXIEME CONTINENT. A noter l'audace de certains plans, notamment un plan d'une caméra très mobile qui fonce dans une gueule ouverte d'un simili-tyrannosaure pour pointer un second monstre dans l'arrière-plan. Puis le film vire à quelque chose de plus picaresque, faisant coïncider le fantastique avec l'héroïc fantasy encore quasi absente des écrans à cette époque.

Kevin Connor ne perd aucun temps pour nous faire rentrer dans le vif du sujet. Après 5 minutes d'exposition où les personnages, très stéréotypés, sont campés de manière rapide mais précise, l'aventure décolle. Au propre, comme au figuré. Et le rythme ne va quasiment jamais s'arrêter, donnant au long métrage une richesse de diversité de décors, d'action, de genres comme nulle autre pareille. Une impulsion d'aventures fantastico-spectaculaires qui préfigure largement les aventures d'Indiana Jones qui pointeront le bout de leurs nez quelques années après. Connor se laisse aller à des plans très John Ford (à 50mn25), se prenant aussi à de spectaculaires plans extérieurs (l'arrivée à la Cité Des Crânes), magnifiquement capturés et photographiés.

Moins de violence carnassière pour assurer un classement tous publics aux USA, cela n'empeche nullement le film de se projeter vers des scènes tendues lors d'attaques de monstres ou de combat dans la seconde partie. On peut également louer le grand soin sur la mise en oeuvre des décors et autres miniatures. une évidence du soin apporté à tout ce qui constitue le plan et les éléments se trouvant dans le cadre. La cabine du bateau, le bateau en lui-même, l'hydravion d'époque...la qualité de la copie magnifie ces aspects trop souvent laissés de côté dnas l'oeuvre du réalisateur. Les maquettes sont d'ailleurs l'oeuvre de Ian Wingrove et son équipe. Le final rejoint les superbes séquences de destruction de KRAKATOA, A L'EST DE JAVA, tournées elles aussi dans le réservoir de Malte. Technicien sur deux épisodes des LES SENTINELLES DE L'AIR, Wingrove assista Derek Meddings sur quelques longs métrages avant de prendre son envol seul avec TRIAL BY COMBAT de, justement, Kevin Connor, qui décida de le réembaucher pour CENTRE TERRE : SEPTIEME CONTINENT et LE CONTINENT OUBLIE. Il supervisa ensuite sur les effets spéciaux sur, entre autres, JAMAIS PLUS JAMAIS, mais également les miniatures d'ALIEN VS PREDATOR. Très loin d'une seconde pointure, le traval se révèle ici assez réussi, tout comme les effets de John Richardson sur la partie tournée en extérieurs.

Ce que le film manque en caractérisation, dialogues pointus (Dana Gillespie pointe les échanges finaux comme étant bien ridicules, elle a tout à fait raison), personnages sortant de l'oridnaire, il le compense avec le rythme, l'action, l'utilisation intelligente des décors extérieurs, des plans construits, l'habile profondeur de champ - comme pour les plans de l'hydravion échoué au coucher de soleil -... et surtout, de l'incroyable envie d'aventure fun qui se dégage du film. les acteurs ont du plaisir à l'écran, et ça se voit. Même si nous avons affaire à des clichés du film d'aventure. le héros à la machoire carrée: check. La partenaire (au choix, scientifique ou journaliste) qui lui tape sur le système, mais qui fait valoir son point de vue et le tance sur son machisme : check. Le professeur comme caution scientifique : check. La sauvageonne comme potentiel élément amoureux : check. Le méchant sacrificiel: check. Ils sont tous là, mais assumés en jouant parfois la carte du second degré. Les auteurs n'oublient cependant pas d'exploiter, dans le bon sens du terme, les atouts de leurs acteurs. Dana Gillespie, ancienne championne de ski nautique et ski alpin, s'y révèle particulièrement habile dans la fuite finale lors des explosions et éruptions: elle mène hardiment la bande survivants, courant allègrement au milieu de la nature sauvage, évitant les explosions qui arrosent l'écran pendant près d'un quart d'heure... elle y est la plus à l'aise dans le rôle physique, et cela se ressent à l'écran!

LE CONTINENT OUBLIE ne cherche pas à réinventer la roue. Il suit une formule bien huilée, mais élaborée ici avec infiniment de métier, de passion, de savoir faire pour que le spectateur puisse y prendre du plaisir. A voir assemblés l'ensemble des éléments propres à l'univers de l'auteur, le film s'avère une belle réussite sur ses 90mn règlementaires. Certes, les jeunes spectateurs de 2019 verront d'un oeil amusé des technqiques qui pourront semblées datées au temps du tout numérique. Mais c'est justement ce qui caractérise ce charme intemporel, via le déploiement de techniques-clés en 1977. Un sentiment d'aventures hors du commun, qui stimule l'imginaire, sans se prendre au sérieux - mais en respectant l'intelligence du spectateur, petit ou grand. Où le vrai savoir faire de savoir raconter une histoire ne passait pas par l'art de manier l'écran vert.

Le film arrive donc chez Rimini sur un Blu Ray 50 GB, en 1080p et encodage MPEG 4 - AVC, d'une durée complète de 90mn41 - hors générique MGM- et au format original 1.85:1. Un menu richement animé, avec en fond sonore la musique originale du film, donnant accès au chapitrage, avec 12 vignettes animées, au lieu de 8 fixes pour le Blu Ray US de chez Kino Lorber,  un petit plus plutôt agréable qui témoigne du soin apporté. Puis les suppléments, options de langue et le lancement du film. Pas de fonction Pop Up, par contre, pour naviguer entre les différentes branches du menu pendant la vision d'un des bonus, par exemple.

Pour le visuel de la copie: c'est tout simplement superbe! Dès le générique de début, on sent la présence du grain originel sans pour autant demeurer envahissant. Par la suite, il y a un sens du détail parfois affolant, surtout pour une production au budget aussi bas et des tournages en extérieurs. Précision des contours, finesse des traits de visage... ceci allié à des couleurs à la fois naturelles pour la végétation de l'ile de La Palma, si caractéristique, mais chatoyantes et qui éclatent à l'écran. Idem pour les scènes d'intérieurs, gorgées de lumières diffuses et orangées - au diapason de son origine volcanique. Les gros plans (Patrick Wayne, à 52mn44, entre autres) demeurent splendides, dans les moindres recoins. Rien à redire, on serait presque tenté de dire qu'i s'agit là d'un des plus beaux Blu Ray de l'éditeur.

Deux pistes audio : l'originale anglaise avec sous-titres français optionnels et le doublage français d'époque. En DTS HD MA 2.0, on préférera l'expérience anglophone, plus pure dans son essence. Dépourvue de parasites sonores , de souffle, on sent la pleine mesure qu'elle donne à la superbe partition de John Scott, tout comme la puissance des effets sonores (explosions, attaques de monstres) ainsi qu'à la limpidité des dialogues. La VF semble par contre plus étouffée, moins naturelle.

Et pour la partie suppléments, Rimini régale. Tout d'abrd avec un commentaire audio de son réalisateur, modéré par l'expérimenté Brian Trenchard-Smith (LES TRAQUES DE L'AN 2000), très à l'aise avec ce type d'exercice. Kevin Connor a tout gardé du gentleman anglais, et contrairement au commentaire sur le Blu ray US de CENTRE TERRE : SEPTIEME CONTINENT ou il avait du mal à en placer une à cause de son modérateur, il semble ici plus libre de parler de son oeuvre.  Un vrai commentaire qui suit l'action à l'écran, pointant certains éléments de lieu de tournage, explication des effets spéciaux, choix des acteurs... les deux comparses semblent complices, Connor assez fier (mais conscient des limites) de son film. Très peu de blancs entre deux échanges. Malgré le budget médian, permettant des miniatures tournées dans le gigantesque réservoir sur l'ile de Malte, les studios Pinewood, l'ile de La Palma. Ils pointent avec justesse l'impossibilité aujourd'hui de faire un tel film dans un tel budget, vues les contraintes actuelles. On y apprend aussi qu'une suite fut envisagée, mais les héritiers d'Edgar Rice Burroughs demandèrent trop d'argent - tout comme le projet d'adaptation de JOHN CARTER fut abandonné pour les mêmes raisons. L'ensemble reste hyper informatif sur le processus créatif et le rendu à l'écran. Passionnant de les écouter égréner anecdotes et difficultés rencontrées, avec des éléments sur le style adopté (comme vers 29mn31, parlant de la profondeur de champ appréciée par le réalisateur). En anglais avec sous-titres français - sauf pour les séquences non commentées, qui restent en VO non sous-titrée.

Ensuite, un entretien formidable avec Sarah Douglas! en vo avec-titres français (non amovibles), elle raconte avec énormément de plaisir l'aventure vécue et à quel point le film reste cher à son coeur. Très bonne cliente, pétrie d'humour, elle possède un nombre assez incroyables histoires de tournage, le plaisir et la difficulté d'être sur des extérieurs, les rapports avec l'ensemble de l'équipe. Et qui insiste pour préciser que sa coiffure n'est PAS celle de la princesse Leia, le film ayant été tourné avant LA GUERRE DES ETOILES!  Tout comme ce qui concerne les explosifs où, il en restait après la fin de tournage - et comme il était impossible de les ramner au Royaume-Uni- il fut décidé de les déclencher et de capturer le tout à l'écran pour encore plus de spectaculaire. Enormément de respect et d'humilité pour le film et ses participants: un vrai plaisir de cinéphile de la voir et l'entendre, revisitant plusieurs déacdes de nos genres préférés. Très heuresue de son parcours, mais dupe aussi de certaines de certaines participations à des films beaucoup moins glorieux.

Puis au tour de la seconde héroïne, Dana Gillespie. Où même si on a affaire à une personne très à l'aise devant une caméra, le ton est légèrement différent. Assez consciente d'avoir été choisie pour son décolleté (qu'elle porte fièrement!), ses souvenirs, tout aussi fun, déclassent un peu le film dans son département B. Se moquant gentiment de Patrick Wayne, avec son impossibilité à prononcer correctement son nom dans le film- tout comme énormément de monde n'arrive pas non plus à énoncer son propre nom de Gillespie (d'ailleurs, le segment suivant lui donne raison, Alexandre Jousse fait cette même erreur!). D'ailleurs ses premiers mots donnent le ton, parlant du "film que tout le monde a oublié" lorsque ses amis lui parlent du LE CONTINENT OUBLIE. Mais très sympa à voir, également!

Juste avant le film annonce original, il faudra jeter vos yeux sur RETOUR SUR CASPAK, un segment co-produit par Rimini et MIrage spécialement pour cette édition. Alexandre Jousse revient en voix off seulement sur les origines littériares du film, son insertion dans la trilogie du réalisateur. Si l'on passe quelques approximations (en contradiction par rapport aux interviews des actrices et de son réalisateur dans les bonus précédents), c'est un documentaire richement illustré. Foison de documents d'époques, contextualisation évidente. Si on redoute le côté très (trop) informatif, un vrai poison de beaucoup de bonus maison dans les éditions françaises, cela disparait au profit de plusieurs éléments passionnants. L'explication de scènes d'effets spéciaux, recréées pour cette occasion, tout comme la mise en perpective du travail de Frank Frazetta comme influence majeur de la seconde partie du film - et , donc, le rattachement au genre "Heroic fantasy", plusieurs années avant CONAN LE BARBARE. Sur presque 23mn, un tour d'horizon très complet. Bravo!

Vous l'aurez compris: si vous aimez les films de monstres géants, un vrai sens de l'aventure, du dépaysement, la croisée des genres, le style Kevin Connor... cette riche édition du LE CONTINENT OUBLIE, avec ses bonus réussis à tous les étages, arrive très vivement recommandée par nos soins.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
On aime
Un spectacle d'aventure fantastique haut en couleurs
un superbe rendu visuel
un bestiaire fun
des bonus très riches
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L'édition vidéo
THE PEOPLE THAT TIME FORGOT Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Rimini
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (16/9)
Audio
Anglais DTS Master Audio Mono
Français DTS Master Audio Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Kevin Connor et Brian Trenchard-Smith
    • Entretien avec Sarah Douglas ( 19mn37 - vostfr - 1.78:1)
    • Entretien avec Dana Gillespie (23mn52 - vostfr - 1.78:1)
    • Retour sur Caspak par Alexandre Jousse (22mn29 - VF - 1.78:1)
    • Film annonce original (2mn25 - VO - 1.33:1)
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