Header Critique : DIAVOLO A SETTE FACCE, IL (LE DIABLE A SEPT VISAGES)

Critique du film et du DVD Zone 2
IL DIAVOLO A SETTE FACCE 1971

LE DIABLE A SEPT VISAGES 

Surveillée et agressée par des inconnus en plein Amsterdam, Julie Harrison (Carroll Baker) s'adresse à l'avocat Dave Barton (Stephen Boyd). Il est aidé pour cela par son ami et coureur automobe, Tony Shane (George Hilton), qui tombe amoureux de Julie. La jeune femme serait en réalité prise pour sa soeur jumelle, Mary, qui aurait dérobé un diamant de grande valeur.

Connu en territoire anglo-saxon sous le titre NIGHT OF TERRORS, le film fut nommé, lors de sa sortie française, LE DIABLE A SEPT VISAGES. Mais le métrage a aussi connu un autre titre, LE DIABLE A SEPT FACES, lors de sa diffusion en VHS, dans une version semi-redadrée notamment chez Socai Films, ce thriller d'Osvaldo Civirani tentait de se raccrocher au wagon des Gialli qui sortaient en masse au début des années 70. Ancien directeur de la photographie, Civirani a commencé dans le cinéma avec LES AMANTS DIABOLIQUES de Luchino Visconti. Cinéaste avisé, sa carrière de réalisateur le fit toucher tous les genres qui marchaient à l'époque et après le Péplum, le Mondo et le Western, il succomba naturellement à la tentation du thriller «à l'italienne».

Pour se faire il embauche les stars du moment... Carroll Baker vient de rencontrer le succès via UNE FOLLE ENVIE D'AIMER, PARANOIA ou encore SI DOUCES, SI PERVERSES. George Hilton reste un acteur éminemment bankable qui lui aussi séduit le public transalpin avec L'ETRANGE VICE DE MME WARDH ou toute une flopée de Westerns. La troisième tête d'affiche sera Stephen Boyd, héros de LE VOYAGE FANTASTIQUE ou de LA CHUTE DE L'EMPIRE ROMAIN mais aussi adversaire de Charlton Heston dans BEN HUR. Le comédien américain se trouvera, comme d'autres, exilé quelques temps en Europe dès 1970. Le reste du casting est complété par les habituels seconds rôles comme Luciano Pigozzi, acteur fétiche chez Antonio Margheriti. Ou encore Ivano Staccioli, autre figure de proue du bis italien, qui oeuvra dans le Giallo avec I FIORI DEGLI PETALI D'ACCIAIO (en compagnie Carroll Baker !), le rare CIAK ! SI MUOR de Mario Moroni, ou encore LA MORTE ACCAREZZA A MEZZANOTTE de Luciano Ercoli.

Concernant le scénario gentiment amoral, le réalisateur travaille avec Tito Carpi de manière à élaborer une intrigue tortueuse et sujette de de nombreux rebondissements. Comme d'habitude, le spectateur va devoir s'assoir sur la logique et oublier les gros trous narratifs qui parsèment le film afin de profiter d'un maximum du suspense présenté. Et avec Tito Carpi, nous avons à faire à du lourd : un pan entier du cinéma bis soutient ce seul nom. Il se trouve derrière des dizaines de Western Spaghetti comme TUEZ LES TOUS ET REVENEZ SEULS, DJANGO ARRIVE PREPAREZ VOS CERCUEILS de Giuliano Carmineo avec George Hilton. Il renouvellera la collaboration avec le duo Carmineo/Hilton pour TESTA T'AMAZZO, CROCE... SEI MORTO... MI CHIAMANO ALLELUJA et sa suite ALLELUIA DEFIE L'OUEST... environ une centaine de films où se retrouvent pêle-mêle des fleurons comme TENTACULES, LES GUERRIERS DU BRONX 2, LES AVENTURIERS DU COBRA D'OR, THOR LE GUERRIER, ALIEN LA CREATURE DES ABYSSES... Tito Carpi : un homme indispensable ! Sur le papier tout du moins car selon le réalisateur dans son autobiographie, le scénario trouve son origine dans un premier jet écrit par Roberto Gianviti (auteur du VENIN DE LA PEUR, CROC BLANC et L'EMMUREE VIVANTE pour Lucio Fulci). Chose curieuse, car le générique ne mentionne que Tito Carpi...

Avec une composition entrainante de Stelvio Cipriani et des vocalises de Nora Orlandi pour couronner l'ensemble, tout se trouve en place pour réussir. Tout ? Non ! Car malgré le titre évocateur avec le chiffre "7" qui revient comme un leitmotiv dans le Giallo : LA DAME ROUGE TUA 7 FOIS, 7 SCIALLI DI SETTA GIALLA... malgré une distribution identifiée, malgré l'intrigue tordue... IL DIAVOLO A SETTE FACCE n'est pas un Giallo. Il emprunte quelques chemins de traverse, avec son triangle amoureux qui rappelle les oeuvres du couple Lenzi/Baker, avec une lame de couteau inquiétante, les attaques de la pauvre Carroll Baker. Avec son impressionnante garde-robe et sa collection de perruques, elle hurle toujours aussi bien depuis ses premières armes avec Umberto Lenzi !

Le film reste un thriller avec intrigue à tiroir et rebondissements qui décevront quelque peu les amateurs de bis transalpin. Osvaldo Civirani opte pour une mise en scène sage, proprette, qui évite soigneusement tout débordement. On note l'absence de violence opérative, d'érotisme sulfureux (hormis Lucretia Love qui révèle une partie de son anatomie !) et de suspense à couper au couteau. Aucune atmosphère d'épouvante à l'horizon. Osvaldo Civirani traite son oeuvre comme un suspense à intrigue internationale qui louche vers une structure de Krimi 60's genre L'ORCHIDEE ROUGE, piquant à droite à gauche ses influences – dont l'histoire d'assurance et de vol qui semble provenir de LA QUEUE DU SCORPION sorti quelques mois auparavant en Italie. En fait, si le réalisateur suit les traces de la structure du Giallo, c'est justement pour mieux s'en éloigner en évacuant le mécanisme de la peur. Ainsi la pseudo-attaque de Carroll Baker, au début du film, se révéle un gag publicitaire. Visiblement, le Giallo pur jus n'intéresse pas la production du film. Le métrage demeure assez standard, agrémenté de scènes d'action dans le dernier quart avec son lot d'invraisemblances. Vous devez voir Carroll Baker conduire un tractopelle pour comprendre la douleur.

Scénariste chevronné ne signifie donc pas forcément bon boulot. Et les incohérences commencent à pleuvoir dès la troisième minute avec Carroll poursuivie qui sort ses clés de voiture, les laisse tomber... mais pas grave, elle continuer à trottiner. Aucun sens de l'urgence ou du danger, juste un mouvement fonctionnel histoire de lancer le suspense. Puis Carroll toujours (et encore) poursuivie vers la fin du métrage qui tente d'ouvrir désespérément un petit portillon – alors qu'elle n'aurait qu'à l'enjamber pour continuer son chemin... Au diapason du métrage : inutile et inoffensif. Et des perles comme celles-ci, le film en regorge. De manière paradoxale, il s'agit en même temps de ce qui fait son charme. Ainsi une des meilleures scènes du film où l'héroïne se rend dans un grenier afin de découvrir un cadavre. Bel exemple de tentative gothique et sa cohorte de clichés (couloirs sombres, toiles d'araignées, gros plans, Carroll qui hurle…) : agréable rendu visuel mais impact quasi négatif sur la narration et le spectateur.

Civirani braque sa caméra sur Amsterdam pour l'ambiance exotique. Un choix inhabituel qui réserve des décors spectaculaires comme le circuit automobile de Zandvoort pour les scènes de courses. Nul doute que le couple Civirani/Tito Carpi a voulu réutiliser ce même circuit déjà visité pour leur précédente collaboration LE MANS CIRCUIT DE L'ENFER avec Lang Jeffries l'année d'avant ! On pointera aussi que Civirani y tournera aussi sa parodie avec le duo Franco Franchi et Ciccio Ingrassia dans DUE GATTONI A NOVE CODE... E MEZZA A AMSTERDAM. On aura droit ainsi à un rapide travelogue de la vie nocturne de la capitale néerlandaise pour le générique de début –et apercevoir un western italien projeté au cinéma Rembrandtplein Theater «DE RECHTER - EN DE LINKERHAND VAN DE DUIVEL», autrement dit ON L'APPELLE TRINITA, ce qui donne une bon moyen de connaitre le moment de tournage du film ! Et enfin, un final joliment mis en scène et photographié dans un (inévitable) moulin batave. Civirani n'oublie cependant pas ses sponsors : et pour une fois, nous n'aurons pas droit aux placements produits de la marque de whisky J&B si célèbre dans les Gialli, mais d'autres marques locales (cigarettes allemandes Peer, alcool), revenant à plusieurs reprises dans des plans bien sentis –sans oublier Alitalia. Déjà, à l'époque, cet aspect marketing battait son plein !

Passée la déception de ne pas assister à un Giallo d'origine, IL DIAVOLO A SETTE FACCE s'avère un agréable produit tue-le-temps. Un suspense rapidement éventé sur fond de gémellité contrariée et de gangs rivaux conduit une intrigue trouée mais élégamment mise en image. Il ne faut pas s'attendre à du grand cinéma commercial mais cette copie au format respecté fait découvrir le travail professionnel d'un habile faiseur.

Le film a débarqué sous format DVD en Italie dans la collection Cine Kult distribué par Cecchi Gori Home Video. Pour la première fois, il est ainsi possible de découvrir IL DIAVOLO A SETTE FACCE dans son format scope d'origine 2.35:1, avec 16/9e, d'une durée de 85mn39. Cela permettra de se libérer de l'épouvantable copie américaine sortie dans un pack de dix films chez Mill Creek Entertainment ou encore chez Alpha. A noter que le générique de la copie italienne visionnée pour cette chronique fait mention d'un film tourné en Kodak Eastmancolor et procédé «ReversalScope» (35mm et deux perforations, à l'instar du Techniscope). Ce système rarement utilisé et crédité est également mentionné pour MAIS... QU'AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE, ou encore dans MALLORY «M» COMME LA MORT de Mario Moroni. Pour finir, il faut mentionner que la durée de la VHS française de chez Socai Films est cependant d'une durée de 87 minutes.

Le DVD offre un menu animé très vintage, notamment dans l'accès par le chapitrage (18 chapitres), via des TV 70's du plus bel effet. Par contre, côté option sonore, il faudra se contenter de la version doublée italienne, le film ayant été visiblement tourné en grande partie en langue anglaise. La copie est d'une relative bonne tenue, à la définition agréable. Les détails apparaissent clairs à l'écran, qu'il s'agisse des travellings du générique du début, des plans extérieurs à Zandvoort ou des scènes de nuit. Ou comme le gros plan de la porte, à 6mn53, donnant à voir un niveau de détail inattendu. Pas de compression notable, ni d'effet de halo : nous nous trouvons gratifiés d'une copie très satisfaisante et qui permettent de profiter au mieux du travail de Walter Civirani à la photographie. Si l'on omet les quelques griffures et poussières qui ne gênent en aucune manière la vision.

Le meilleur du bonus demeure l'interview de George Hilton qui revient sur les origines de sa carrière et sa trajectoire. Plein d'entrain et toujours aussi classe, Hilton apporte un bon nombre d'anecdotes entre vie personnelle et vie professionnelle bourrées d'humour. Il a grand souvenir de ses Westerns, sa collaboration avec Edwige Fenech, la gueulante de Lucio Fulci... Le tout en italien et sans aucun autre sous-titre. Dommage que presque rien ne concerne vraiment le film même. Enfin, le fan de bis appréciera non seulement le film annonce original, mais également les neuf autres tirés du catalogue de la collection Ciné Kult.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
IL DIAVOLO A SETTE FACCE DVD Zone 2 (Italie)
Editeur
Cecchi Gori
Support
DVD (Double couche)
Origine
Italie (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
2.35 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Italien
  • Supplements
    • Entretien avec George Hilton (23mn37)
      • Films annonces
      • Il Diavolo a Sette Facce
      • Satanik
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