Header Critique : HELLRAISER III : HELL ON EARTH

Critique du film et du DVD Zone 1
HELLRAISER III : HELL ON EARTH 1992

 

Pinhead n'est pas mort. Enfermé dans le pilier des âmes, il attend son heure pour ressurgir et faire régner le chaos... L'opportunité tant espérée arrive bien vite en la personne de J.P. Monroe, un jeune et riche propriétaire de boite de nuit, grand adepte des plaisirs de la chair. L'homme achète donc le pilier et répond sans attendre aux souhaits du démon qui l'habite. Monroe abreuve la sculpture en sang chaud, espérant en échange que Pinhead lui permette d'accéder à des plaisirs suprêmes et insoupçonnés. Ce pacte mènera bien entendu à la libération du monstre et à un massacre que seule Joey, jeune journaliste hantée par l'image de son père mourant au Vietnam, pourra endiguer à l'aide de la fameuse boite de Lemarchand.

Comme ce fut le cas pour HELLRAISER : LES ECORCHES, la pré-production du troisième opus des HELLRAISER débute alors que le volet précédent n'est pas encore terminé ! Le délai d'attente pour le spectateur ne sera cependant pas le même et il faudra patienter quatre ans avant de pouvoir à nouveau côtoyer Pinhead… Ces retrouvailles manquèrent même d'être compromises puisqu'il fut un temps envisagé que le monstre sacré n'apparaisse pas dans ce nouvel opus. Un choix risqué qui fut révisé très vite au vu de sa notoriété grandissante. Reste que la production voulait quelque chose de très différent, un véritable tournant dans ce qui allait devenir une saga. En premier lieu, la franchise HELLRAISER traversera donc l'atlantique pour devenir américaine (le film sera cependant tourné au Canada). Un tel passage ne se fera bien entendu pas sans conséquence et le métrage devra porter les stigmates de ce changement de nationalité plutôt regrettable. Fini donc le cadre intimiste et l'exploration des désirs profonds de l'être que nous proposaient les deux premiers volets. Adieux de même à l'horreur crue, aussi envoûtante que repoussante, qui avait su faire de HELLRAISER une franchise unique... Nous entrons avec ce troisième volet dans le monde du «toujours plus» avec cependant, reconnaissons-le, une certaine intelligence et une volonté évidente de coller un tant soit peu au matériau d'origine.

Ainsi, après avoir déjà rédigé le scénario du volet précédent (HELLRAISER : LES ECORCHES), Peter Atkins (qui tient ici le rôle du barman cénobite) récidive et nous livre une nouvelle histoire qui prend suite directement après la précédente. Le maillon entre les deux métrages prendra la forme du pilier des âmes dans lequel est emprisonné Pinhead lors de sa précédente (més)aventure. Mais ce n'est pas tout. Clairement désireux d'instaurer une continuité dans le mythe, Atkins nous livre une série de clins d'œil nous ramenant aux deux premiers opus. Parmi ceux-ci, nous citerons le personnage du Capitaine Elliot Spencer, personnage révélé dans HELLRAISER : LES ECORCHES par la courageuse Kirsty Cotton. L'homme (interprété par Doug Bradley) nous était alors présenté comme un soldat désabusé par les horreurs de la guerre. Il ouvrira la boite de Lemarchand qui fera de lui le tristement célèbre Pinhead (toujours interprété, lui aussi, par Doug Bradley). L'affrontement entre le Capitaine Spencer et son double maléfique se poursuit donc dans ce troisième volet…

Un problème se pose cependant. Bien qu'enfermé dans le pilier des âmes, Pinhead se trouve désormais dans le monde «réel» alors que le Capitaine Spencer, mort depuis bien longtemps, se trouve dans ce qui pourrait être assimilé au Paradis de la religion Judéo-Chrétienne (le monde des cénobites pouvant être une représentation des Enfers). Le lien entre ces deux univers reste bien entendu la boite de LeMarchand, laquelle arrivera entre les mains de Joey, jeune femme traumatisée par la mort de son père au Vietnam... HELLRAISER III nous dévoile donc une troisième manière d'appréhender les «mondes» de l'univers HELLRAISER. Après nous avoir présenté un damné s'échappant des enfers (Frank dans HELLRAISER) et une vivante parcourant le domaine des démons à la recherche de son père (Kristy dans HELLRAISER : LES ECORCHES), voici que le «Paradis» et le monde réel s'associent pour renvoyer un cénobite dans son élément...

Mais avant cela, Pinhead va bien entendu semer le chaos. A la recherche de la fameuse boite capable de le ré-expulser en enfer, notre cénobite préféré va réaliser un véritable carnage. Cette scène, qui justifie à elle seule la vision du film, se situe aux deux tiers du métrage. La première partie étant essentiellement consacrée à la mise en place d'une trame proche de celle du premier volet (il y a là encore un pacte) avec toutefois de nouveaux protagonistes. Malgré une sensation de «redite» au sein d'un monde bien moins oppressant (nous passons d'un cadre intimiste à une ambiance de discothèque), cette première partie fonctionne plutôt correctement. Kevin Bernhardt (scénariste habile mais acteur à tendance nanardisante) est à l'aise dans son rôle de jeune riche plein aux as abusant de la gente féminine et sa relation avec Pinhead parvient sans mal à convaincre. Nous sommes bien loin de l'ambiance malsaine et de la tension palpable des épisodes britanniques de la saga mais le réalisateur Anthony Hickox (les WAXWORK) est un honnête faiseur qui s'acquitte convenablement de sa tâche...

Vient alors ladite scène, celle du massacre de la boite de nuit. Incroyable monument de barbarie s'étalant sur plus de cinq minutes. Les corps sont écorchés, déchirés, mutilés sans le moindre espoir de salut. La scène n'est bien entendu pas sans évoquer une version trash et totalement décomplexée du carnage final de CARRIE. Cette véritable séquence d'anthologie, dans laquelle se mêlent chair et métal, ne retrouvera un équivalent que bien plus tard avec le final déchaîné du SILENT HILL de Christophe Gans. HELLRAISER III atteint donc à cet instant des sommets de gore et de sadisme. Puis vient ce que les puristes appelleront le blasphème et ce que les autres désigneront comme le «moment fun du métrage» : Les cénobites.

Utilisateurs damnés de la Boite, les cénobites sont des êtres de souffrance, sado-masochistes jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'automutilation la plus vicieuse, la plus impensable. C'était du moins le postulat des deux premiers opus car ici, les cénobites deviennent les «soldats» de Pinhead, des humains «lambda» sélectionnés arbitrairement et confectionnés par leur nouveau maître, manifestement dérangé. «Dérangé» parce que nous n'avons plus là les icônes sado-masochistes auxquelles nous étions familiers, mais de simples pantins exterminateurs virant au risible. Un triste constat, véritable trahison de l'univers sombre de HELLRAISER au profit d'une lourdeur maladroite et malvenue... Reste que, pour la première fois de la série, Gary J. Tunnicliffe se chargera du design et du maquillage des cénobites. L'homme prend ici ses marques et si son travail n'est pas conforme à nos attentes, il n'en demeure pas moins de qualité. Ses ouvrages sur les volets suivants nous démontreront du reste l'incroyable talent du bonhomme.

Le métrage, maltraitant donc le ton général du mythe HELLRAISER et le sacrifiant sur l'autel de la série B couillue mais décalée, se termine enfin sur une image des plus inquiétantes : La vision d'un building entièrement construit à l'image de la boite de LeMarchand. Immeuble qui sera le point central de la portion contemporaine du métrage suivant. La continuité est donc assurée et ce même si ce premier épisode outre-atlantique sonne également le glas d'une saga qui s'était pourtant amorcée de manière exceptionnelle...

Mentionnons enfin rapidement la bande originale du film dans laquelle le groupe de Hard Rock britannique Motörhead fait une apparition remarquée. Leur participation compte en effet trois morceaux parmi lesquels nous citerons l'excellent «Born to raise Hell» qui, enregistré sur le tard, n'apparaît pas sur la bande originale du film…

HELLRAISER III n'est donc pas la suite espérée. Bien que la continuité de l'histoire soit assurée avec une certaine intelligence, nous ne retrouverons nullement l'ambiance des deux premiers volets. L'action, le gore outrancier et le spectaculaire passent dès lors au premier plan, transformant une saga glauque et intimiste en film d'horreur, certes bien torché, mais parfaitement quelconque. Reste la séquence de la discothèque, l'approfondissement du personnage du Capitaine Spencer et l'apparence amusante (ou révoltante, au choix) des cénobites nouvelle génération. Voilà qui n'est pas suffisant pour hisser le film au niveau des deux précédents opus, loin s'en faut.

Nous chroniquons ici l'édition américaine commercialisée par Paramount, laquelle fut avant sa sortie annoncée avec quelques bonus. Parmi ceux-ci, la présence de scènes coupées devait présenter un certain intérêt. La réalité est toute autre. Non seulement ce disque ne dispose pas de séquences supplémentaires mais en plus, il propose une version coupée du métrage ! Ne lui jetons cependant pas la pierre puisque c'est aujourd'hui le cas de la plupart des éditions DVD. Pour une version complète du film, il faudra se tourner par exemple vers le disque britannique édité par Anchor Bay. Les plus attentifs disposant de cette galette auront sans doute remarqué une légère baisse de qualité sur une petite dizaine de scènes du film. Il se trouve que ce sont précisément ces plans qui n'apparaissent pas dans nombre d'éditions, y compris celle distribuée par Paramount.

Étrangement, les très nombreux effets gores ne sont en aucun cas concernés par les coupes, plutôt anodines. On perd par exemple et en premier lieu quelques secondes lorsque Joey arrive dans la discothèque. Après son entrevue avec J.P. Monroe, une séquence de danse topless disparaît également, suivi d'un court dialogue avec le DJ. A la dix septième minute, ce sont pratiquement trente secondes qui se volatilisent, alors que celles-ci ne dévoilaient qu'une poignée de clients sortant de la boite de nuit. Une minute complète disparaît à la quarantième minute environ. Comme on peut le voir sur le disque anglais, cette séquence nous montrait Terry assise dans un café, manifestement mal à l'aise et en proie à des visions. Les errances de Joey au sein des tranchées de la première guerre mondiale sont également amputées de quelques têtes tranchées et d'un crâne. Faisant directement suite à cela, une séquence en Inde en compagnie du Capitaine Elliot Spencer disparaît elle aussi de la galette américaine. Finissons enfin notre petit tour en signalant la perte de quelques secondes lors de l'arrivée de Joey au coeur de la discothèque ravagée. Une jambe tranchée n'est plus là, de même que deux plans dédiés à des langues !

DVD Z1 Paramount
DVD Z2 Anchor Bay UK
DVD Z2 Videodis

Nous retrouverons les mêmes coupes sur, par exemple, le disque Belge de Videodis dont la qualité s'avère du reste très médiocre. Pourquoi dans ce cas l'évoquer ici ? Tout simplement parce que contrairement aux éditions Paramount américaine et Anchor Bay anglaise, celui-ci offre un transfert en Open Matte. Comprenez par là qu'il ne respecte pas le cadrage cinéma au ratio 1.85 mais invite à un visionnage en 1.33 offrant davantage d'image en haut et en bas. Peu d'intérêt cependant, d'autant que la piètre qualité du transfert rend ce disque bon marché peu recommandable. La galette Paramount offre quant à elle une image de qualité, au cadrage strictement identique à celui de l'édition anglaise. L'encodage en 16/9ème offre une définition très satisfaisante et la compression sait se faire aussi discrète que les défauts de pellicule. En terme d'image, cette copie au ratio 1.78 peut donc sans mal être conseillée...

DVD Z1 Paramount
DVD Z2 Anchor Bay UK
DVD Z2 Videodis

Sur le plan sonore, nous aurons droit à la version originale anglaise, en stéréo. Pas de surprise ici, la piste est claire et restitue parfaitement l'ambiance. La boite de nuit est ainsi très agitée, ce qui ne masque pas pour autant les dialogues, tous parfaitement audibles. Cette unique option sonore sera secondée par un sous-titrage anglais jaune, moche, mais lisible et correct.

En terme de bonus, nous aurons droit à la bande annonce d'origine, présentée en 1.33 via un encodage 4/3. Mais le gros morceau, c'est le documentaire «Clive Barker, The Art of Horror» dont la durée s'étale sur près d'une demie-heure. On y voit Clive Barker nous parler de ses débuts, de ses sources d'inspirations, de son amour pour la mythologie. Le propos n'est pas inintéressant et s'accompagne de belles images et de divers croquis. On évoque également le merchandising et au détour de certaines phrases, l'auteur nous apparaît surtout comme un business man plutôt fier. Impression renforcée par l'énorme cigare qu'il agite plus qu'il ne fume. Terminons en précisant que le propos n'est pas lié à la saga HELLRAISER mais touche l'ensemble des travaux du monsieur, sans aller jusqu'à HELLRAISER III. Comme sur le film, un sous-titrage anglais vous épaulera dans votre compréhension du document...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
HELLRAISER III : HELL ON EARTH DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h33
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Clive Barker, The Art of Horror
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