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Critique du film et du DVD Zone 1
THE BROTHERHOOD V : ALUMNI 2009

 

Pourquoi arrêter d'exploiter un filon alors que la demande existe toujours ? La chaîne de télévision américaine Here ! a donc passé un deal avec le réalisateur David DeCoteau, en lui commandant pas moins de six films pour la diffusion sur le câble. Parmi ces métrages, on trouve donc la quatrième séquelle de la populaire série des THE BROTHERHOOD, à savoir THE BROTHERHOOD V : ALUMNI.

Le soir du bal de fin d'année du Lycée Sunnydale High, Leslie (Oskar Rodriguez), un jeune lycéen sujet à des moqueries, est retrouvé mystérieusement assassiné. Un an après, chacun des protagonistes présents reçoit une invitation qui les force à revenir sur les lieux du crime. Ils vont se trouver pourchassés et tués par quelqu'un qui souhaite se débarrasser d'eux.

Autant le dire de suite : ce film n'a qu'un lien plus qu'éloigné avec la série des BROTHERHOOD. Pas d'initiation, pas de formation clanique… il doit beaucoup plus à la structure d'œuvres comme BIZUTAGE MORTEL ou encore FINAL SCREAM. THE BROTHERHOOD IV : THE COMPLEX ayant bénéficié d'un budget plutôt confortable, d'un effort scénaristique et visuel évidents, il était permis d'aborder ce nouvel avatar avec une certaine sérénité. Après les deux visions qu'il a fallu faire pour rendre compte à toi, cher lecteur, de l'étendue des dégâts, il nous est possible de dire : oui, c'est le pire de la série.

Comme le cahier des charges semble bien pourvu, faisons gaiement l'inventaire des passages obligatoires. Le groupe de garçons déshabillés avec sous-vêtements blancs pour les gentils, noirs pour les méchants ? OK. Personnages féminins sortis tout droit de ROMY & MICHELLE HIGH SCHOOL REUNION, soit avec au moins dix ans de plus que l'age requis pour un bal de fin d'année ? C'est bon. Je suis un homme et dès que j'entre dans un vestiaire, je vois une douche et une irrésistible envie de me laver pendant neuf minutes me saisit les tripes ? Présent. Je suis une fille et je cours comme je peux sur mes talons hauts pour me cacher parce que je suis poursuivie par on ne sait quoi ? Yes. Les acteurs et actrices qui jouent comme des tartes ? Check. Scénario qui tient sur un timbre poste ? Absolument.

Il semble que tout soit en place… alors, où est-ce que ça coince ? Tout d'abord la scène d'ouverture... Une pure merveille de non-sens, un supplice de lenteur avec un acteur (Oskar Rodriguez) qui joue horriblement mal - ou qui ne sait pas jouer. A moins qu'il ne soit mal dirigé, au choix. Le résultat est le même : au secours ! Un huitième du métrage est consacré à une très loooooooooooongue déambulation dans des couloirs vides à entendre prononcer un prénom puis, ô joie, tiens, un vestiaire. Et si je prenais une douche ? il n'y a qu'à demander et nous voilà servi. Une scène de douche. Mais attention, ultra-soft et surtout là aussi, très très très très longue. Interminable. On se demande comment les acteurs ne sont pas atteints de desquamation après un tel tournage.

Ensuite le scénario. Pour la première fois, le scénariste attitré de la série, Matthew Jason Walsh, est absent du générique. Un obscur Moses Rutegar (pseudo ??) qui opère la spectaculaire performance d'écrire un véritable vide scénaristique. Il s'agit d'un «whodunit» mais bricolé de telle façon que tout semble en parfait déséquilibre la plupart du temps. Des poursuites molles, des péripéties éculées, des lignes de dialogues ahurissantes de stupidité et de désintérêt total, des scènes de fesses plates et anti-érotiques… pour se réveiller dans les dix dernières minutes du film, en effet, il va falloir tenir éveillé jusque là pour finalement avaler le peu de suspense que contient le métrage. Avec la révélation du tueur en fin de parcours et l'explication de texte de rigueur. Tout ça pour ça, pourra-t-on soupirer d'un air lelouchien désemparé. Et de se demander pourquoi le scénariste n'a-t-il pas développé une amorce de suspense dès le début du film ?

La mise en scène n'arrange hélas pas grand-chose. Si la marque de fabrique soignée de l'image est toujours de rigueur, DeCoteau retombe dans les travers d'une pénibilité et d'un lenteur pesantes. Clairement, dès qu'un scénario montre des signes de fatigue, le cinéaste se croit obligé d'user et d'abuser de scènes de ralenti, d'exposition statique avec caméra vissée sur le sol ou de marche nocturne sans but réel. Puis bien sûr, il aligne de longs panoramiques sur les corps masculins de ses modèles «acteurs», prenant le soin de s'arrêter soigneusement au-dessus de la ceinture. Cette pudeur reste par ailleurs assez curieuse, la chaine Here ! ayant diffusé des séries comme DANTE'S COVE ou encore THE LAIR, bien plus hardies en représentation corporelle et quota de chairs dénudées, toutes sexualités confondues. Ici, les jeunes hommes sont certes gaillardement filmés mais ils semblent s'ennuyer fermes. Et ce qui faisait la nouveauté et donc l'originalité, il y a dix ans de cela, de métrages comme VOODOO ACADEMY ou encore THE FRIGHTENING apparaît ici à côté de la plaque, comme si le cinéaste n'y mettait plus du sien. Il filme mécaniquement des scènes piètrement agencées et l'homo érotisme n'y est même plus titillatoire. Voir la scène entre les deux garçons dans le gymnase, absolument pathétique et s'arrêtant pile poil où il ne faut pas (ou au contraire, où on aimerait bien que ça continue). Et rebelote avec la scène à trois avec Maria Aceves, à peine digne de la série rose de France 3, datant d'il y a 25 ans. DeCoteau, un puritain en devenir ?

DeCoteau souffrirait-il du syndrome du cinéaste stakhanoviste qui tourne en rond ? Panne d'inspiration ? Panne tout court ? Car la pente descendante amorcée depuis quelques temps (depuis un GRIZZLY RAGE de sinistre mémoire) n'est pas loin du bord du gouffre, tant on sent une économie de talent à quasiment tous les étages. Cela rappelle des œuvres tout aussi vides de narration comme BROTHERHOOD III ou encore SPEED DEMON, d'une mollesse sans nom. Il y va aussi du choix de ses protagonistes. C'est bien joli de les prendre (sans jeu de mots, bien sûr !) sur leur physique, mais encore faut-il qu'il aient pris des leçons de comédie. Entre la fille de Judy Landers (qui avait tourné avec David DeCoteau l'excellent DR. ALIEN !) qui a été très probablement choisie pour son statut de «fille de» avec la présence outrancière d'un jambonneau en phase terminale et la ribambelle de bellâtres interchangeables qui rivalisent d'inexpressivité, le spectateur n'est vraiment pas gâté. Hagard, il peut regarder sa montre ralentir au fur et à mesure que les 86 minutes s'égrènent. Car, en effet, l'impression d'assister à un métrage deux fois plus long qu'il n'est réellement se fait cruellement sentir. Aucun sens de l'urgence, suspense à l'encéphalogramme plat, des attaques pitoyables, pas une goutte de sang, pas de chair transpercées… Rien de pire qu'un film se voulant horrifique et n'offrant aucun acte horrible à se mettre sous la dent !

A noter qu'il s'agit toujours du fidèle Danny Draven qui s'occupe du montage du film. Honte du produit ou obscures raisons de syndicat local, il signe sous le pseudo de Jack Harckness (comme il le fit pour THE INVISIBLE CHRONICLES, par exemple). Peut-être a-t-il monté cela à la hâte ? Car le résultat n'est vraiment pas probant. La seule chose à sauver, comme à l'habitude, reste le cadre et l'image toujours très soignés. Un bien maigre bilan et notre patience qui commence à se trouver mise à rude épreuve.

Fini le format scope qui lui permettait d'explorer son goût du cadre choisi et de la profondeur de champ que David DeCoteau affectionne généralement (quoique apparemment PUPPET MASTER : AXIS OF EVIL a été tourné en format anamorphique ?). A l'instar des autres téléfilms tournés pour Here ! (THE INVISIBLE CHRONICLES, PLAYING WITH FIRE, THE PIT AND THE PENDULUM, THE RAVEN...), BROTHERHOOD V se présente en format 1.78, doté d'un signal 16/9ème. Tourné en DV, le transfert demeure honorable, faisant la part belle aux éclairages bleutés et lumineux. Ceci dit, il ne faut pas chercher trop loin, les contrastes demeurant limités et quelques effets de moirage se font remarquer dans les scènes les plus sombres. Un mixage en 5.1 à peine honorable vient compléter le tableau, avec en point d'orgue les inévitables orages et éclairs. Mais les dialogues restent orientés vers les voies avant, les canaux arrière s'animant que trop irrégulièrement.

Côté bonus, on se trouve gratifié du tournage d'une scène en intégral, celle de l'agression de Lindsay Landers dans la scène du bal désertée. Répétition, filmage… sans aucun montage. Près d'une heure prise sur le vif soit presque autant que la durée du film lui-même ! Après quelques dizaines de minutes, il faut avouer qu'il faudra beaucoup de courage pour aller au-delà et on peut être amené à se demander quelle peut être la finalité de tout mettre sur la galette, hormis pour les fans les plus hardcore. Néanmoins, cela donne tout de même un indice sur la pauvreté du budget globale. Accessoires, costumes, équipe : tout est à l'économie maximale.

Ce qui n'empêcha pas David DeCoteau d'enchaîner sur une cinquième séquelle tournée en parallèle et nommée THE BROTHERHOOD VI : INITIATION qui devrait débarquer sans crier gare sur le marché du DVD incessamment sous peu. Et comme si la soif de séries B made in David DeCoteau ne suffisait pas, il faudra aussi compter sur l'arrivée prochaine de pas moins de sept autres films en plus de ceux déjà énoncés plus haut étancher sa soif ! STEM CELL, ALIEN PRESENCE, BODY BLOW, SON OF A WITCH, FOOD OF THE GODS, NIGHTFALL et le très attendu PUPPET MASTER : AXIS OF EVIL. Ca fait pas mal de boulot qui nous attend. Mais en aurons-nous encore envie ? Serons-nous encore en vie ? Dans quel état j'erre ? L'avenir nous le dira !

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
THE BROTHERHOOD V : ALUMNI DVD Zone 1 (USA)
Editeur
E1 Ent.
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Making Of (52mn02)
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