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Critique du film
THE FOG 1980

 

A Antonio Bay, une petite ville portuaire de Californie du Nord, un vieux loup de mer raconte à des enfants une légende. Il y a tout juste cent ans, un navire s'est échoué sur des récifs au large de la ville. Les marins noyés reviendront hanter les habitants un siècle après leur disparition.

La même nuit, des incidents curieux ont lieu. Des habitations tremblent, des objets tombent, des vitres se cassent, une étrange nappe de brouillard avance contre le vent... Perdu dans cette brume, un navire de pêche est accosté par un mystérieux voilier...

Avec LA NUIT DES MASQUES en 1978, son troisième long-métrage pour le cinéma, John Carpenter décroche le succès commercial et critique qui lance sa carrière pour de bon. Juste après, il tourne le téléfilm ELVIS, dédié à Elvis Presley. Le rôle-titre est tenu par Kurt Russell, ex-acteur enfant de productions Disney comme L'ORDINATEUR EN FOLIE ou L'HOMME LE PLUS FORT DU MONDE. Le comédien et le réalisateur vont devenir indissociables durant la décennie suivante.

John Carpenter doit maintenant se remettre au cinéma. Il a l'opportunité de travailler pour la première fois pour un studio, à savoir l'indépendant Avco-Embassy, avec lequel il signe un contrat pour deux films. Ce seront FOG puis NEW YORK 1997.

John Carpenter écrit donc FOG, encore un film d'épouvante, en collaboration avec Debra Hill comme LA NUIT DES MASQUES. Il fait revenir des acteurs de ce dernier métrage, comme Jamie Lee Curtis dans le rôle d'une jeune fille moins coincée que Laurie Strode. Carpenter emploie aussi la mère de cette comédienne, Janet Leigh, Star MGM dans les années cinquante et célèbre pour son rôle dans PSYCHOSE.

C'est la première fois que John Carpenter tourne avec Tom Atkins (NEW YORK 1997, HALLOWEEN III : LE SANG DU SORCIER) et il offre à Adrienne Barbeau (rencontrée sur le téléfilm intéressant MEURTRE AU 43ÈME ÉTAGE) son premier rôle au cinéma. Dean Cundey (LA NUIT DES MASQUES, THE THING) signe à nouveau la photographie et John Carpenter compose la musique du métrage, comme pour ses précédents films.

C'est aussi la première collaboration entre le maquilleur Rob Bottin et John Carpenter. Rob Bottin n'a alors à son actif que les maquillages du PIRANHAS de Joe Dante. Dans FOG, il prête aussi sa silhouette massive au spectre du capitaine Blake. Il collaborera encore avec Carpenter pour les prodigieux effets spéciaux de THE THING en 1982, et deviendra une star du maquillage avec ses travaux sur HURLEMENTS et L'AVENTURE INTÉRIEURE de Joe Dante, ou encore LEGEND de Ridley Scott.

John Carpenter met en place une ambiance angoissante dès le début de FOG. Jouant pour cela sur l'accumulation d'incidents étranges, sur un son soigné et une musique aussi sobre qu'efficace, laquelle mélange, comme dans LA NUIT DES MASQUES, accords répétitifs au piano et rythmes électroniques.

Surtout, la photographie bleue-nuit est particulièrement réussie. John Carpenter utilise aussi, pour donner une impression écrasante, les vastes paysages côtiers de Californie du Nord, avec ses grandes landes et ses longues plages. Cette ambiance d'épouvante maritime, baignée de légendes effrayantes, rappelle certainement Lovecraft. Mais ce n'est pas la seule référence de Carpenter qui pour ce métrage s'éloigne des atmosphères urbaines et contemporaines de ASSAUT et LA NUIT DES MASQUES.

Ici, il s'inspire en effet du cinéma gothique des années soixante pour créer ses nuits embrumées très évocatrices, tandis que son histoire de naufrageurs et de vieux loups de mer évoque des souvenirs du FASCINANT CAPITAINE CLEGG ou des CONTREBANDIERS DE MOONFLEET. Il pioche aussi dans des légendes de fantômes typiquement américaines, rappelant Edgar Poe ou « La légende de Sleepy Hollow ».

FOG a aussi la particularité de fonctionner comme un film-catastrophe, presque comme un film chorale. L'action se situe à l'échelle d'une petite ville et nous suivons les aventures de personnages variés qui ne se croisent parfois qu'assez peu. Comme dans LES DENTS DE LA MER, nous trouvons une ville maritime sur le point d'organiser une grande fête, sous la férule d'une maire énergique. Mais cet événement va être perturbé par l'irruption de spectres accompagnés d'un brouillard surnaturel, incarnations de la culpabilité des fondateurs d'Antonio Bay, du péché originel sur lequel s'est construite la fortune de la ville.

Les manifestations des fantômes sont rares. La plupart du temps, elles se limitent à des silhouettes dans le brouillard ou à une main armée d'un crochet ou d'un sabre. Leur aspect énigmatique ne les rend que plus mystérieux et terrifiants. La vraie star, le vrai monstre du film est le brouillard qui s'infiltre partout et accompagne les apparitions des revenants. Dans des plans hallucinants, du brouillard rampe sur une route, avance dans les rues d'une ville ou encercle une maison. Autre image saisissante : l'apparition des spectres aux yeux luisants en plein cœur d'une église.

Enfin, Carpenter nous sert quelques scènes d'action dont il a le secret, avec son habituel sens du tempo et du suspense. Nous avons ainsi le siège de l'église ou du phare par les spectres. Ces séquences à l'efficacité imparable nous rappellent que le réalisateur d'ASSAUT ou de VAMPIRES est un grand fan des westerns classiques américains.

La genèse de FOG est néanmoins compliquée. John Carpenter, très insatisfait du premier montage, retourne en grande partie le métrage pour un meilleur résultat. Il en ressort l'impression d'un film inégal, son deuxième tiers se traînant un peu par exemple. Le métrage est moins tenu et rigoureux qu'ASSAUT ou LA NUIT DES MASQUES. Mais cela n'empêche pas FOG de trôner aux côtés de THE THING ou LA NUIT DES MASQUES parmi les meilleurs Carpenter, de rester un très bon film, un classique de son metteur en scène et de son époque.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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