Header Critique : VENDREDI 13 (FRIDAY THE 13th) - 1980

Critique du film et du DVD Zone 2
VENDREDI 13 1980

FRIDAY THE 13TH 

En 1958, une série de meurtres conduit à la fermeture du camp de vacances de Crystal Lake. Une vingtaine d'années plus tard, une équipe de jeunes moniteurs se rend sur place pour préparer la réouverture de l'endroit. Ce qui aurait dû être le prélude sympathique à la période estivale va se transformer en un jeu de massacre.

La création de VENDREDI 13 n'a pas du tout suivi une démarche artistique. Déjà producteur de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE, Sean S. Cunningham cherche le bon filon pour continuer sa carrière. Les deux comédies familiales qu'il a produites et réalisées à la fin des années 70 ne l'aident pas à sortir de l'anonymat et il va donc reprendre la route de l'horreur en constatant que le HALLOWEEN de John Carpenter vient de triompher sur les écrans américains. A partir de là, il trouve le titre FRIDAY THE 13th et commence à démarcher d'éventuels financiers pour monter le projet. Son écriture est confié à Victor Miller, qui s'empresse donc d'aller voir HALLOWEEN pour en retirer la substantifique moelle afin de constituer le squelette de leur film. Ce qui va engendrer une dizaine de suites est, à vrai dire, une incarnation de ce que l'on pourra appeler le cinéma Bis. Comme ce terme qualifie fréquemment le cinéma populaire européen, et plus particulièrement italien, certains voient d'ailleurs dans VENDREDI 13 des influences en provenance de LA BAIE SANGLANTE que Mario Bava tourna une dizaine d'années plus tôt. Dans les deux métrages, un tueur mystérieux élimine les acteurs du film de manière brutale et à l'arme blanche. Le film de Mario Bava étant, en quelque sorte, le chaînon manquant entre le giallo italien et le slasher américain. Bien que Victor Miller n'avoue s'être inspiré que de HALLOWEEN, on retiendra d'autres similitudes avec LA BAIE SANGLANTE, ce qui met VENDREDI 13 un peu en marge des slashers. Dans le canevas habituel du slasher, le tueur est généralement défini et il ne plane donc pas vraiment de doute sur son identité. Le premier VENDREDI 13, au contraire, n'établit pas encore nettement la personnalité, pourtant très linéaire, du personnage («Moi, je tue des jeunes !»). Bien au contraire, le tueur central de la dizaine de films qui vont suivre ne sera pleinement défini que lors des deuxième et troisième chapitres (lorsqu'il se mettra un sac sur la tête, puis s'affublera d'un masque de hockey) ! Que ce soit en 1958 ou dans les années 80, le mystère plane donc sur ce qui prend un malin plaisir à découper les moniteurs du camp de vacances de Crystal Lake.

VENDREDI 13 a bénéficié d'un excellent timing car le film n'a pas à proprement parler de grandes qualités cinématographiques. Le scénario est plutôt basique jusqu'à sa révélation finale et la réalisation, toute honnête qu'elle soit, ne dépasse pas le cadre d'un film de série. A partir de là, le métrage de Sean S. Cunningham aurait très bien pu passer inaperçu. Ce ne sera pas le cas puisque le film va battre des records au box-office américain en faisant la nique à des productions aussi sérieuses que KRAMER CONTRE KRAMER. Il faut donc s'intéresser aux images du film qui apportaient leur lot de chocs en tout genre. Derrière les sanglantes mises à mort qui l'émaillent, on trouve un certain Tom Savini, qui s'était illustré en produisant les effets de maquillage de ZOMBIE. Le maquilleur va ainsi redoubler d'ingéniosité pour mettre à l'écran des images graphiquement impressionnantes (flèche qui perce une gorge, hache plantée dans une tête...). Avec ces images sensationnelles qui viennent donc épicer un cadre très réel aux yeux du jeune public visé, le choc, en 1980, est assuré. Le gore n'est pas particulièrement nouveau à l'époque mais ce film indépendant va être très largement distribué par la Paramount, toujours aux Etats-Unis, qui le prend sous son aile.

Mais ne faisons pas non plus la fine bouche face à ce VENDREDI 13. Oui, le film est une création mercantile et sa confection est d'une extrême simplicité. Il n'en reste pas moins que l'on peut sans problème tirer un certain «plaisir» à la vision de l'hécatombe qui asperge l'écran. La mise en scène sans génie s'efface devant une petite ambiance bien réelle générée par l'attente d'un prochain choc. De ce fait, VENDREDI 13 joue avec le spectateur de la même façon que le théâtre de marionnettes fait participer les enfants. Les situations stressantes sont principalement suscitées par l'implication du spectateur qui ne prendrait jamais les mêmes décisions que les personnages se dirigeant vers une mort annoncée. En tout cas, le film ne cache guère ses ambitions en mettant bien en évidence la banalité des actions de ses victimes alors que ces dernières sont finalement transcendées par le mystérieux tueur à coups de hache, de couteau ou d'autres armes tranchantes. VENDREDI 13 n'a rien d'un spectacle intelligent et sophistiqué. Il séduira son auditoire ou bien sera détesté au premier contact, à l'instar du motif musical très particulier imposé par le compositeur Harry Manfredini.

Lors de sa sortie, le film sera donc un gros succès. Si cela n'avait pas été le cas, il n'aurait pas connu de nombreuses suites (de qualité inégale) et autant de copies. BLACK CHRISTMAS, puis HALLOWEEN avaient déjà posé les premières bases mais c'est bel et bien VENDREDI 13 qui aura synthétisé les règles du genre. Après son succès, les producteurs seront nombreux à proposer des carnages en tout genre, mais sans instaurer de réels changements par rapport à "l'original", qui est devenu le mètre étalon du slasher.

Lorsque le film sort dans les salles américaines, une partie des effets sanglants ont été adoucis après un passage devant la MPAA. Du côté de l'Europe, cela se passera différemment. Paramount ne s'est occupé que des Etats-Unis et c'est Warner qui va assurer la distribution sur le vieux continent (à l'exception de quelques pays). Le film n'y aura pas été retouché par la «censure» américaine. Lorsque Paramount va sortir le film aux débuts du DVD, ce sera donc la version cinéma diffusée dans les salles américaines dans laquelle quelques petites coupes ont été opérées. Il aura fallu attendre longtemps avant que Warner se décide à distribuer le film en Europe et patienter encore davantage pour qu'il arrive en France. Le DVD disponible dans nos contrées est donc la version la plus longue du film sortie sur ce support. Les Américains ont bel et bien eu droit à un coffret, accompagné de suppléments, reprenant tous les films détenus par le studio. Le montage du premier VENDREDI 13 s'est ainsi trouvé enrichi de quelques images mais l'ensemble est encore léger par rapport au DVD français !

Pour un film à petit budget, tourné au début des années 80, l'image proposée sur le DVD est une très belle surprise. On y trouvera quelques soucis inhérents aux conditions de tournage ou bien des défauts de pellicule. Rien qui ne gâche le plaisir de redécouvrir le film de nos jours avec un transfert 16/9 et au format 1.77 (et non pas 1.85 comme indiqué sur le boîtier). Le tout est sonorisé avec des pistes en mono d'origine, que ce soit pour la version originale sous-titrée ou le doublage français. Bien qu'un peu plates, les pistes audio font sonner agréablement la musique d'Harry Manfredini et nous agressent correctement les oreilles avec les hurlements des actrices.

Après le visionnage du film, on pourra s'orienter vers «Return to Crystal Lake», un documentaire d'une vingtaine de minutes narrant la création du long-métrage. Réalisé en 2003, ce documentaire convoque le réalisateur, le scénariste, le compositeur mais aussi les actrices Betsy Palmer et Adrienne King. Chacun y va de son anecdote, on apprend ainsi que Betsy Palmer a accepté le rôle uniquement pour pouvoir se payer une voiture mais on découvre également la provenance du motif musical, qui sera réutilisé sur la plupart des films de la série. Sympathique, pas ennuyeux une seconde et sans langue de bois, ce petit documentaire s'avère très agréable. Néanmoins, il y avait probablement encore plus à dire sur le sujet. Du coup, on espère que le commentaire audio va venir combler les zones d'ombre ou bien nous proposer encore plus.

Tout d'abord, cette piste audio n'est pas sous-titrée, une habitude chez l'éditeur, cela limitera donc sa compréhension aux personnes maîtrisant l'anglais. Ensuite, il ne s'agit pas d'un commentaire audio mais d'un montage d'interviews des mêmes interlocuteurs déjà vus dans le documentaire. Plus gênant, ils répètent les mêmes choses, parfois de façon plus développée. Autant dire qu'il aurait été plus intelligent de proposer un documentaire moins court plutôt que de recycler les chutes d'interviews dans cet assemblage audio. Cela n'empêche pas les révélations amusantes comme celle de Victor Miller qui avoue que le cinéma d'horreur, ce n'est pas son truc et qu'il aurait préféré écrire un métrage dans le genre de Y A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION. Les interventions ne collent que rarement aux images qui défilent à l'écran, ce qui rend d'autant plus rageant ce recyclage. On pourra néanmoins se consoler en finissant le visionnage de cette édition DVD avec la bande-annonce.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Le mètre étalon d'un genre
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L'édition vidéo
FRIDAY, THE 13TH DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Italian Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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