LE MEILLEUR ET LE PIRE DE 2015 PAR LAURENT SAVOYEN

21 mars 2016 
LE MEILLEUR ET LE PIRE DE 2015 PAR LAURENT SAVOYEN

Les cinémas fantastique-SF-horreur et moi, c'est une histoire d'amour-haine depuis maintenant plusieurs années. Et ce n'est pas 2015 qui dérogera à la règle. Définitivement l'impression que seuls les festivals et les sorties directes en vidéo offrent encore une oasis à un cinéma de genre différent, transgressif, provocateur, si ce n'est réflexif. Jamais autant de fantastique en salles, mais un imaginaire aseptisé, abêti, usiné à la chaîne, n'ayant même pas pour lui l'avantage de formes attrayantes.

Mais la passion cinéma reste présente, et nous pousse à nous tourner vers d'autres horizons, au propre comme au figuré. Toujours à la recherche d'émotions, de sensations, d'images et de sons. Bouleversé, enivré, je l'aurai été de nombreuses fois cette année, mais par d'autres genres, d'autres formes. Auxquels je tiens ici à rendre hommage. De l'Italie à la Corée, en passant par l'Inde, du brûlot social au mélodrame, en passant par le teenage movie, la toile du Monde Cinéma brille encore de mille feux.

A l'instar de TAG de Sono Sion projeté l'année dernière à l'Etrange Festival. Traité de façon vidéo ludique, le parcours en trois étapes d'une jeune fille, à l'aube de sa vie de femme. Trois niveaux, trois visages, au sens propre, pour un spectacle exténuant, foutraque, parfois outrageusement gore. Au final, un bel hymne à la «libération» féminine, lancé à la gueule d'une société otaku. Par un réalisateur pantagruélique qui ne cesse d'assurer, n'en déplaise aux détracteurs.

Voici donc mon classement des films «Fantastique» vus en 2015 et malgré la numérotation, ils sont présentés dans les deux cas par ordre alphabétique.

Laurent Savoyen

LE MEILLEUR DE 2015 POUR LAURENT SAVOYEN

  1. A LA POURSUITE DE DEMAIN

    Enfin, de la SF prospective pop, fun, fraîche. Un rythme entraînant qui redonne goût à l'enfance. Si on a eu la chance de ne rien savoir ou presque du film à l'entrée de la salle, on ne sait décidemment pas où vont nous entraîner ces situations pleines de rebondissements. C'est devenu (très) rare. (Walt) Disney redoré par un réalisateur neo-rétro qui n'a plus rien à prouver.

  2. AU CŒUR DE L'OCÉAN

    Le souffle de l'Aventure. Le plaisir de se voir conter une histoire au long cours, avec des personnages archétypes bien campés. C'est classique, prenant, ménageant le drame intime et le spectacle. C'est aussi filmé de manière parfois étonnante. Et, à aucun moment, on ne pense aux CGI, ni aux fonds verts. Je ne sais pas si c'est «fantastique», c'est en tout cas du grand cinéma. Une certaine idée, à l'ancienne, de la production de studio, par un réalisateur revenu de loin.

  3. I

    Un bon gros foutoir. Quand de grands mythes du conte, de la Belle et la Bête au Fantôme de l'Opéra (voire «of the Paradise») rencontrent l'univers du culturisme (!), on obtient ce spectacle hors du temps, hors du monde, typique d'une certaine industrie melting-pot du sud de l'Inde. On déguste, au risque de l'indigestion. En tout cas, ça dépote, la caméra virevolte, le montage essouffle et les couleurs claquent. Avec Vikram, acteur protéiforme, supporté ici par les magiciens de Weta. Par un réal', Shankar, qui semble ignorer ce qu'est la demi-mesure.

  4. PRÉMONITIONS

    Le polar qu'on n'attendait pas. Une enquête glauque, dans l'air du temps, qui débouche sur du vrai fantastique. Un profiler, dont les visions mènent le montage du film au sens propre, affronte son pendant maléfique, qui tarde à apparaître, dans une mécanique implacable. Laissez-vous porter, ça peut le faire. Par un réalisateur brésilien nouveau venu, qui arrive à faire de la mise en scène de cinéma avec ce qu'il a sous la main.

  5. RENAISSANCES

    De la bonne SF introspective qui donne toute sa place à l'humain, il est vrai que le thème du transfert de personnalité nécessite peu de moyens. Un peu d'action, beaucoup de dilemme, dans un road-movie qui permet la mise en scène d'une certaine americana. D'une séquence à l'autre, la surprise peut être au rendez-vous. Tarsem en profite pour glisser ses obsessions picturales, architectures et symboles. Je suis preneur.

LE PIRE DE 2015 POUR LAURENT SAVOYEN

  1. AVENGERS : L'ÈRE D'ULTRON

    Triste sensation que de voir une formule littéralement imploser sous nos yeux. L'indécence du spectacle à l'état pur. Ca dégueule d'images de synthèse de partout, la caméra ne sait pas se poser (pour l'esprit BD, on repassera !). La notion de montage est foulée du pied. Ca oublie surtout de raconter une histoire. Les personnages finissent jetés dans le fossé de la caractérisation. Précision : Je vis avec ces personnages de papier depuis plus de 40 ans. Mon rêve, si j'en avais un, n'aura pas duré longtemps...

  2. CHAPPIE

    Triste sensation que de voir un réal' qu'on commençait à apprécier, littéralement imploser sous nos yeux. De la SF abrutie, qui bouffe à tous les râteliers, pour n'en ressortir qu'ironie et imbécilité (le bling-bling de la culture du ghetto). Les personnages outranciers sont interprétés par des acteurs, ô combien célébrés par ailleurs, en roue libre. Y avait-il vraiment quelqu'un derrière le combo ?

  3. LA DAME EN NOIR 2, L'ANGE DE LA MORT

    La malédiction du «2» a encore frappé. Ou quand un film qui avait su redonner quelque éclat à une certaine forme surannée de la peur, cède de nouveau la place à l'ennui et la vacuité des couloirs. Une photographie et une lumière d'un sombre absolu, et la somnolence peut commencer. Retour à la case départ, enfin arrivée.

  4. DOCTEUR FRANKENSTEIN

    Triste sensation que de voir un réal' qu'on commençait à apprécier, littéralement imploser sous nos yeux Le mythe fantastique modernisé pour les d'jeunz, dans le plus mauvais sens du terme. Raccourcis de scénario éhontés, montage et filmage à la Guy Ritchie au pire de ses tics formels. Les personnages, dont un Frankenstein hystérique, sont interprétés par des acteurs, ô combien célébrés par ailleurs, en roue libre. Y avait-il vraiment quelqu'un derrière le combo ? Non, la Fox est là pour «diriger» le boxon ambiant.

  5. LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE

    La malédiction du «2» a encore frappé. Ou quand un film qui avait su intriguer et étonner par son concept SF en circuit fermé, donne suite à une course poursuite foutraque oubliant toute finesse. Quelques décors spectaculaires, pour le reste ça bouffe à tous les râteliers et vire au post-nuke Z friqué. Y avait-il vraiment la même équipe derrière le combo ? j'sais pas, la Fox est là pour remplir son catalogue.

Rédacteur : Laurent Savoy1
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