GERARDMER 2016: COMPTE-RENDU JOUR 2

9 février 2016 
GERARDMER 2016: COMPTE-RENDU JOUR 2

Gérardmer 2016 - jour 2:

C’est sous un ciel plus clément que les projections commencent dans la cité Vosgienne, avec le très attendu THE DEVIL'S CANDY, nouvel opus de Sean Byrne (THE LOVED ONES) présenté en compétition. Avec curiosité et impatience, pour vérifier si le 2ème long-métrage de l’Australien serait à la hauteur de THE LOVED ONES, récompensé à Gérardmer en 2011 du Prix du Jury. Et nous n’avons pas été déçus ! Jesse (Ethan Embry - LE PEUPLE DES TENEBRES, LATE PHASES) est un peintre passionné de heavy metal. Il s’installe avec sa femme Astrid (Shiri Appleby - ROSWELL, FEAR ITSELF) et leur fille Zooey (Kiara Glasco) dans la maison de leurs rêves, avec un atelier attenant afin de pouvoir exercer son art. La maison a malheureusement été le théâtre d’une tragédie familiale sur fond de possession démoniaque. Jesse commence à entendre à son tour une voix dont les mots sont incompréhensibles, ce qui le plonge dans une sorte de transe et le pousser à créer des sombres tableaux.

Malgré une production américaine, THE DEVIL'S CANDY aurait pu sombrer dans le cliché manichéen de la maison possédée par le diable et voir débarquer un prêtre pour exorciser les lieux. Or Sean Byrne laisse son auditoire dans le suspense jusqu’au bout du film, ni Dieu ni  Diable n'étant évoqués. On ne sait pas très bien si Jesse est une victime ou un futur bourreau en proie à une possession. Le film est merveilleusement décalé sur fond de musique metal omniprésente, alliée à une photo maîtrisée. L'ensemble orchestrant l’ambiance éprouvante et alternant des scènes chocs. 79 mn d'escalade graduelle vers le carnage via un mythe faustien. Le public ne s'y est pas trompé, puisque le film a remporté le Prix du Public pour ce Festival 2016, tout comme il remporte aussi le Prix de la Meilleure Musique Originale pour le travail de Michael Yezerski.

L’une des particularités du festival de Gérardmer 2016 demeure la diversité des genres. Changement radical d’atmosphère avec COOTIES, 1er long métrage de Jonathan Millot et Cary Murnion.
Présenté Hors Compétition (encore une fois, on se demande bien pourquoi...) COOTIES s'avère une comédie bien grinçante sur fond de film d’horreur. Un mystérieux virus véhiculé par les poulets d’une fabrique de nuggets locale infecte les enfants qui se transforment en monstres cannibales. Une équipe de professeurs reclus dans leur école élémentaire organise la résistance. COOTIES redouble ainsi de gags aussi hilarants qu’horribles,  rythmant le déroulement du film. A travers ce film s’opère une critique de la société américaine dans laquelle les enfants adeptes de la malbouffe sont présentés comme des tyrans cruels agissant contre les adultes qui ne sont pas mieux représentés. Ce n’est pas sans rappeler GREMLINS , qui aurait croisé SHAUN OF THE DEAD en chemin. Le panel des professeurs résistants dont fait partie Elijah Wood est très diversifié mais ne manque pas d’ingéniosité pour fabriquer des armes afin de lutter contre les petits cannibales. Amoral et discordant, le film a obtenu le rallliement des festivaliers ravis, même s’ils n'ont pu voter... à noter que le film prêt depuis 2014, sortit tardivement aux USA en septembre 2015 où il a rencontré un grave échec. Ce sera évidemment du DTV pour la France, où le film se trouve décidemment présenté bien en retard, un peu comme BURYING THE EX. Elijah Wood (qui par ailleurs se fait traiter de HOBBIT dans le film !) est également producteur du film, via sa société SpectreVision, qui ambitionne, comme il l'a indiqué récemment dans une interview, de "mener un film d'horreur aux Oscars". On lui souhaite bonne chance.

On passera rapidement sur l’hommage cette année consacré à Alejandro Jodorowsky, artiste décalé et réalisateur entre autres de SANTA SANGRE et EL TOPO. Après une rétrospective de son œuvre, le réalisateur Jan Kounen a fait part de son témoignage, et se réclame fils spirituel d’Alejandro Jodorowsky. Pour 99F, peut-être ?

La projection suivant l’hommage est HOWL, film anglais de Paul Hyett, lequel était là pour présenter son 2ème long métrage après son très putassier THE SEASONING HOUSE. Un train de nuit traverse la banlieue de Londres et se retrouve immobilisé au beau milieu d’une forêt suite à un incident. Le contrôleur nommé Joe (Ed Speleers - qui a bien grandi depuis ERAGON ) essaie tant bien que mal de calmer les esprits des voyageurs qui s’impatientent. Mais le conducteur (Sean Pertwee- in love avec les loups garous puisque dans DOG SOLDIERS et aussi dans THE SEASONING HOUSE) sorti inspecter le train et les voies ne revient pas. De mystérieuses et violentes attaques vont se produire, tuant un à un les passagers. La survie s’organise en attendant les secours, et l’animal qui attaque ressemble surtout à un loup garou. HOWL s'avère un long métrage réussi, alternant scènes de suspense et d’horreur. On comprend aisément que Paul Hyett ait débuté sa carrière cinématographique dans les effets spéciaux car ceux-ci fonctionnent à plein régime, dont le loup-garou qui fait quelque peu penser à celui de RAWHEAD REX.

L'ensemble se déroulant quasiment dans le train, on,pense inévitablement aux films en endroits clos comme TERREUR DANS LE SHANGAI EXPRESS ou encore LE MONSTRE DU TRAIN pour la forme employée. Il se dégage du reste via un format Scope, des effets spéciaux spectaculaires, des attaques animales plutôt vicieuses et un goût pour la chasse et le gore.

La soirée s’achève avec la nuit animée avec 2 mangas : HARMONY et EMPIRE OF CORPSES.
On n'a hélas pu voir que le premier des deux. HARMONY louche vers l’anticipation qui présente l’avenir d’un genre humain complètement orchestré par une haute autorité à travers une puce électronique implantée dès la naissance, le « watch me ». A travers l’histoire de Suan qui se rebelle contre ce monde aseptisé, une autre organisation prône l’effacement de la conscience individuelle au profit de la conscience collective, le programme "Harmony". Si le concept est bien troussé, le film a malheureusement trop de dialogues et pas assez d’action, ce qui le rend trop long pour pouvoir l’apprécier - et bien trop larmoyant.

Pour compléter l'ensemble, on vous remet certaines critiques de films cités ci-dessus:

Critiques
Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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