GERARDMER 2015 : VENDREDI 30 JANVIER

31 janvier 2015 
GERARDMER 2015 : VENDREDI 30 JANVIER

Pour le second jour de ce festival 2015 de Gérardmer, premiers pas en forêt avec EXISTS, le nouveau film d'Eduardo Sanchez - co-auteur du BLAIR WITCH PROJECT. Retour aux sources, avec ce groupe d'amis parti profiter d'un chalet au fond des bois pour un week-end de fête. Heurtant une bête lors de voyage, ils vont subir la vengeance d'un Sasquatch qui va les traquer et les assassiner sauvagement. Structure de base très (trop) classique pour ce nouvel opus filmé en style «found footage», permettant d'utiliser des plans faits via GoPro et autres caméscopes numériques. Pas de réel point de vue et des situations archi revues à base de baisouille en nature, fumage de joints… inévitables adolescentes hurlant pour un rien, geek barbu, cliché du black stéroïdé (qui bien sûr, va y passer). EXISTS se distingue néanmoins par des scènes d'attaques filmées à l'énergie, implacables et tendues. Une créature filmée de loin, qu'on distingue assez mal - et tant mieux car le suspens se construit d'autant mieux. 1H20 au compteur, il n'en fallait guère plus, et une fin bien vue.

EXISTS - Poster EXISTS : Bande-annonce

Enchainement avec DE POEL (titre international : THE POOL) où à l'instar de CUB, des amis partent (encore) en camping en pleine nature. Le Benelux aime donc bien la nature et le camping. Sauf qu'ici pas de wallon dégénéré, mais une créature fantastique nichée au creux d'un lac qui dérègle le fonctionnement du groupe. Qui est déjà bien fragilisé en arrivant. Un fantastique bourgeonnant, insidieux, avec une sorte de sirène des marais qui séduit tour à tour fils et père. Et provoque une sorte de parenthèse temporelle accompagnée de pertes de repères. Impossible de se sortir de l'endroit, et obligation d'assister à l'autodestruction des deux familles. Problème : le film ne va nulle part passée l'idée de départ, sans parler d'un flash back positivement ridicule. Il y a beau avoir quelques timides élans de gore, un peu de cannibalisme, de l'adultère… les 80 minutes trainent en longueur. Joli scope aux images naturelles qui ne compensent pas le manque d'originalité de cette nouvelle variation de LA MARE AU DIABLE.

DE POEL - Poster DE POEL : Bande-annonce

Après LES RUINES, arrive le nouveau film de Carter Smith, JAMIE MARKS IS DEAD. Le cadavre du jeune Jamie Marks (Noah Silver) est retrouvé au bord d'une rivière. Harcelé par ses camarades, seul Adam (Cameron Monaghan) semble l'avoir pris en considération sans l'aider pour autant. Et lorsque le cadavre de Jamie revient demander de l'aide à Adam, celui-ci s'exécute. Coincé dans la grisaille de l'hiver, JAMIE MARKS IS DEAD est un film exigeant, âpre et rugueux sur l'amitié et ses rapports ambigus. La mort et la vie coexistent et le personnage d'Adam ne remet jamais en question le surnaturel qui submerge son existence. Brillant film, suffoquant entre une ambiance familiale tendue, où le harcèlement de Jamie renvoie à celui, familial, d'Adam. Les possibilités entr'ouvertes sur le fantastique sont infinies. Puis le ton glacé, l'image extrêmement soignée, les plans élégamment composés reposant sur ambiguïté entre Jamie et Adam renvoient directement au premier court métrage de Smith, l'excellent et troublant BUG.

JAMIE MARKS IS DEAD - Poster JAMIE MARKS IS DEAD : Bande-annonce

Entre des averses de neige incessantes, les allées et venues entre les différents cinémas, les files d'attente moins interminables que les autres années, une lumière au bout du tunnel : THE VOICES de Marjane Satrapi. Grand prix du Public en puissance de par son ovation à répétition lors de la fin de sa projection, une comédie noire et sanglante. Inattendu de la part de l'auteur de PERSEPOLIS... mais pas tant que ça. Jerry (Ryan Reynolds) travaille dans une usine : amoureux de la jolie Fiona (Gemma Arterton), son univers bariolé se trouve chamboulé. Problème : Jerry est un psychopathe en puissance qui parle à ses deux animaux, dont un chat retors va le pousser à massacrer son entourage. Un univers de conte de fée/bande dessinée où les chariots-fenwick et les tenues de travail sont roses, où toute vision problématique du monde se sont envolées. Vu à travers les yeux déments de Jerry (un Ryan Reynolds absolument hallucinant!), tout est sublime de niaiserie et innocence… jusqu'à ce qu'il prenne ses médicaments et là… son appartement ruisselle de morceaux de cadavres et de merdes d'animaux. C'est voracement drôle, rythmé, bourré de cadavres qui parlent et finement joué. A noter aussi un générique de fin particulièrement fun qui a emporté l'adhésion de la salle!

THE VOICES - Poster THE VOICES : Bande-annonce

Et comme une louche d'humour saignant n'était pas suffisante, la séance de minuit en a remis une couche avec WHAT WE DO IN THE SHADOWS, pseudo-documentaire horrifique néo-zélandais qui s'attarde sur la vie de 4 vampires co-locataires, à la manière de la série anglaise THE OFFICE. Brassant comédie slapstick, hommages vampiriques croisés de NOSFERATU à la série TRUE BLOOD, le film de Taika Waititi et Jemaine Clement (par ailleurs aux deus rôles principaux) possède un rythme effréné, un sens unique du gag mordant! On y retrouve pêle-mêle tout le bestiaire horrifique connu : de loups-garous aux zombies, qui s'entremêlent joyeusement l'humour à froid au délire d'effets spéciaux de plus rudimentaires aux plus complexes. Le film gagne en punch et en finesse, tout en prenant une direction inattendue, plus tendre qu'imaginée. 86 minutes hilarantes, enfin une vraie comédie vampirique originale! Un humour rappelant le Peter Jackson de BRAINDEAD. Le bémol serait que le film s'avère plus une enfilade de sketchs qu'autre chose mais qu'importe, WHAT WE DO IN THE SHADOWS possède ce je-ne-sais-quoi qui le fait tenir au-dessus du lot. Mais une question taraude: pourquoi en Hors-Compétition ?

WHAT WE DO IN THE SHADOWS - Poster WHAT WE DO IN THE SHADOWS : Bande-annonce

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire