INDE : ERRANCES AU PAYS DU CINEMA

7 septembre 2010 
INDE : ERRANCES AU PAYS DU CINEMA

Les congés d'été ayant pris fin, l'équipe de DeVilDead renoue comme à son habitude avec son activité rédactionnelle quotidienne... Pour ses vacances, Xavier Desbarats s'est mis au vert à l'autre bout du monde et il nous fait découvrir avec une longue bafouille et pas mal de photos ses découvertes exotiques...

Après un mois d'errances en Inde, les images se bousculent et il me semblait donc difficile de ne pas évoquer, via cet article auquel vous pourrez réagir, l'un des pays les plus cinéphiles du globe.

Bien qu'elle puisse surprendre le spectateur français, cette dernière information est en réalité des plus simples à justifier. Nous pourrions par exemple nous baser sur le nombre annuel de productions cinématographiques (plus de 900 films) et le nombre d'entrées qui en découle, sur place ou à l'international. Mais plutôt que les chiffres, c'est la place du cinéma dans le quotidien des indiens qui nous éclaire quant à leur vif intérêt pour le septième art, qu'il soit asiatique ou bien occidental...


Belle collection de moustaches pour TWENTY:20, un blockbuster Keralais regroupant les plus Stars locales.

Commençons donc par évoquer l'omniprésence des affiches dans les rues... Sur chaque mur ou pilier, les productions Hollywoodiennes côtoient les romances Bollywoodiennes (cinéma de Mumbai), aussi bien que les drames familiaux Malluwoodiens (cinéma du Kerala) ou les films d'action Kollywoodiens (du Tamil Nadu). Quelques productions mineures, chez nous destinées au direct-to-video (UNIVERSAL SOLDIER REGENERATION, BITCH SLAP, etc...) se frayent en Inde un chemin dans les salles, profitant ainsi d'une mise en avant aussi prestigieuse qu'inattendue. Quant aux grosses productions locales, elles bénéficient régulièrement d'une vingtaine d'affiches distinctes (SHIKKAR THE HUNT) et s'imposent aux yeux via des formats allant jusqu'au 8 par 6 mètres, voire plus... Si les villes de Chennai ou Delhi abritent encore quelques affiches peintes à la main, à même les murs, bien d'autres villes présentent leurs événements cinématographiques sous forme d'images brutes, splendides, dénuées de titres, de noms ou de publicités perturbatrices. Les affiches sont à elles seules un enchantement, une invitation au rêve qui pousseront bien évidemment le curieux jusqu'à la salle obscure la plus proche...


Photographies prises à Ernakulam, sur l'avenue M. Ghandi.

Pour 5 à 10 roupies en moyenne (8 à 15 centimes d'euros), il vous sera donc possible d'aller profiter d'un film et d'une ambiance hors du commun, respectueuse et malgré tout très démonstrative. Pour 50 à 70 roupies, vous accéderez aux balcons pour davantage de confort mais aussi, sans doute, moins de charme... Le cinéma demeure donc un luxe accessible en Inde. Malgré cela, les salles obscures ne sauraient contenter pleinement les fantasticophiles ou les plus boulimiques d'entre nous. Pour se faire, il faudra par conséquent franchir la porte de l'une des nombreuses boutiques commercialisant des galettes au format numérique. Sans surprise et comme en Thaïlande par exemple, le piratage existe et ne se cache pas. Le gain financier étant cependant négligeable pour l'acheteur, il est ici "limité", bien plus qu'il ne l'est d'ailleurs à Paris Gare du Nord !


Ce mois-ci, la mega-Star Mohanlal va réclamer vengeance !

Franchir le seuil d'une boutique dédiée aux films est là encore une belle expérience pour le cinéphile curieux. La VHS n'y a plus sa place et ce depuis bien longtemps. Celle-ci avait en effet débuté son déclin en Asie avant que le DVD n'arrive chez nous. La raison est simple et se nomme VCD. Une grande majorité des titres vendus le sont donc en Video Compact Disc, ce format qui n'a jamais véritablement eu cours en France... La VHS, elle, nous la retrouverons sur les plages, entre les mains d'enfants qui les débobinent pour en faire des queues de cerf-volants, commercialisés aux touristes pour une cinquantaine de roupies...

Le VCD sera donc le principal support sur lequel nous dégotterons nos pépites. Certains titres majeurs et récents sont tout simplement privés d'un pressage DVD. Ce sera par exemple le cas de MAYAVI, un film d'animation en 3D mettant en scène des personnages extrêmement populaires auprès des enfants Keralais. Voilà qui en dit tout de même long sur l'acceptation du support ! Malheureusement, le VCD est aussi bien souvent synonyme de sous-titrage absent... Pour 30 à 40 roupies, nous nous laisserons cependant tenter par quelques galettes à la jaquette magnifique, décalée ou carrément loufoque !

MAYAVI : VCD Cover
Le gentil Mayavi aura fort à faire dans cette aventure en CGI
face au démon Luttappi et à ses complices sorciers…

Si le DVD n'est donc pas le support privilégié comme il peut l'être chez nous, il demeure tout de même suffisamment bien développé pour contenter le plus compulsif des cinéphiles. Il existe d'ailleurs en Inde plusieurs présentations pour les disques versatiles. Les " Collectors " ont cours mais restent rares et consacrés à des films Bollywoodiens au large succès. C'est par exemple le cas de 3 IDIOTS qui vient juste de bénéficier d'un packaging conséquent pour un prix de 500 roupies (8euros).


Un beau collector comportant le double DVD, des autocollants et un livret en carton rigide…

Les DVD "simples" (100 à 200 roupies) sont assez proches des nôtres et concernent majoritairement les productions sorties en salles. Ce que nous appelons "Séries B", des films de moindre envergure, ont parfois la chance de se vendre au sein d'un boitier rigide (c'est le cas des films édités par KMI, comme BACH KE ZARA) mais le plus souvent, l'enveloppe cartonnée est de rigueur... Enfin, lorsque l'une de ces séries B a fait son temps, elle se retrouve sur un même disque, en compagnie de deux ou trois autres films. Soit cinq à sept heures de métrage sur un DVD double couche ! Il arrive alors que le boîtier cartonné soit oublié au profit d'une pochette plastique hermétique, commercialisée pour seulement 32 ou 37 roupies. Inutile de dire qu'à ce niveau, chercher des sous-titres anglophones n'a plus de sens...


Les " Séries B " indiennes, tassées sur des disques vendus sous plastique.
Munissez-vous d'un bon cutter si vous souhaitez préserver l'emballage…

Au delà des formats et des packagings, nous retiendront aussi la grande variété de l'offre. AUTANT EN EMPORTE LE VENT a ici sa place au même titre qu'un MOTHER INDIA et les Ninjas de l'hongkongais Phillip Ko seront traités d'égal à égal avec ceux, tout aussi affligeants, de l'indien Babbar Subhash... L'éclectisme est ainsi de rigueur au sein de rayonnages étonnants, semblables pour nous à des cavernes d'Ali Baba.

COMMANDO LETHAL COMBAT
Le ninjas traverse les époques et les contrées,
ce n'est pas pour ça qu'il y gagne en crédibilité !

Prendre la mesure réelle de la passion des indiens pour le cinéma est sans doute la meilleure manière de stimuler les curiosités et de se donner les moyens d'aller découvrir leurs cinémas. Les apparitions récentes des Sylvester Stallone, Denise Richards et Brandon Routh au sein du Bollywoodien KAMBAKKHT ISHQ n'ont rien d'un hasard, pas plus que l'arrivée du HISSS de Jennifer Chambers Lynch ou l'omniprésence de Stars Bollywoodiennes dans nos publicités pour des cosmétiques français. L'Inde est un pays culturellement riche et ses cinémas le sont tout autant. Nombreux sont les pays qui lui ont fait une place et ce depuis bien des années. Malgré cela, la France reste hermétique et la sortie confidentielle de MY NAME IS KHAN en salles cette année a fait office d'évènement... Gageons que cela évoluera à l'avenir et que les perles indiennes viendront enfin nous faire rêver sur grand écran. En attendant cela, nous allons tenter, dans les semaines et mois qui viennent, de vous faire partager quelques trouvailles ou curiosités, sous forme de chroniques ou de news liées bien évidemment au fantastique et à l'horreur. Celles-ci viendront s'ajouter ponctuellement à notre ligne éditoriale et étoffer la liste des textes déjà existants, puisque nous traitons du cinéma indien depuis maintenant plusieurs années au travers de news et chroniques :


Nous vous invitons enfin à partager votre point de vue de le sujet, votre expérience des cinémas indiens, la liste de vos films phares ou vos critiques quant à ce premier article au sein du forum, via un thread qui lui est entièrement dédié...

Xavier Desbarats

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
54 ans
10303 news
570 critiques Film & Vidéo
4 critiques Livres
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire