CINEMA : 30 JOURS DE NUIT

22 janvier 2008 
CINEMA : 30 JOURS DE NUIT

30 JOURS DE NUIT a vu le jour sous forme d'un comics en trois parties, écrit par Steve Niles et dessiné par l'australien, Ben Templesmith. Publié en 2002, la bande dessinée a immédiatement été un énorme succès, tant et si bien qu'une franchise s'est développée donnant lieu à des suites à de l'histoire originale, des spin-offs où les vampires vont jusque dans l'espace ou font déjà des ravages durant la deuxième guerre mondiale sans oublier deux romans originaux, toujours écrits par Niles qui doit être bien content d'avoir gardé le contrôle artistique et financier de son projet de départ.

L'histoire de vampires qui terrorisent une ville isolée en Alaska se prêtait à merveille à une adaptation cinématographique et c'est désormais chose faite avec David Slade aux commandes. Alors qu'il n'en est qu'à son deuxième long métrage, le réalisateur du controversé HARD CANDY s'en sort plutôt bien plus particulièrement en ce qui concerne l'ambiance générale du film. Toutefois l'adaptation sur grand écran ne va pas se faire sans heurt ce qui apparaît flagrant dans la gestion du temps au sein du scénario. Censée se dérouler sur un mois si l'on s'en refère au titre, le film donne plutôt l'impression d'assister à seulement quelques jours d'autant plus que le rythme des attaques est fort soutenu dès l'entrée en scène des vampires. De quoi se demander durant les longs passages tranquilles qui vont suivre ce qu'ils attendent puisqu'ils ne semblaient pas avoir de mal à dénicher leur nourriture au départ. Autre problème dans la narration du film, la motivation des vampires semble peu claire sur ce qui les amène à se rendre à Barrow. Dans la bande dessinée, c'est le zèle de l'un d'entre eux qui oblige le leader à venir et faire le ménage afin de ne laisser aucun témoin de leur existence. Ici, le problème est vaguement effleuré, trop tardivement, et on a malheureusement l'impression de prime abord qu'ils ne viennent là que pour chasser.

Considérés comme un mythe depuis toujours, les vampires existent bel et bien. La preuve, c'est qu'ils ont réussi à convaincre le monde du contraire. Si les clichés habituels de la croix ou de l'ail n'ont aucune pertinence ici, les vampires restent des créatures en quête de sang frais pour se nourrir. La perspective de pouvoir s'éclater dans une petite ville isolée et plongée dans une nuit de 30 jours au fin fond de l'Alaska est alors une occasion bien trop belle pour nos créatures nocturnes !

Loin de l'image stéréotypée du vampire gothique et romantique que le cinéma et la littérature cultive depuis toujours, les créatures immortelles de Niles rejoignent le mythe originel de la brute sanguinaire qui tuait seulement pour se nourrir. Prenant bien soin de ne pas transformer leurs victimes en nouvelles créatures de la nuit, les vampires sont des prédateurs assoiffés et les humains ne sont que des proies. La chasse se fait alors dans une ambiance tendue et effrayante tandis que les habitants perdent la tête les uns après les autres et que la neige immaculée se colore d'un rouge sang…

La distribution de 30 JOURS DE NUIT n'est pas peuplée de stars ce qui s'avère plutôt sympathique dans le sens où la survie des personnages n'est pas immédiatement déterminée. Le rôle principal du shérif Eben Oleson est tenu par Josh Hartnett qui avait débuté dans HALLOWEEN H20 pour ensuite faire un peu de chemin en jouant dans des productions très différentes comme BLACK HAWK DOWN ou l'excellent SLEVIN. Miné par une séparation sentimentale douloureuse, il va devoir affronter le passé autant que le présent lorsque son ex-femme se retrouve coincée dans Barrow pour les trente jours à venir. Melissa George (AMITYVILLE) se voit confiée le rôle de Stella qui manie les armes aussi bien que son ancien époux de shérif ce qui va s'avérer fort utile. Et c'est peut-être bien la seule qualité de ce personnage qui paraît très distant vis à vis de l'horreur qui s'abat sur la petite ville et du film en général. Difficile dès lors de s'identifier à cette jeune femme. Dans le rôle du leader charismatique des vampires, Marlow, on trouve Danny Huston (LES FILS DE L'HOMME) au look décidément différent de ce à quoi nous sommes habitué. Cheveux courts et gris, vêtu d'un costume et d'un manteau plutôt classe, il a tout de l'homme ordinaire ce qui lui confère une certaine humanité en dépit de ses dents de squale et d'un regard hypnotique qui semble nous inviter en enfer à ses côtés. Cependant, il lui manque un poil d'intensité. Ses expressions plutôt inégales, alors qu'il est censé être intelligent et vicieux, donne une désagréable inconstance au personnage tout du long. Ceci étant dit, ses sujets lui obéissent presque tous aux doigts griffus et à l'œil noir et une excellente idée a été de leur donner un langage propre composé de sons gutturaux et de cliquetis dérangeants. Ne parlons pas de leurs hurlements stridents qui ont de quoi vous hanter dans vos cauchemars, c'est garanti !

30 JOURS DE NUIT était attendu par beaucoup et surtout les fans de l'oeuvre originale. Ces derniers seront ravis de voir que l'adaptation s'avère fidèle jusque dans son dénouement aussi pessimiste que sublime. Si les menus défauts du métrage l'empêchent de se hisser au rang d'un chef d'œuvre, il est indéniable que parmi les visions romantiques et autres festivals d'images de synthèse vite oubliées (UNDERWORLD, VAN HELSING...), le métrage de Slade apporte un souffle d'air frais sur le genre. Reste à voir si 30 JOURS DE NUIT va se métamorphoser en nouvelle franchise cinématographique à l'instar des prolongements sur papier de la bande dessinée originale..

Marija Nielsen

Sortie cinéma le 9 janvier

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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