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Critique du film et du DVD Zone 2
UNDERWORLD 2003

 

Selene est une tueuse d'élite supra entraînée et sans pitié. Vampire, elle défend sa race dans une guerre millénaire contre les lycans, une espèce immortelle de loups-garous. Peu concernée par les humains, elle va prendre malgré elle la défense d'un homme convoité pour d'obscures raisons par les deux clans. Tandis que l'énigme se dénoue, les apparences tombent, bouleversant ainsi le rôle de Selene dans le conflit opposant vampires et lycans.

Le concept d'UNDERWORLD repose sur l'idée du crossover qui consiste à mélanger deux figures en perte d'intérêt en espérant relancer ainsi leur impact respectif. Une démarche dans l'air du temps puisque les crossovers, après des années de développement tumultueux pour certains et quelques promesses laissées sans suite pour d'autres, nous arrivent à intervalles réguliers depuis plusieurs mois : FREDDY CONTRE JASON, VAN HELSING et son melting-pot de monstres de la Universal et bientôt ALIEN VERSUS PREDATOR.

A l'origine du projet nous trouvons Len Wiseman, ancien accessoiriste sur des blockbusters d'action (notamment STARGATE et INDEPENDANCE DAY) devenu jeune réalisateur de clips et de pubs aux budgets faramineux. Quand l'envie de passer au long le titille, il se tourne vers Kevin Grevioux, acteur / cascadeur et scénariste à ses heures (c'est la montagne de muscle qui mitraille tout ce qui bouge dans la première scène d'UNDERWORLD). Ce dernier a sous le coude une histoire de romance interraciale contrariée, qu'il transforme rapidement en Roméo et Juliette entre vampires et loups-garous pour satisfaire les visées carriéristes de Len Wiseman, qui tient à se vendre comme réalisateur de séries B de luxe dans la lignée de THE CROW ou encore BLADE. Le projet est alors très rapidement lancé en production, non sans une réécriture effectuée par un certain Danny McBride.

Il ne faut pas chercher dans UNDERWORLD une quelconque relecture pertinente des mythes utilisés. C'est un produit de son temps qui n'a pour but que de servir de carte de visite à ses auteurs et de véhicule rentable à ses producteurs. Le facteur risque et originalité passe donc au second plan d'un métrage qui se repose sur des références sûres : THE CROW, les BLADE bien entendu, MATRIX, ainsi que tous les autres ingrédients induits par ces derniers (bandes dessinées US, cinéma made in Hong-Kong, japanimation, jeux vidéos). Les publics visés sont les adolescents et les jeunes adultes, comme en témoigne la bande sonore qui voit sa musique originale parasitée par les tubes metalo-gothiques du moment.

Si UNDERWORLD est destiné à une consommation rapide, il n'en est pas moins carré et efficace compte tenu des moyens engagés (budget serré pour les ambitions du scénario, tournage éclair à Budapest). Le film marque ainsi indéniablement des points grâce à son esthétisme soigné. La direction artistique est une réussite (rappelant d'ailleurs parfois BLADE 2 puisque les deux films ont été tournés dans le même environnement) et la photographie se montre particulièrement travaillée. Non content de nous relater une guerre entre vampires et loups-garous, le scénario s'ingénie à nous présenter les deux races organisées en sociétés distinctes (tribale pour les lycans, patriarcale et très hiérarchisée pour les suceurs de sang) offrant de ce fait à son histoire un univers particulièrement riche.

Au niveau des effets spéciaux, on pourrait craindre le tout numérique avec les limites que l'on peut imaginer pour un film de ce budget. Heureusement, UNDERWORLD fait le choix intelligent de revenir aux costumes prosthétiques et de n'utiliser l'ordinateur que pour les transformations. Si les vampires se montrent plutôt sobres, tous les efforts ont été portés sur les loups-garous. Leur design, crédible sans être révolutionnaire, est signé par le Français expatrié aux USA Patrick Tatopoulos (ce dernier ayant notamment travaillé sur deux films modèles d'UNDERWORLD, à savoir THE CROW et DARK CITY d'Alex Proyas). Les métamorphoses sont déjà plus originales puisqu'elles s'organisent selon un morphing ultra violent qui voit l'ossature des personnages prendre du volume par à-coups (une séquence nous montre même une transformation vue de l'intérieur du corps).

Le bilan positif d'UNDERWORLD s'arrête malheureusement ici. Si l'on ne remet pas en cause son impact de film techno-gothique sur une plus jeune génération, force est de constater que le métrage s'avère franchement léger dès lors qu'il est abordé sous un angle plus cinématographique. Passé une ouverture en fanfare, la narration s'enlise bien vite dans son complot sociétaire pour provoquer l'ennui. La fadeur des personnages y est pour quelque chose, et le sous-texte inspiré de Roméo et Juliette n'est pas du tout exploité. Dans le rôle de Selene, Kate Beckinsale fait ce qu'elle peut pour composer une Trinity vampirique, mais sa stature de petite poupée anorexique fait sourire lors des empoignades avec des armoires à glace poilues. Dans un registre similaire, on la préférera nettement dans VAN HELSING de Stephen Sommers.

Pour parfaire le tout, UNDERWORLD ne bénéficie d'aucun réel point de vue de mise en scène. N'est pas Alex Proyas qui veut, Len Wiseman livre ainsi un travail très académique (pour un enfant de la pub et du clip) et se rattrape à peine avec des scènes d'action parfois très brouillonnes (ceci étant également dû à un tournage très rapide). En résulte un métrage qui tire plus vers le téléfilm de luxe en espérant ainsi fidéliser le public assidu aux «trilogies du samedi soir». Ce qui a l'air finalement bien parti puisqu'UNDERWORLD 2 vient d'entrer en pré-production avec la même équipe alors qu'aux Etats-Unis on sort une nouvelle édition DVD du film en version longue.

Comme on pouvait s'y attendre, UNDERWORLD nous arrive en DVD dans une édition aussi impeccable techniquement que vide de sens concernant ses bonus. Le rendu de l'image est parfait et les pistes sonores en Dolby Digital 5.1 ou DTS sont d'une redoutable efficacité.

Nous sommes par contre moins enthousiastes à l'écoute du commentaire audio (sous-titré) réunissant le réalisateur Len Wiseman et les deux scénaristes Kevin Grevioux et Danny McBride. Les trois compères passent leur temps à combler le vide soit en paraphrasant ce qui se déroule à l'écran, ou bien en récitant une foule d'anecdotes de tournage d'une confondante banalité. Aucun point de vue n'y est vraiment exprimé, qu'il soit technique ou cinématographique, et quand Kevin Grevioux tente une analyse en rapprochant le fond du film à une métaphore d'un amour interracial, il est balayé fissa par ses deux acolytes qui résument la situation à une histoire de chiens et chats.

Le deuxième disque dédié aux suppléments ne remonte pas le niveau. Le Making Of est une featurette promotionnelle comme on en a déjà trop vu. Il faudra aller dans la section effets spéciaux pour avoir droit à de véritables propos dirigés par Tatopoulos. Ce dernier explique sa démarche et ses contraintes sur ce film, le tout illustré par des images d'essais de costumes filmées dans son atelier. Un petit module sur les cascades s'attarde sur l'entraînement intensif de Kate Beckinsale et des autres comédiens, et un dernier segment titré «Sons et lumières» s'ingénie à nous montrer des images de tournage sur fond musical. Une comparaison film / storyboard, un vidéo-clip du groupe Finch et des bandes-annonces complètent l'édition.

Prometteur, UNDERWORLD n'est finalement qu'un produit de son temps, certes bien emballé mais au contenu franchement léger. Un film à conseiller plus aux fans de séries télé ou aux fétichistes de THE CROW qu'aux amateurs du genre qui se réjouissaient d'assister à de bonnes empoignades entre deux grandes figures du fantastique.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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Un film creux…
… et par voie de conséquence, des bonus vides de sens
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L'édition vidéo
UNDERWORLD DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h56
Image
2.35 (16/9)
Audio
English DTS 5.1
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Len Wiseman, Kevin Greviou et Danny McBride
    • Making of (12mn58)
    • Les effets spéciaux (12mn25)
    • Les cascades (11mn40)
    • Les sons et images du film (8mn55)
    • Vidéo-clip de Finch (2mn42)
    • Comparaisons film / storyboard sur 5 scènes
      • Bandes-annonces
      • Underworld
      • Le Médaillon
      • Gangs of New-York
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