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Critique du film et du DVD Zone 2
VEGAS IN SPACE 1991

 

«Nous avons voulu faire un film stupide. Je crois que nous y sommes arrivés» indique dans les bonus le réalisateur Phillip R. Ford. Tout à fait un produit prêt à sortir sous la bannière Troma. Bien avant PRISCILLA, FOLLE DU DESERT et EXTRAVAGANCES, existait VEGAS IN SPACE, la première comédie musicale drag queen de science-fiction, croisement extravagant entre BARBARELLA et PRISCILLA !

Réalisé sur une période de 8 ans, VEGAS IN SPACE appartient à cette catégorie de films tellement nuls qu'ils en deviennent fascinants. Interprété par deux des drag queens les plus célèbres de la côte Ouest américaine des années 80 (Doris Fish et Miss X), elles sont aussi les co-scénaristes, décoratrices, maquilleuses, costumières… Il s'agit également du seul générique dans l'histoire du cinéma indiquant «Inspiré par la fête de Ginger Quest» , fête qui a servi de base au scénario : vision délirante d'une planète lointaine peuplée de drag-queens !

L'équipage de l'USS Intercourse (Intercourse = relation sexuelle en VF) est sommé par l'impératrice de la Terre de se rendre sur la planète Clitoris pour aider l'mpératrice Nueva Gabor. Celle-ci s'est fait dérober des bijoux en Girlinium, ce qui nuit gravement à l'équilibre de Clitoris, agité depuis par de nombreux tremblements de terre. Problème : il s'agit d'une planète à 100% féminine. Nos quatre héros doivent donc changer de sexe et se faire passer pour des showgirls terriennes. Elles sont reçues par l'inquiétante Veneer, reine de la police. L'histoire est tout bonnement hallucinante mais curieusement se donne les moyens de garde-robe et pour donner vie à ce space opera d'un kitsch abyssal… Un véritable oasis de glamour dans un univers de médiocrité. Mais surtout un scénario crétin qui tient étrangement la route en privilégiant le second degré et une multitude de détails fourmillant aux quatre coins de l'écran.

Il fut tourné dans deux appartements, un balcon et un couloir d'immeuble entièrement redécorés par Doris Fish pour l'occasion. Les maquettes de VEGAS IN SPACE, la capitale de Clitoris, sont constituées de salières, poivrières, lustres, gobelets en plastique et divers ustensiles de salles de bain…le tout sur un ciel à fond rose. Les vaisseaux spatiaux sont encore pires que dans les serials à la FLASH GORDON des années 30/40 ! Quelques effets pyrotechniques de toute beauté ressemblent étrangement à des bougies perpétuelles pour gâteaux anniversaires… volonté de maintenir une fausse naïveté dans une pulvérisation du bon goût terrien.

Essayant d'échapper au budget inexistant, la réalisation donne dans la saturation visuelle. Décors fournis, moquettes aux murs et au sol, filtres à gogo, stroboscope, bâches… Si Corman et Bava Sr. arrosaient leurs décors de fumée pour masquer la pauvreté, P. R. Ford explose les actrices et décors de lumières rouges, bleues, vertes et roses agressives… créant ainsi quelquefois une profondeur dans les décors faits de boîtes de carton et plastiques divers. Peu dupe de ce qu'il fait, P. R. Ford se permet de jouer sur la notion de fiction/réalité : quelques digressions en Noir et Blanc en hommage aux films ratés des années 50, genre ROBOT MONSTER et, bien sûr, Ed Wood Jr, où les soucoupes volantes se baladant au bout d'un fil devant la caméra sont une des références directes. En pressant le bouton couleur de Clitoris, la planète vire au noir et blanc…ce qui fait s'exclamer Doris Fish «mais tout ce que je vois est donc faux !». CQFD.

Le jeu des actrices est bien sûr outrancier mais reste cadré dans le domaine où elles excellent : parodie et largage de vannes acides. Maquillages délirants (et quelquefois inquiétants), chansons cabaret sont accordés à la couleur des tapisseries en moumoutes froufroutantes rougeoyantes. Les références culturelles, musicales, costumières et de langage sont typiquement ouest-américaines et à dominante gay/drag-queen. Quiconque sensible à cet humour non-sensique, déviant et anti-establishment saura apprécier doublement cette authentique série Z à l'ambition limitée au glamour qu'il dégage. Jamais ennuyant, toujours drôle, grossier et curieusement bien rythmé : une grande réussite en Glamarama (et couleurs) qui a tout maintenant pour devenir Kulte.

Affublée d'une VO avec sous-titres français amovibles, l'édition DVD traduit hélas un transfert vidéo de qualité moyenne. Un décadrage vidéo trahit cet état à la 19ème minute. Format plein cadre peu gênant, le ratio original du film restant inconnu (très probablement du 1.66 :1). Bande sonore tout à fait respectable pour un film de cet acabit mais le matériel original et les moyens Troma n'ont pas permis de miracle technique.

Les bonus sont légion : tout d'abord le Teaser de 1986 se permettant de parodier les teasers des grands studios de l'époque. La première du film à San Francisco en 1991 en grandes pompes et crinolines, puis l'interview de l'équipe en 2001 pour la sortie du film en DVD où le processus de création est revisité avec beaucoup d'humour et de distance. Enfin, un reportage hors sujet sur le festival Tromadance (réponse à celui de Sundance) puis trois B.A. Tous les bonus sont en VO non sous-titrée.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
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Le côté cheap et grotesque assumé, les décors et costumes incroyablement colorés, la Draglodyte (!)
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Même chose qui ci-dessus si le spectateur est de mauvaise humeur
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L'édition vidéo
VEGAS IN SPACE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Sony
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Interview de Phillip R. Ford et les acteurs/trices (9mn30)
    • Teaser de vente du film au festival de San Francisco 1986 (9mn34)
    • Première de Vegas in Space à San Francisco 1991 (3mn48)
    • Festival Tromadance (2mn34)
      • Bandes-annonces
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