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Critique du film
INQUILINOS 2018

 

Demian (Erick Elleas) et Luzma (Danny Perrea) emménagent dans un appartement qui a été le lieu d'une mort atroce quelques mois auparavant. Mais la gérante de l'immeuble (Gabriela Roel) a soigneusement caché ce détail. Tout commence cependant à dévisser dès que Luzma pense avoir des hallucinations. Le visage d'une jeune femme en face de chez eux, des amulettes et surtout, un mystérieux placard fermé à clé refermant au final tout ce qui a attrait à de la Santeria.

Après une scène d'ouverture donnant quelques indices surnaturels, INQUILINOS (en vf : LOCATAIRES) revient immédiatement sur un point de départ archi-classique. A savoir un couple emménageant après un trauma afin de se remettre mais de rencontrer quelque chose qui va remettre leur vie en question. Un canevas maintes fois employé! Le réalisateur Chava Cartas, venu de la télévision (notamment pour la série EL MARIACHI) et de la comédie, tente de décrire la lente descente aux enfers d'une héroïne en proie à des tourments à priori bien balisés. Le récit part sur la piste du thriller paranoïaque teinté de fantastique avant de clairement basculer en plein dedans. Avec adjonction d'un twist inédit aux deux tiers et baigné d'une atmosphère de croyances religieuses de Santeria. Car le film plonge en effet dans la mythologie locale, croisement entre la divination, le sacrifice et autres rites d'initiation. A mi-chemin entre la sorcellerie et la religion.

Les amateurs de sursauts horrifiques et autres montage hyper cut passeront leur chemin. Le réalisateur choisit délibérément une progression lente, basée sur l'évolution psychologique des deux personnages principaux, Leurs espoirs déçus - la perte d'un enfant. Mais leur équilibre précaire et la percée insidieuse du doute permettra l'accès au fantastique qui va leur exploser en pleine figure. La caméra tente quelques grands angles afin de créer le malaise, malheureusement de manière très maladroite. Chava Cartas est plus doué pour la création d'atmosphère et des digressions paranormales, notamment lors de la visite aux Santerios supposé expliquer ce qui leur arrive.

Tout ceci reste toutefois bien inoffensif jusqu'au dernier quart ou subitement, les auteurs embrayent la sixième pour emmener INQUILINOS vers un terrain inattendu. La traduction des «Locataires» prend de ce fait une tournure inédite pour révéler ce qui attend le couple. Un destin funeste animé d'attentions contradictoires. Bien ? Mal ? Les frontières se trahissent jusqu'à perdre quelque peu le spectateur.

L'exécution reste de facture très classique. Le format Scope n'apporte pas grand chose à l'ensemble qui demeure très sage. Une photographie sombre, jouant la carte des ténèbres et des ombres On soupçonne un budget relativement bas : peu de décors, des effets spéciaux au minimum, le tout reposant essentiellement sur le jeu des acteurs. Si Danny Perea surjoue quelque peu la folie gangrénante, il faut s'attarder sur celui, plus sobre et sécurisé de Gabriela Roel (EL DORADO, EL GRINGO), qui porte le final sur ses épaules. Les plus observateurs auront reconnu Noé Hernandez pour le rôle de Marcelino, l'homme à tout faire terrorisé - spectaculaire dans TENEMOS LA CARNE.

Au final, il n'y a pas grand chose qui sorte LOS INQUILINOS du lot. Peut-être la couleur locale de la Santeria, inhabituelle en nos contrées, pourra attiser la curiosité. Mais pas franchement la manière de l'exposer à l'écran. Une narration basée sur la paranoïa féminine qui rappelle inévitablement celle de ROSEMARY'S BABY. Mais assez pauvre en véritables moments de peur ou d'effroi. Une approche minimaliste qui peut produire ses effets lorsque judicieusement utilisée' mais qui ici ne trouve écho que dans les ultimes minutes du film. Pas désagréable à regarder mais d'un intérêt plus que limité.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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