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Critique du film
IT COMES AT NIGHT 2017

 

Quelque part aux USA, après l'arrivée d'un mal indescriptible qui a visiblement décimé la population. Paul (Joel Edgerton) et sa femme Sarah (Carmen Ejogo) vivent terrés avec leur fils dans une maison au fond des bois. Après avoir enterré et brulé le paternel emporté en 24 heures, un inconnu nommé Will (Christopher Abbott) pénètre dans la maison. Prétendant être avec sa femme et son enfant, à la recherche de nourriture. Après quelques hésitations, ils acceptent d'aller les chercher. La cohabitation démarre, en apparence.

On ne saura jamais vraiment « ce qui vient la nuit ». Ce fameux « il », on n'en verra pas la couleur non plus. Pas plus qu'en pleine nuit. En fait, à bien chercher, on ne comprend pas vraiment le titre. pas de créature, pas de morts vivants, pas de contaminés. Un huis-clos bien amené, et qui bénéfice d'une campagne de promotion importante. Doté par ailleurs d'une bande annonce bien flippante. Problème: elle ne reflète en rien ce qu'est vraiment le film. Les amateurs de scénario tet de mise en scène de la terreur vont en avoir pour leurs frais. Si l'ensemble peut faire songer à une excroissance quelconque de THE WALKING DEAD ou d'un 28 JOURS PLUS TARD, pas du tout. IT COMES AT NIGHT reste un thriller psychologique avec quelques accents fantastiques ou de SF, dépendant du prisme de lecture du récit. Un point de départ d'ailleurs qui fait curieusement penser à THE SURVIVALIST sorti il y a deux ans.

La vision du long métrage s'avère plutôt plaisante. Adroitement joué, il apporte surtout la révélation du jeune Kelvin Harrison Jr qui joue le fils du couple, intense et tourmenté. Une rareté : il s'agit d'un couple interracial. On se situe certes à des kilomètres du très beau LOVING pour la qualité plastique du film et ses enjeux, mais cela mérite d'être signalé. Carmen Ejogo rayonne de simplicité tandis que Joel Edgerton ne semble pas vraiment s'écarter du type de jeu qu'il aligne depuis quelques films. Aucune surprise de ce côté là.

Le récit se focalise plus sur la routine mise en branle par le Paul, figure patriarcale tutélaire, monstre forestier inquiétant avec son fusil. Témoin d'une vision de sa belle mécanique qui semble voler en éclat, la mise en péril de l'équilibre familial. Un sens aigu de la protection, du respect de l'autre. Qui vient à être troublé par un intrus au cocon. Will possède lui aussi les mêmes prérogatives, surtout par rapport à son enfant en bas âge. Les interactions, curieuses, vont aller crescendo. Mêlées d'inévitables séquences de rêves (que serait le cinéma de genre sans ces inutiles moments?) aux échanges de liquides corporels noirâtres, de pulsion sexuelle de l'adolescent par rapport à la jeune mère (Riley Keough) qui arrive, de peurs indicibles qui rôdent. L'environnement de la maison apparait graduellement avec quelques petites touches curieuses, comme un tableau flamand au mur, une intrigante porte rouge, des éclairages morbides, le jeu sur le clair-obscur…

IT COMES AT NIGHT se révèle un exercice de style intelligemment élaboré, qui n'emprunte en rien le chemin du film d'horreur. Shults le calibre définitivement comme un drame psychologique intense, naviguant d'un genre à l'autre sans jamais vraiment en choisir les contours. Il enfile plus les oripeaux d'un survival qu'autre chose, au final, avec des forts accents de BLAIR WITCH PROJECT dans la personnification de la forêt et de ses éventuels dangers à chaque coin d'arbre. Cela posé, son absence de réels moments de peurs ou de panique le rend quelque peu inoffensif. L'écran ne s'emplit pas vraiment d'autre chose que des moments de sympathie envers les personnages, ou d'un chouïa d'ambiguïté envers d'autres. Si l'atmosphère de paranoïa se révèle bien rendue, il n'y a malheureusement pas grand chose d'autre. On aura bien un final qui recèle un incroyable moment de tension qui laissera le spectateur vissé à son siège. Sur 95mn de projection, trop peu, hélas.

Le film saura néanmoins trouver sa petite audience parmi les amateurs de films qui sortent des rails habituellement tracés pour les films de genre. Le distributeur ne doit pas s'attendre à un succès à la CONJURING, loin s'en faut. Mais il aura néanmoins du mal à s'imposer parmi les fans de films d'horreur qui seront fatalement déçus.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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