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Critique du film
AFTER EARTH 2013

 

Toujours en mission, le général Cypher est un homme absent, délaissant sa famille. Mais alors qu'il s'apprête à prendre sa retraite du corps des Rangers, sa femme l'incite à se rapprocher de son fils Kitai. Cypher décide donc de l'emmener avec lui pour une dernière mission de routine. Malheureusement celle-ci tourne mal et leur vaisseau s'écrase sur Terre, une planète abandonnée depuis un millier d'années et devenue hostile à l'homme. Les deux jambes brisées, le père ne peut en aucun cas rejoindre la balise de détresse tombée à cent kilomètres de là. Mais il pourra en revanche guider son fils, un jeune homme téméraire et en quête de reconnaissance paternelle.

Américain originaire de Pondichéry en Inde, le réalisateur M. Night Shyamalan réalise son premier long-métrage en 1992. Ce sera PRIER AVEC COLERE, l'histoire d'un jeune indien vivant aux États-Unis et désireux de retourner dans son pays d'origine. Comme ce sera souvent le cas par la suite, le réalisateur scénarise, produit et joue également dans son film. Le jeune homme n'a alors que 22 ans mais son métrage est salué dans différents festivals, ce qui le mènera à une première collaboration avec Disney en 1998. Cela donnera EVEIL A LA VIE, une œuvre assez curieuse dans laquelle un enfant cherche à trouver Dieu suite à la mort de son grand-père. En 1999, M. Night Shyamalan scénarise STUART LITTLE et se révèle avec SIXIEME SENS, un thriller horrifique qui rencontrera un vif succès et lui vaudra six nominations aux Oscars. Dès lors, public et critique attendent avec la même impatience la suite d'une carrière qui, sur une quinzaine d'année, n'aura pas vraiment convaincu. Si INCASSABLE séduit une majorité de spectateurs en 2000, SIGNES et LE VILLAGE seront loin de faire l'unanimité. Les deux restent cependant très rentables, ce qui ne sera pas du tout le cas de LA JEUNE FILLE DE L'EAU. PHENOMENES ne brillera guère en 2008 et LE DERNIER MAITRE DE L'AIR ne devra son salut qu'au jeune public, massivement amateur du dessin-animé «Avatar, le Dernier Maître de l'Air» dont il est l'adaptation.

Pour l'industrie du cinéma, M. Night Shyamalan n'est clairement plus une valeur sûre. La faute sans doute à des films au propos parfois nébuleux, des références souvent très appuyées à la religion, des rebondissements naïfs ou tirés par les cheveux... Quoiqu'il en soit, après trois années d'absence, le bonhomme revient et accepte pour la première fois un script qui n'est pas de sa main. Le choix de la résignation peut-être ? Reste que c'est à l'acteur Will Smith que nous devons une trame relativement simple, celle d'un homme et de son fils qui partent ensemble en forêt, pour un week-end de camping. Malheureusement, un accident de voiture laisse le père blessé et l'enfant en charge de les sauver... Désireux de développer cette idée de base, Will Smith fait appel à Gary Whitta, auquel on doit le script du LIVRE D'ELI. Ensemble, les deux hommes propulsent le concept dans le futur, la science-fiction, les bestioles en tous genres, et lui donnent ainsi des allures de véritable Blockbuster. Un temps nommé 1000 A.E., le projet deviendra AFTER EARTH en arrivant entre les mains de M. Night Shyamalan. De son côté, Will Smith s'investit davantage encore en produisant le métrage en compagnie de sa femme (Jada Pinkett) et de son beau-frère (Caleeb Pinkett). Il s'impose également face à la caméra, aux cotés de son fils Jaden. Tous deux reforment ainsi un duo père-fils qui se montrait si juste et touchant dans A LA RECHERCHE DU BONHEUR...

Reste qu'ici, les relations entre les deux protagonistes seront d'un tout autre tonneau. Le père se veut dur et distant, bien plus militaire qu'affectueux. Le jeune homme est pour sa part en quête d'identité, cherchant pour cela à marcher sur les traces de son géniteur, de sa bravoure, de sa gloire... AFTER EARTH a donc tout du parcours initiatique, du rituel de passage à l'âge adulte. Un passage qui se fera dans la sueur, la souffrance, les larmes et le sang, mais aussi en affrontant ses peurs et en devenant un «vrai homme». Voilà bien un message qui pourra sembler quelque peu daté, un poil «macho», et fleurera surtout le déjà vu. Il sonne même d'autant plus curieusement que devant la caméra, ce père qui bouscule son bambin avec une certaine brutalité aurait tendance à évoquer un Will Smith propulsant son gamin devant les caméras dès l'âge de huit ans... Mais n'allons pas plus loin et contentons-nous donc de n'y voir qu'un métrage d'aventure donnant la vedette à un jeune homme de 14 ans. Un jeune homme extra-ordinaire, comme les affectionne M. Night Shyamalan depuis toujours.

Nous l'aurons donc compris, la Star d'AFTER EARTH n'est pas Will Smith, mais bien son fils. Emouvant dans A LA RECHERCHE DU BONHEUR, étonnant dans KARATE KID, Jaden Smith est ici un héros tout à fait crédible pour les jeunes spectateurs. Les moins jeunes lui reprocheront en revanche son jeu parfois caricatural, alternant sans véritable nuance entre le larmoyant et l'iconique. Reste que le gamin a la pêche et qu'encore une fois, son implication physique est à saluer. Il court, saute, glisse, tombe et se bat sans que l'on doute un instant de ses facultés hors du commun. En fait, il porte le métrage sur ses seules épaules et force est de constater que la tache est un peu rude puisqu'il n'y parvient pas forcément. Car pour se faire, il lui aurait tout de même fallu un peu d'aide. Mais il n'en aura pas. Ni du scénario, qui nous l'avons vu se montre bien léger, ni du metteur en scène, qui assure ici le strict minimum. Nous aurons bien quelques mouvements de caméra, une poignée de séquences assez dynamiques, mais l'ensemble est incroyablement convenu et pour tout dire impersonnel. M. Night Shyamalan nous livre une copie digne d'un monsieur-tout-le-monde hollywoodien, propre mais sans style, une décalque fadasse d'un univers à la AVATAR, dotée d'une photographie criarde et à dire vrai peut séduisante.

On pourra même la qualifier de moche en de nombreuses occasions et notamment lorsque s'invitent les créatures au visuel numérique approximatif. On pense, en particulier, à une poignée de «tigres» bougrement factices, lesquels interviennent lors d'une séquence assez vaine. Un peu plus tard, c'est un immense rapace issu du SEIGNEUR DES ANNEAUX qui, de par ses actes, plongera le film dans le ridicule ou le très enfantin. Nous serions dès lors tentés de dire que le métrage se destine à un public jeune, en quête d'identification, d'aventure et d'histoires simples. Mais le métrage nous semble par instants bien trop violent et grave pour cette présumée cible. Nous nous contenterons donc de conclure qu'AFTER EARTH n'est qu'un film très moyen, simpliste et sans âme, dont le bestiaire s'oubliera aussi vite que cette relation père-fils peu enviable. Ce n'est pas encore cette fois que M. Night Shyamalan relèvera la tête.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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