Header Critique : WARM BODIES RENAISSANCE (WARM BODIES)

Critique du film
WARM BODIES RENAISSANCE 2013

WARM BODIES 

Pendant que les derniers survivants vivent reclus derrière un mur d'enceinte infranchissable, les morts-vivants errent à la recherche de chair fraîche. Une partie d'entre eux ont élu domicile à l'aéroport. Parmi eux, l'un de ces cadavres ambulants détonne en adoptant un style de «vie» atypique et en se posant des questions existentielles...

Paru en France sous le titre «Vivants» à la fin de l'année 2011 et un an auparavant aux Etats-Unis, le roman de Isaac Marion est adapté très rapidement pour le cinéma. Logique puisque l'on connaît depuis quelques années un engouement pour les histoires mêlant romance et univers «Fantastiques» à destination des jeunes adultes et des adolescents. Les ingrédients du livre, un mort-vivant qui tombe amoureux d'une jeune femme normale, ne laissent pas indifférents Summit Entertainment, la maison de production des TWILIGHT. A partir de là, on peut donc se demander si le métrage ne va pas verser dans le culcul la praline avec des amourettes pudibondes pétries de bonne moralité. Il faut être réaliste, c'est le cas ! Mais à la différence de la saga TWILIGHT, ce WARM BODIES RENAISSANCE évite le ridicule en adoptant un ton très second degré et en embrassant la naïveté de son propos avec une touche de poésie. L'ouverture du film nous présente ainsi l'univers des morts-vivants de façon introspective et de la plus belle manière qui soit. On découvre ainsi un personnage pour le moins atypique et inattendu évoluant dans un monde étranger aux «êtres humains» mais dans lequel il ressent un véritable mal être. Si l'histoire pioche du côté de Shakespeare, on retrouve même la scène du balcon chère à Roméo et Juliette, WARM BODIES RENAISSANCE s'en sert comme d'un prétexte à pousser jusqu'au bout l'étude comportementale des morts-vivants issus du cinéma de George Romero. Comme dans ZOMBIE, les morts se regroupent et reproduisent les gestes routiniers de leur vie décédée. De même, on retrouve des idées issues de LAND OF THE DEAD, toujours de George Romero. Même les romances entre zombie et humain ont déjà été évoquées avec plus ou moins de sérieux comme dans LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 ou plus récemment THE NEIGHBOR ZOMBIES. Mais WARM BODIES RENAISSANCE, ou plutôt l'auteur du livre original, s'avère très astucieux dans sa façon de se réapproprier ce qui existe déjà.

WARM BODIES RENAISSANCE n'est pas un film d'horreur en tant que tel, il s'agit plutôt d'une fable humaniste. Du coup, l'épouvante et la tension ne sont pas vraiment au rendez-vous même si quelques détails sont franchement trash. L'aspect peu ragoûtant du comportement des morts-vivants n'est pas occulté et même le héros a des agissements très particuliers. Il y a même un côté parfois déconcertant, ce qui n'est ici pas un mal, à chatouiller le curseur du bon goût au sein d'un film qui est présenté comme une comédie romantique. Mais cela pose un inévitable souci dans le sens où il est assez difficile d'adhérer à l'idylle entre une jeune femme et un mort-vivant. Le contexte de la rencontre puis leur relation manque de naturel ou de crédibilité. A partir de là, il faut donc se rattacher à ce qu'est réellement WARM BODIES RENAISSANCE, c'est à dire une allégorie sur la tolérance et notre société, le tout baignant dans une mise en scène privilégiant la musique et les belles images. Comme on peut le lire sur l'une des affiches, «L'amour rend vivant». C'est nunuche mais cela pourrait résumer assez bien le film... Toutefois, WARM BODIES RENAISSANCE va un peu plus loin et ne se cantonne pas à cette simple idée puisque le film renvoie surtout l'image de notre société qui se déshumanise, qui ne communique plus, qui bouffe son voisin sans se poser de question pour mieux continuer une déprimante routine, cédant à la facilité, oubliant de vivre pour ses rêves en ayant donc perdu de vue ses buts... Malheureusement, la démonstration va un peu trop loin même si l'on ne peut qu'adhérer à un message plutôt louable. Un excès qui tempère un peu l'enthousiasme que l'on aimerait avoir pour ce sympathique WARM BODIES RENAISSANCE. Un métrage qui tend aussi un peu le bâton pour se faire battre en cumulant de petites incohérences. Les morts-vivants nous sont présentés comme lents pourtant, lors d'un flash-back, on découvre des zombies très véloces. Ou encore un même lieu est bondé de créatures agressives dès qu'on s'y balade à pied mais en faisant des allers et retour en bagnole de sport, les morts-vivants restent à l'écart (sûrement à cause des gaz d'échappement). Autre point, une caste des morts-vivants, appelés les «Osseux», sont entièrement réalisés en image de synthèse et cela se voit, certaines démarches peu naturelles rappelant fortement celle de Imhotep dans LA MOMIE (plus de dix ans d'âge tout de même). Enfin, on adore L'ENFER DES ZOMBIES mais le clin d'oeil au film de Lucio Fulci paraît totalement hors sujet tant l'approche du cinéaste italien est très éloignée de l'univers de WARM BODIES RENAISSANCE. Cela devrait quand même ravir Blue Underground qui a donc droit à une poignée de secondes de publicité gratuite pour leur édition Blu-ray, le boîtier étant exposé très clairement !

Si l'on a des griefs à l'encontre de WARM BODIES RENAISSANCE, il faut aussi être honnête. Le métrage s'avère franchement sympathique, contenant une bonne dose d'humour, et l'on ne passe pas un mauvais moment, loin de là. Et puis, «L'amour rend vivant», oui, c'est nunuche... Mais, en même temps, c'est tellement vrai !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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