Header Critique : CASA MUDA, LA (THE SILENT HOUSE)

Critique du film
LA CASA MUDA 2010

THE SILENT HOUSE 

Depuis le débarquement de L'ARMEE DES MORTS il y a quelques temps, le film de genre semble ne plus être relégué dans les méandres du Marché du Film lors du prestigieux Festival de Cannes. En cette année 2010, nous avons pu bénéficier, de manière assez incompréhensible (mais qu'importe), d'un projection du médiocre LA MEUTE. Et, en compétition dans la Quinzaine des réalisateurs, voici que débarque cette CASA MUDA (la Maison Muette), obscure production fantastique uruguayenne. Qui selon quelques bruits savamment orchestrés, faisait office d'objet filmique non identifié. Du Fantastique ? de l'Uruguay ? Une maison hantée ? A Cannes ? C'est pour nous !

Sur le papier, pas de quoi s'affoler. Un scénario qui ressemble à tant d'autres : Nestor et sa file Laura sont engagés pour nettoyer une maison avant l'arrivée de leurs propriétaires. Laura entend de curieux bruits à l'étage. Ils se retrouvent dans le noir avec visiblement des fantômes autour d'eux. Bon...

LA CASA MUDA a été filmé à l'épaule avec une caméra révolutionnaire : la Canon Mark II 5D, utilisée par Quentin Dupieux pour RUBBER, par exemple. L'engin permet, selon certains spécialistes, un rendu d'image optimal avec un coût dérisoire, surtout dans le cas de sources de lumière insuffisantes. Quoi qu'il en soit, le budget annoncé pour LA CASA MUDA est de seulement 6.000 dollars.

Information qui a son importance : le film dure 79 minutes et se déroule sur un plan séquence, donc en temps réel. Une certaine ambition et une bravoure cinématographique affrontées avec des tours de passe passe par Alfred Hitchcock pour LA CORDE. Depuis le plan séquence semble fasciner puisque plusieurs films ont déjà tentés l'expérience à l'image de THE CIRCLE ou encore UNCUT mais également bien plus récemment avec un curieux film argentin (présenté lui aussi dans la Quinzaine des réalisateurs) aux limites du film de genre, PVC-1.

Enfin, LA CASA MUDA est entièrement filmé sur le mode documentaire, se rattachant à des productions comme LE PROJET BLAIR WITCH, ou des films plus récents comme THE CELLAR, [REC] ou encore PARANORMAL ACTIVITY.

Les premières minutes hors de la maison sont assez curieuses, une sorte de calme avant la tempête avec une jeune fille (Florencia Colucci) émergeant des champs à la nuit tombante afin de se rendre dans la bâtisse supposée sans bruit. Le changement de braquet intervient dès l'entrée dans la maison. Qu'importe si le film s'inspire soi-disant d'événements s'étant déroulés ou non, l'impact ne s'en trouve pas modifié.

En fait, le métrage pose assez vite deux problèmes. Tout d'abord, il est plutôt ennuyeux. Il ne s'y passe pas grand-chose et on sent le souci du réalisateur de faire vivre son histoire à travers l'agitation de son héroïne (et elle s'agite, la bougresse). Ce ne sont pas les quelques effets de trouille qui viendront troubler la léthargie générale. Même si on doit admettre que dans l'assemblée présente lors de la présentation officielle à Cannes, beaucoup ont sursauté aux endroits prévus. Ensuite, le scénario s'arrête au moment où la lumière tombe. On a beau croire voir des spectres, entendre des bruits étranges, prendre des coups de lumière dans la figure, le film fait du surplace. Qui plus est, l'héroïne se démène comme elle peut, mais le scénario lui fait adopter le comportement tout aussi inconséquent et stupide qu'ont généralement les personnages similaires dans les films d'épouvante récents. Ces éléments couplés produisent une attente prolongée, car rien de réellement surprenant ne fera son apparition. Et ce n'est pas une fin tombant à plat qui changera le cours des choses.

Par contre, la performance technique retient l'intérêt. Visuellement, le film parvient à se hisser au niveau de productions bénéficiant de beaucoup plus de moyens. Un cadre stable, une photographie qui permet de s'attacher aux moindres détails présents dans la pénombre et de rendre inquiétant l'environnement.. Au-delà de la pure performance du plan-séquence, la robustesse de la technique impose le respect. Tout comme la précision des cadrages et l'audace d'aller jusqu'à jouer avec des miroirs, avec la profondeur de champ vue l'action en cours. Le tout se déroulant en quasi huis clos (avec quelques instants de fuite en forêt avant de retourner dans la maison) et porté à bout de bras par une Florencia Colucci qui tient une performance d'actrice remarquable sur presque une heure et quart d'hystérie. En même temps, il fallait bien ces artifices afin de combler un scénario somme toute banal et des péripéties anecdotiques.

Déjà fait, déjà vu. Les amateurs habitués au concept BLAIR WITCH feront la fine bouche ou apprécieront la singularité uruguayenne, après avoir goûté aux simili-extravagances de PARANORMAL ACTIVITY dont la finalité partage ici plus d'une similarité. On imagine aisément la préparation pointilleuse en amont du tournage, le soin dans la postproduction… qui fera mouche auprès de spectateurs peu habitués à ce type de film d'épouvante. Pour les autres, ça sentira la redite et LA CASA MUDA reste un exercice de style certes soigné, mais finalement peu intéressant, longuet et sans Gérard. Une sortie salles est envisagée pour 2011, mais il faudrait la force de frappe d'une major et beaucoup d'inventivité afin de créer un certain buzz de manière à faire gober aux spectateurs un principe qu'ils ont déjà avalé avec force sur PARANORMAL ACTIVITY.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
1 votes
Ma note : -
Autres critiques