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Critique du film
SPLICE 2009

 

Dans le cadre de la recherche scientifique, Clive et Elsa, deux jeunes généticiens, travaillent sur des croisements entre des espèces animales. Le but étant de créer de nouvelles créatures qui seraient à même de produire de nouveaux composants pour l'industrie pharmaceutique. Après un succès, le couple de chercheurs a envie de passer à l'étape suivante en fabriquant un hybride mi-animal et mi-humain…

Vincenzo Natali n'enchaîne pas les tournages et les projets cinématographiques à vive allure. Ainsi, il s'écoule une demie-douzaine d'années entre son dernier film, SPLICE, et son précédent long métrage. Le cinéaste canadien dévoile même que SPLICE est un scénario qu'il traîne depuis plus de dix ans sans pouvoir le monter pour diverses raisons. Dès lors, ce nouveau film de Vincenzo Natali suscite une énorme attente compte tenu de la qualité des ses précédents essais cinématographiques : CUBE, CYPHER et NOTHING. Le réalisateur avait plutôt réussi, jusqu'à maintenant, à provoquer la surprise en proposant, à chaque fois, des métrages visuellement très travaillés et débordant d'idées. Mais ce quatrième long métrage semble, bizarrement, beaucoup plus classique et posé en ce qui concerne sa forme. Cela a, d'ailleurs, de quoi surprendre particulièrement après NOTHING et CUBE.

En substance, SPLICE est une nouvelle variation sur le thème des scientifiques flirtant avec les limites éthiques de leur profession. En cela, le couple principal du film suit le chemin des savants exaltés qui ne peuvent se résoudre à stopper leurs expériences et ce malgré les résultats. Nouveaux rejetons spirituels du Baron Frankenstein, Clive et Elsa s'inscrivent dans un registre réaliste et sont finalement plus proches d'un Paul Holliston que d'un Herbert West (RE-ANIMATOR). Et si l'on évoque Paul Holliston, c'est en raison de certains thèmes abordés par SPLICE. En effet, le film de Vincenzo Natali donne un peu l'impression d'être une ré-interprétation du EMBRYO réalisé par Ralph Nelson au milieu des années 70. Toutefois, SPLICE instaure une certaine originalité en développant un peu mieux son décor politico-scientifique. Cette partie du récit est clairement la plus réussie en exposant le cadre dans lequel sont amenés à travailler les scientifiques pour un grand groupe pharmaceutique. Dans le film, leurs représentants ont une approche pragmatique des limites morales en plaçant en premier lieu non pas l'avancée de la science mais une rentabilité à court terme. Vincenzo Natali réussit assez bien à peindre le tableau des enjeux de la recherche dans le domaine du génie génétique, et ce à plusieurs niveaux. Cette partie de l'intrigue se terminera, en quelques sortes, de manière assez amusante et sanglante lors d'une présentation auprès d'une assemblée d'actionnaires.

Bien moins abouti, le récit de l'expérience visant à créer un hybride humain va s'étioler au fur et à mesure de l'avancée du film. Plutôt bien troussé, en adoptant un ton sérieux, lors des premiers pas de la bestiole, SPLICE va malheureusement s'orienter vers un traitement des plus classiques dans sa dernière partie. Seul élément qui relève un peu la sauce, Vincenzo Natali va jusqu'au bout de la partie sentimentale de son histoire. Relativement osé, même si d'une certaine manière EMBRYO est déjà passé par-là, cet aspect du récit permet d'offrir quelques rebondissements salvateurs. Car, hormis cela, SPLICE se fait, à ce moment là, un peu trop convenu en développant son histoire de créature «monstrueuse». De plus, la dernière partie du film se déroule dans un décor qui a tendance à donner un côté un peu fauché à l'action. Devenant, sur la fin, un film de monstre très classique, SPLICE se termine même avec un épilogue qui n'a rien d'inattendu voire même qui confère au cliché du genre au point de pouvoir le comparer, soyons fou, à des métrages comme LA MUTANTE 2. Reconnaissons tout de même que la créature est vraiment réussie visuellement de ses premiers pas jusqu'à son évolution finale tout en proposant un design assez atypique.

SPLICE met en scène peu de personnages pour donner corps à son histoire avec, en vedette, le duo formé par Adrien Brody et Sarah Polley. On reconnaîtra aussi l'acteur fétiche de Vincenzo Natali, David Hewlett, et il serait malvenu de ne pas évoquer la prestation, qui n'a pas dû être aisée, de la Française Delphine Chaneac. Mais cela ne suffit pas à éviter la déconvenue. Car si SPLICE est loin d'être un métrage déshonorant, il provoque surtout une grosse déception compte tenu du cinéaste qui se trouve derrière la caméra. Vincenzo Natali nous ayant habitué à bien mieux qu'un film plutôt sympathique mais sans grand éclat.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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