Header Critique : TEMOINS DU MAL, LES (NO-DO)

Critique du film
LES TEMOINS DU MAL 2009

NO-DO 

Après avoir mis au monde un nouvel enfant, Francesca et son mari se mettent au vert dans une vieille et imposante bâtisse isolée. Assez vite, des événements étranges vont se produire alors qu'une vieille femme rôde aux alentours…

Les «No-Do», pour «Noticiario Documentales», sont le pendant espagnol des actualités cinématographiques. Chaque semaine, ces métrages informaient les spectateurs des salles de cinéma avec, tout de même, dans le cas présent un contrôle du régime franquiste. Néanmoins, le film de Elio Quiroga n'aborde pas de front la dictature espagnole. On pourra éventuellement faire un rapprochement avec la vision de l'institution catholique telle qu'elle est dépeinte dans LES TEMOINS DU MAL. En ce sens, les dernières images du film exposent ainsi l'évidente manipulation des informations officielles au travers d'un ultime «No-Do» venant rationaliser et déformer les événements du passé. Mais si les intentions de l'auteur étaient de parler de la désinformation et de la dictature, cela s'avère, à l'arrivée, un peu maladroit. Car c'est avant tout le salmigondis de complot religieux, de spectres et autres événements surnaturels qui retiennent l'attention dans un métrage à l'efficacité très relative. Les «No-Do», dans LES TEMOINS DU MAL, s'avèrent plus un artifice qui permet de faire avancer l'intrigue ou d'utiliser quelques effets de styles, sorte de charnières graphiques entre les événements du passé et l'intrigue se déroulant à notre époque.

Pas à son coup d'essai puisqu'il avait déjà réalisé THE DARK HOUR, Elio Quiroga se place dans le sillage des films de fantômes espagnols tels que LES AUTRES, FRAGILE ou encore L'ORPHELINAT. Traitement sérieux et ambiance «classe» ne vont hélas pas suffire à sortir le film d'un déroulement peu captivant. Déjà vu à de nombreuses reprises, la mise en place de l'intrigue se fait un peu morne en attendant les rares apparitions fantomatiques. De fait, le métrage peine à instaurer un semblant d'épouvante ou au moins d'inquiétude. De plus, quelques idées qui auraient pu être ingénieuses de prime abord, comme l'utilisation d'un babyphone, tombent littéralement à plat. Enfin, certaines des manifestations surnaturelles paraissent dénuées de véritable sens. Par exemple, la signification d'une inscription sur un mur ne sera jamais clairement explicitée dans la suite du récit. Mais c'est surtout la partie consacrée à la branche espagnole de l'institution catholique qui a encore bien plus de mal à convaincre. Si le film se veut plutôt critique vis à vis de l'organisation religieuse, c'est finalement pour mieux appuyer la véritable existence des forces du bien et du mal. Le final spectaculaire du métrage est, à ce niveau là, assez ridicule avec sa jolie fusée religieuse symbolisant le départ d'une bonne âme vers les cieux. Pourtant, LES TEMOINS DU MAL ne prête pas à la rigolade avec son intrigue principale sur laquelle vient se greffer une histoire parallèle tout aussi abominable. Mais le film ne réussit jamais vraiment à communiquer l'horreur, carrément glauque, des drames qui nous sont dépeints au travers de quelques flash-back. Quitte à bien alourdir son métrage, Elio Quiroga en rajoute dans le surnaturel avec un inutile ressort dramatique totalement éventé depuis pas mal d'années et qui s'avère assez vite évident lors de la vision du film.

Manquant cruellement d'efficacité et n'étant franchement pas passionnant, LES TEMOINS DU MAL installe assez vite un ennui poli. A un tel point que la vision des deux dernières séquences, venant s'ajouter à une fin déjà clairement établie, devient un petit calvaire avant l'arrivée du générique de fin. Le métrage a pourtant quelques petites qualités à l'instar de l'imagerie de ses spectres ou encore d'une courte séquence avec des ectoplasmes menaçants qui sortent des murs pour s'attaquer à un jeune garçon. Mais le scénario passe hélas à côté de son sujet et exploite assez mal ce qui aurait pu être véritablement terrifiant. Cette histoire de vieilles images d'archives, camouflées par des religieux, aurait mérité une approche plus radicale et ingénieuse de manière à rendre tout cela bien plus crédible. A la place, Elio Quiroga accouche d'un métrage un peu mou et parsemé de très rares séquences intéressantes noyées au sein d'une narration qui tend à les étouffer.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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