Header Critique : ESTHER (ORPHAN)

Critique du film
ESTHER 2009

ORPHAN 

Après la perte de l'un de leurs enfants, Kate et John traversent une période difficile. Pour retrouver son équilibre, le couple décide alors d'adopter une petite fille de manière à remplir le vide au sein de la famille. Dans un orphelinat, ils vont ainsi faire la rencontre d'Esther, fillette réservée et intelligente. Après avoir rejoint sa famille adoptive, Esther va néanmoins se trouver assez souvent au centre d'étranges événements. De quoi susciter l'inquiétude et la curiosité de Kate à propos du passé de la jeune fille…

D'origine espagnole, Jaume Collet-Serra s'envole pour les Etats-Unis à 18 ans de manière à concrétiser son rêve, réaliser des films. Si le jeune cinéaste entreprend des études à Los Angeles, il décide de tourner des clips vidéo puis des publicités. C'est de cette façon qu'il va attirer l'attention de Joel Silver qui lui proposera de réaliser un remake très vague de L'HOMME AU MASQUE DE CIRE pour le compte de Dark Castle Entertainment. A vrai dire, son métrage, LA MAISON DE CIRE, s'éloigne pas mal du film d'André De Toth mais s'avère bougrement sympathique. De peur d'être confiné dans le domaine de l'horreur cinématographique, il change sa caméra d'épaule et choisit de réaliser un métrage sportif avec GOAL II. Le cinéaste apprécie le football et il a donc l'opportunité de retourner en Espagne pour mettre en boîte ce film sportif. A son retour aux Etats-Unis, Joel Silver lui propose de réaliser un autre film pour Dark Castle Entertainment, ORPHAN qui changera de titre en France pour devenir ESTHER. Séduit par le scénario, Jaume Collet-Serra accepte de retourner vers le cinéma horrifique.

Toutefois, si ESTHER penche de par son sujet vers l'horreur, il s'éloigne énormément d'un film tel que LA MAISON DE CIRE. En effet, ESTHER ne se repose pas du tout sur une imagerie spectaculaire ou une intrigue flirtant autant avec le survival que le slasher. Le nouveau film de Jaume Collet-Serra, ESTHER, est clairement bien plus mature dans son approche du «genre». Le sujet pourra paraître, néanmoins, peu novateur puisque ESTHER s'inscrit dans le sillage des enfants très inquiétants qui s'affichent au cinéma depuis bien longtemps déjà. De LA MAUVAISE GRAINE de Mervin Le Roy au plus récent JOSHUA en passant par des titres plus atypiques comme LES REVOLTES DE L'AN 2000, DE SI GENTILS PETITS... MONSTRES ou HORROR KID, les bambins n'ont plus rien d'innocents et menacent les adultes ainsi que le sacro-saint et rassurant cocon familial. En soit, ESTHER suit une trame relativement classique dans ce domaine ce qui pourrait assez vite jouer en défaveur du film de Jaume Collet-Serra.

Heureusement, le scénario peaufine assez bien ses personnages de façon à rendre «crédible» l'histoire. Même en utilisant des clichés, ESTHER réussit à provoquer une véritable empathie pour les divers protagonistes et plus particulièrement la mère de famille interprétée par Vera Fermiga. La comédienne avait d'ailleurs déjà eu maille à partir avec un môme dans JOSHUA. Ici, l'actrice se trouve bien mieux mise en valeur et certaines séquences la rendent particulièrement touchante. C'est le cas, par exemple, des passages évoquant la très symbolique place conservée au sein du foyer pour l'enfant décédé. Cas plutôt rare, même les divers enfants qui ne manquent pas d'apparaître à l'écran semblent tous plus vraisemblables les uns que les autres. Evidemment, c'est la jeune actrice incarnant Esther qui surprend bien plus encore, d'autant plus lors de l'épilogue du film. Sans en faire des tonnes, jouant même plutôt la sobriété, Isabelle Fuhrman devient une enfant étrange et forcément un peu inquiétante. La mise en scène de Jaume Collet-Serra ne verse pas non plus dans le démonstratif, ce qui renforce d'autant les événements de l'intrigue. Le cinéaste réussit même à faire passer quelques séquences un peu osées comme une séquence de séduction assez surréaliste. Des moments qui auraient pu sombrer dans le ridicule mais qui passent plutôt, à ce moment là, comme des pointes d'humour noir. Entre le cinéma d'épouvante et le thriller psychologique, ESTHER assume donc pleinement sa différence avec le tout venant des horreurs gratuites pour adolescents en mal de sensations fortes. Véritable réussite dans son genre, ESTHER est un métrage aussi divertissant que surprenant qui vient confirmer les compétences d'un cinéaste dorénavant à suivre, Jaume Collet-Serra. D'autant qu'il reste cohérent avec son premier long métrage, même si ESTHER n'a pas grand chose à voir, via une idée visuelle très réussie qui raccroche le film au côté plus clinquant et fluo de LA MAISON DE CIRE.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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