Header Critique : THE CELLAR (HUSET VID VAGENS ANDE)

Critique du film
THE CELLAR 2002

HUSET VID VAGENS ANDE  

Le Marché du Film organisé en parallèle du Festival de Cannes demeure un temple d'adoration de curiosités surgies de nulle part. Ainsi ce HUSET VID VAGENS ANDE (qu'on peut traduire par «La maison au bout de la route»), disponible sous son titre d'exploitation internationale THE CELLAR, présenté comme une nouveauté. Nouveauté... oui et non. Le générique de fin indique 2002 comme année de réalisation, mais l'on s'aperçoit en fait que le film, malgré quelques présentations au sein de Festivals, n'est jamais sorti nulle part. Il s'apprêterait en fait à effectuer son tremplin, probablement en vidéo, dans le courant de l'année 2009 en Suède, son pays d'origine.

Quatre étudiants en art décident de se retirer dans une maison éloignée au fin fond de la campagne suédoise afin de terminer leurs projets d'étude. Ils ne tardent pas à avoir des hallucinations et voir leur comportement se modifier… réalité ou présence paranormale ?

Un premier élément frappe dès la vision du film : son budget maigrelet. Une maison, des décors vides, quelques extérieurs neigeux. Tournage en caméra DV du côté de Lund, mixage sonore parfois approximatif, direction d'acteurs qui laisse à désirer. On sent un peu le film de potes, d'étudiants, dans tout ce que cela a de positif - l'énergie et la volonté - et de moins bon car on frise parfois l'amateurisme dans certaines séquences.

L'influence de THE BLAIR WITCH PROJECT se fait également sentir. Il faut rappeler qu'à l'époque de sa réalisation, la forme de tournage qui a révélé le film de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez (petit budget, tournage en extérieur, caméra DV, épouvante sans effets spéciaux…) a donné suite à nombre de films qui tentèrent avec plus ou moins de succès de l'imiter. La Suède n'en fut pas exempte avec DET OKANDA (THE UNKNOWN) en 2000. La recette s'avère basiquement la même, tant dans la géographie du lieu (en pleine nature) que de la montée graduelle du suspense.

Les deux réalisateurs portent leur choix sur une mise en scène favorisant le malaise, l'atmosphère plutôt que les effets chocs. Très peu de sang sur les 71 minutes du métrage, mais cela n'est donc clairement pas le but des auteurs. Reste que le scénario peine à insuffler le malaise, les quarante premières minutes servant à installer les personnages et plus à jouer la montre qu'autre chose. Du bavardage, remplissage avec des flash-backs d'événements «terrifiants» qui ont marqué les quatre amis. Cependant, l'un d'entre eux est particulièrement réussi narrant la rencontre improbable d'un double. Lorsque la narration tente d'aérer le récit, c'est pour aller à la rencontre de locaux qui indiquent que la maison où ils résident n'existe pas… le scénario tente alors de s'engouffrer dans une brèche faites de paradoxes de manière à plonger le spectateur et les protagonistes dans l'incompréhension la plus totale. Cette scène est d'ailleurs plutôt bien vue et réussit à semer le doute dans l'esprit du spectateur. Le regard du local laissant à penser qu'il ne semble peut-être pas étranger à tout cela.

Il y a quelque chose dans la cave de cette maison. Des voix, des chuchotements… fantômes ? mort-vivants ? Créatures de l'au-delà ? Doppelgangers ? Folie ? Le film n'en dira guère plus, ne souhaitant pas s'étendre sur l'explication des phénomènes, qui peuvent aussi bien se passer dans la tête des étudiants, sorte de matérialisation de leurs peurs. Seul l'un d'entre eux trouvera une amorce d'explication quant aux tableaux que peint l'un des siens, avec la présence de mystérieuses ombres blanches autour de scènes qu'il vient à peine de vivre. La vision de ces «autres» s'effectue de par une déformation d'images parfois en accéléré, martelé de bruits et autres soupirs. Classique, même si la notion «d'autre côté» fait bizarrement penser au PRINCE DES TENEBRES de John Carpenter d'un strict point de vue de l'idée. Car, et c'est peut être la seule qualité du film, l'origine du phénomène ne sera pas décrite comme étant un éventuelle (et énième) manifestation démoniaque ou surnaturelle.

Tout semble indiquer que la cave de la bâtisse est un lieu maléfique où ont du se passer des événements abominables. Laissée à l'abandon, elle se révèle rapidement un véritable labyrinthe qui s'étend bien au-delà des limites de la maison. Tout d'abord une pièce condamnée qui, ouverte, donne sur des traces de sang éparpillées ça et là et un nombre de salles vides. La caméra à l'épaule veut offrir une notion de peur surgissant de n'importe où. Mais force est de constater qu'on attend patiemment qu'il se passe quelque chose. Car d'abomination, pas de trace !

Et puis, brutalement, le film change de braquet dans son dernier tiers. Une seul personne semble avoir échappé à cette maison et demeure dans un hôpital. La brutalité de l'ellipse (et le final) laissent à penser que soit le scénario a posé problème et que les réalisateurs/scénaristes ne savaient pas comment terminer le film. Où bien ils avaient la volonté de laisser tout le monde (histoire, personnages et spectateurs) dans l'abscons le plus total. Probablement un peu des deux, tant le visuel – parfois soigné - et les exagérations du jeu des acteurs comblent une histoire qui tient sur un timbre poste, souffrant de graves problèmes d'écriture et de développement.

HUSET VID VAGENS ANDE reste malgré tout une tentative de cinéma indépendant pas inintéressante, déjà du simple fait de ne pas reposer sur des effets de torture ou de gore (revenu à la mode de nos jours). L'atmosphère est par instants prenante, notamment avec les dix dernières minutes avec la découverte de la maison ainsi que de sa cave par le dernier protagoniste. Ce passage représente le meilleur moment du film, avec une mise en valeur inquiétante des paysages enneigés du sud de la Suède. Mais hormis cela, il ne se passe pas grand-chose qu'on ait déjà vu ailleurs et le film arrive avec quelques années de retard en matière de frousse en DV.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
1 votes
Ma note : -