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Critique du film
MARTYRS 2008

XD 

Quatre ans après une première œuvre inégale mais encourageante, Pascal Laugier revient sur le devant de la scène grâce une nouvelle réalisation horrifique intitulée MARTYRS… Si SAINT-ANGE jouait à l'évidence la carte du suspense et d'une tension subtile, ce second métrage opte en revanche pour une approche bien plus directe et «rentre-dedans». Il faut dire qu'entre temps, le cinéma dit «de genre» a bien évolué et qu'aux Etats-Unis comme en France, la tendance semble être à la surenchère. Mais jusqu'où cela peut-il nous mener ? MARTYRS nous apporte, à sa manière, un début de réponse…

Le métrage nous conte donc l'histoire de Julie, jeune fille kidnappée puis torturée durant plusieurs mois. La demoiselle parviendra finalement à s'échapper mais son état physique et mental demeurera des plus alarmants. Traumatisée, elle trouvera cependant le réconfort auprès d'Anna qui deviendra bien vite son unique confidente. Les années passent alors mais, un beau jour, Julie croit reconnaître l'un de ses bourreaux...

Voici donc un pitch pour le moins encourageant qui n'offre en réalité qu'un rapide aperçu de ce qu'est le scénario rédigé de la main même du réalisateur. Dès les premières images, le générique nous met en confiance et bien vite, nous nous rendons compte que la maîtrise visuelle de SAINT-ANGE répond cette fois encore à l'appel. Aux hurlements de Julie succèdent ainsi une série d'images d'archives sales et granuleuses, témoignant des troubles psychologiques qui handicaperont à jamais la jeune femme. Fort de cette introduction plutôt léchée, le réalisateur nous invite alors à faire connaissance avec les présumés tortionnaires. Dès cet instant, le spectateur se prend à émettre quelques doutes... Le jeu des acteurs, tout simplement lamentable, se couple à de bien bancales lignes de dialogues pour un résultat se situant à la limite du risible… Qu'importe en réalité car avec l'arrivée d'une Julie dorénavant adulte, Pascal Laugier livre à ses convives un spectacle d'une violence et d'une rage qui fait indiscutablement mouche. La séquence est alors efficace, douloureuse et particulièrement graphique.

Malheureusement pour nous, l'illusion MARTYRS s'évaporera là, après seulement vingt minutes de métrage… Oublions la hargne, laissons de côté la fureur et la folie pour maintenant sombrer dans une facilité et une platitude des plus déconcertantes. Particulièrement maladroit, le réalisateur nous déverse ainsi un flot ininterrompu d'incohérences tout simplement fatales à son œuvre. Car en voulant pousser le concept de la violence à son paroxysme (hum…), l'homme en oublie tout simplement l'écriture d'un script un tant soit peu carré et tangible. Tout n'est ici qu'une vaste succession de tristes clichés, d'emprunts maladroits (HELLRAISER, 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE, SILENT HILL, etc...), de révélations éventées et de séquences d'une gratuité presque puérile…

Cette gratuité, nous la retrouverons sans surprise au chapitre de la violence (justifiée par une «quête» simpliste au point de n'être qu'un ridicule prétexte) mais aussi lors de séquences plus «intimistes» comme, par exemple, celle du baiser lesbien, acte semble t'il imposé au sein des productions horrifiques françaises actuelles. Une profonde amitié n'était-elle pas une explication suffisante ? Manifestement pas si l'on en juge les images d'un réalisateur qui commet dès lors deux fautes majeures. La première est d'oublier que, bien souvent, le suggestif s'avère plus percutant que le démonstratif et la seconde est, malheureusement, de ne pas avoir foi dans le potentiel dramatique de ses actrices. Sur ce dernier point, la séquence finale du regard «synthétique» sonne comme un terrible aveu, tout comme le gros plan sur un jet d'urine se substituant maladroitement au visage humilié d'Anna…

Bien que Morjana Alaoui et Mylène Jampanoï nous livrent ici des prestations plus que convaincantes, l'obstination incessante du réalisateur à vouloir privilégier les images «chocs» nous prive d'une implication pourtant vitale à l'entreprise. Dès lors, nous devrons nous contenter d'assister aux violentes mésaventures de deux pantins pour lesquels nous ne ressentirons jamais rien. Cet état de fait, déjà fort regrettable en première partie de métrage, vire carrément au dramatique lorsque vient l'heure du «calvaire». Ce mot, c'est bien entendu au spectateur qu'il s'appliquera et non à cette victime tristement désincarnée et malmenée dans l'indifférence la plus totale… Car plus que tout autre, c'est bien le sentiment d'ennui qui prend le dessus lors du visionnage de MARTYRS. L'aspect pour le moins redondant d'images laides et dénuées d'imagination fini ainsi d'achever un film pour lequel il devient dès lors très difficile d'être indulgent.

Nous espérions de l'horreur, des sensations fortes et de l'inédit ? Nous n'aurons finalement qu'une violence plate et inutile, une implication émotionnelle proche du néant et de bien tristes clichés. MARTYRS est aujourd'hui l'illustration parfaite de ce à quoi la surenchère pouvait nous mener : C'est le concept d'un HOSTEL sans son imagination, la gratuité d'un GUINEA PIG : FLOWERS OF FLESH AND BLOOD sans son extrême poésie macabre et la prétention d'un film comme LE 7EME CONTINENT expurgé de toute intelligence. MARTYRS est donc plus qu'une oeuvre décevante, c'est un métrage sans âme qui n'a de toutes évidences rien à dire et rien de nouveau à dévoiler.

Espérons malgré tout que le réalisateur de SAINT-ANGE saura se ressaisir au plus vite et que cet opus horrifique ne sera au final qu'une malheureuse et insignifiante «boulette». Souhaitons par ailleurs que le cinéma français n'ait pas l'idée saugrenue de s'engouffrer dans le stupide sur le seul prétexte du «toujours plus»; les jeunes talents hexagonaux ont mieux à nous offrir, nous en sommes convaincus...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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