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Critique du film
DARK RAGE 2008

 

Petite production indépendante, DARK RAGE possède sur le papier une histoire à priori intéressante. Celle de Ned (Christopher Dunne) un cinquantenaire rangé travaillant dans un centre d'appels et vivant avec sa fille. Et celle de Paul (Christopher Dane), son locataire de longue durée, légiste à la morgue locale. Tous les deux sont des tueurs en série. Ned abat les hommes qui l'importunent. Paul des femmes qu'il viole une fois morte sur sa table de dissection.

Alléchant, n'est-ce pas ? Détrompez-vous, triple fois hélas. La mise en image est proche du catastrophique. Même si la projection fut médiocre, on ne peut que mettre en avant la laideur de l'ensemble. L'excuse d'un budget qu'on sent très bas mise de côté, le réalisateur, scénariste et producteur Lee Akehurst ne réussit jamais à déployer une once de malaise, de peur ou d'horreur sur l'écran.

On sent bien qu'il souhaite mettre son nez là où cela ne sent pas très bon. Un peu de nécrophilie par ici, de la torture par là, une pincée de cinéma social à l'anglaise, une folie tranquille, du voyeurisme… rien n'y fait. Le scénario poursuit plusieurs lièvres à la fois et oublie de se focaliser sur son sujet. Si bien que l'ennui pointe rapidement le bout de son nez et rien ne changera pendant les 90 minutes réglementaires.

Une mise en scène très fonctionnelle et sage que l'on sent en rapport à l'approche psychologique de l'ensemble. Tourné en format Scope (probablement en HDCam vu le rendu visuel ?), le réalisateur n'en exploite aucun avantage. Toutes les actions sont situées au centre de l'écran. A se demander si le choix du format n'a pas été une erreur.

Quant aux attaques des victimes, tout se situe hors champs : on ne voit rien. Côté carnage, il n'y rien à se mettre sous la dent. Toutes les attaques se trouvent désamorcées par une volonté de ne rien montrer à l'écran. Raison budgétaire, apparemment. Mais aussi un manque flagrant de rigueur dans la construction des scènes, l'élaboration du suspense : aucune montée d'adrénaline ne survient. Qu'un livreur de pizza se fasse étrangler ou qu'un homme attaché à un arbre se fasse brûler vif… On ne ressent rien. On se contrefiche des victimes et des affres psychologiques de Ned. L'absence d'enjeu, peut être ? Parce que même si la caméra suit plus Ned dans ses tribulations de travail, le fait qu'il se fasse maltraiter par son patron, par exemple, n'entre jamais vraiment en ligne de compte. Les scènes d'exposition se suivent, inintéressantes. Les amateurs de suspense ou d'horreur seront plus que déçus.

Il faut y ajouter un jeu d'acteur amateur qui n'arrange en rien les affaires du film. Si les deux acteurs principaux s'en sortent avec les honneurs, le reste du casting fait plonger DARK RAGE dans une sorte de production régionale du plus mauvais effet. On sent l'envie de bien faire, la volonté de créer un univers à part... La scène de fesses entre Ned et sa collègue de travail ne fonctionne pas. Le simple fait de la voir monter les escaliers fait penser de suite au réalisateur que l'on entend dire «surtout, monte bien les escaliers lentement pour qu'on sente que tu es inquiète» ! Et elle les monte lentement, les escaliers. Le pas lourd. La tête droite. Non, ça ne marche pas et cela en devient risible.

Il n'y a guère que les dix dernières minutes qui rehaussent l'intérêt : la rencontre des deux tueurs. Il aura fallu subir 80 minutes de très longs dialogues et d'histoires sans aucun intérêt pour comprendre où veut en venir le réalisateur. Toujours sans enjeu, le scénario est à bout de cartouche et tente désespérément un retournement de situation (qui a pourtant été parcimonieusement dispensé tout au long du film)… dont, hélas, on se contrefiche complètement (Hormis la seule scène gore). Si bien qu'au bout du film, on se surprend à dire «tout ça pour ça ?». Et de quitter la salle dans une relative indifférence. Entre la mise en scène pataude et les acteurs quasiment tous médiocres, le scénario n'arrive pas à masquer de criants problèmes d'écriture.

L'affiche du film apostrophait «Vous êtes-vous déjà demandé comment fonctionne un tueur en série ?» Il faut avouer qu'on en sait guère plus avec ce DARK RAGE qui n'a de ténébreux et d'enragé que le titre du film. C'est plutôt la mollesse et l'ennui qui tiennent le haut du pavé. Quelle perte de temps ! Pourtant la perspective de passer une heure et demi en compagnie de deux tueurs en série britanniques avait tout pour être attrayante ? Après la vision de DARK RAGE, probablement tout sauf le film.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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