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Critique du film et du DVD Zone 2
FEAST 2005

 

Dans un bar perdu au milieu du désert, les clients passent la soirée tranquillement jusqu'à ce que de vilaines créatures ne viennent casser l'ambiance. Très agressives, elles entendent bien tuer durant la nuit tous ceux qui se sont réfugiés dans cet abri d'infortune.

Ca ne rigole pas aux Etats-Unis avec les émissions de télé réalité. Il y en a pour tous les goûts et le cinéma n'y a pas échappé. Produit par, entre autres, les frères Weinstein et leurs boites de production Miramax, PROJECT GREENLIGHT se met donc en tête de suivre la création d'un film sous les regards approbateurs ou critiques des professionnels de la profession. Parmi ceux-ci, on trouve Matt Damon et Ben Affleck en producteurs exécutifs de l'émission et qui viennent donner leur avis sur le déroulement de cette création cinématographique en «direct live». L'émission se plante quand même pas mal lors de ses deux premières tentatives puisque les deux films produits vont provoquer une indifférence aussi grande que l'audience de l'émission est basse. STOLEN SUMMER et THE BATTLE OF SHAKER HEIGHTS vont rester dans l'ombre au grand dam de leurs producteurs cinématographiques et télévisuels. Pour sa troisième édition, plutôt que jeter l'éponge, l'émission décide de ne pas retenter le coup de la parodie du système cinématographie français. Ce ne sera donc pas un drame qui sera produit mais un film de genre et plus particulièrement un film d'horreur. Cette fois, l'émission connaît un regain d'audience et FEAST sera distribué dans pas mal de pays, le plus souvent directement en vidéo. Ce n'était pourtant pas gagné puisque la création du film va être relativement houleuse (en gardant à l'esprit une part d'intox de ce qui est, à la base, un show médiatique). Wes Craven fait parti des invités qui donnent son avis sur le déroulement tout en assumant, évidemment, le rôle de producteur. FEAST se retrouve donc avec deux dizaines de producteurs, certains étant donc plus des invités de l'émission critiquant ceci ou cela plutôt que des personnalités assumant réellement le poste tel qu'on l'entend !

Après sa création télévisée où l'on commencera par choisir un scénario, les heureux gagnants sont donc les scénaristes Patrick Melton et Marcus Dunstan ainsi qu'un réalisateur débutant. FEAST sera ensuite distribué très rapidement dans les salles américaines avant d'être commercialisé en vidéo dans une version «Unrated». Une façon d'attirer les fans de cinéma d'horreur a qui l'on fait la promesse de plus grands débordements sanglants. Et il est vrai que FEAST n'hésite jamais à verser dans le gore. Le scénario, en lui-même, est avant tout un prétexte à un huis clôt où peut s'exprimer l'affrontement entre quelques péquins coincés dans un bar et des créatures agressives. L'origine de ces dernières restera indéfinie. L'essentiel étant que les bestioles entendent bien éliminer tout ce qui ressemble à un être humain. Petite fantaisie, ces bestioles qui viennent d'on ne sait où ont la particularité d'être aussi affamées que sexuellement actives. Elles n'hésitent d'ailleurs pas à copuler furieusement de manière à pondre rapidement quelques marmots monstrueux, pratiquer une fellation mortelle sur l'un des personnages et même insinuer leurs sexes un peu partout quitte à se le faire coincer dans une porte. On se croirait revenu au milieu des années 80 et 90 où le cinéma d'horreur se lâchait à grands coups de matières visqueuses dont FEAST n'est pas avare du tout ! Le film prend dès lors des airs anachroniques avec la production actuelle. La série des TREMORS est d'ailleurs l'un des premiers titres qui vient à l'esprit en regardant FEAST. L'origine inconnue des créatures, leur mode de reproduction rapide et l'état de siège dans un bar planté au milieu du désert où seule une radio vous donne la possibilité de communiquer vers la civilisation donnent l'impression d'avoir été repris des films de Ron Underwood et S.S. Wilson. Mais FEAST n'a probablement pas profité d'un budget conséquent et va donc resserrer son action dans un lieu unique. Le désert sera ainsi plus évoqué que réellement montré.

De façon à épicer le spectacle, FEAST va jouer avec les conventions du genre. Les personnages vont nous être présentés un à un avec leur espérance de vie probable. Pour certains, il n'y aura pas tromperie sur la marchandise et ils seront éliminés comme convenu. Pour d'autres, par contre, le film va s'ingénier à créer la surprise en supprimant de façon jouissive des personnages inattendus. D'ailleurs l'une de ces morts n'est pas sans rappeler le savoureux monologue de Samuel L. Jackson dans PEUR BLEUE de Renny Harlin. FEAST va donc aligner sur un peu moins d'une heure et demi quelques trouvailles et une dose de gore salvatrice. Néanmoins, il ne faudrait pas se voiler la face. Cette première réalisation de John Gulager n'est pas spécialement maîtrisée. L'aspirant cinéaste ne montre pas de don particulier pour la mise en boîte de son film si l'on excepte quelques idées visuelles comme ce plan où l'on voit Clu Gulager au travers du plancher du premier étage du bar. Evidemment, John Gulager est le fils de Clu Gulager et il a donc invité son paternel à venir jouer la comédie dans son film. Acteur de série B à la carrière bien remplie, il restera dans les mémoires des fantasticophiles comme l'un des personnages principaux du RETOUR DES MORTS-VIVANTS de Dan O'Bannon. Dans FEAST, on reconnaîtra aussi Henry Rollins, musicien qui tourne de plus en plus en tant qu'acteur depuis le début des années 90. Ici, l'ex chanteur de Black Flag interprète un amusant rôle à contre emploi de son imposante carrure.

Mais, en réalité, celui qui assure réellement le show, c'est Gary J. Tunnicliffe. Maquilleur anglais, il a déjà œuvré sur un nombre impressionnant de films dont pas mal ont été produit par Dimension Films à l'instar de suites produites par le studio pour les franchises HELLRAISER ou THE PROPHECY et souvent devant la caméra de Joel Soisson. Ce dernier étant parmi les producteurs de FEAST, à l'instar des deux frères Weinstein, il n'est pas surprenant de le voir travailler sur ce film où il peut laisser libre cours à son horrible imagination. Mais la réalisation un peu faiblarde ne réussit pas pour autant à magnifier son travail ni même à créer une véritable tension. FEAST s'avère finalement plutôt sympathique mais aussi un peu bancal. En tout cas, contrairement aux deux films produits auparavant dans l'émission de télé réalité, FEAST a été assez rentable pour que les frères Weinstein, au travers de Dimension Films, produisent deux suites qui seront toujours réalisées par John Gulager. La mise en chantier de deux films pourra paraître excessive mais elle suit surtout une démarche financière avantageuse où il apparaît plus intéressant de produire deux films l'un après l'autre en profitant d'une équipe technique déjà assemblée et sur place.

TF1 distribue la version «Unrated» (non censurée) du film comme c'est le cas en vidéo aux Etats-Unis. Toutefois, l'éditeur a fait place nette en ce qui concerne les suppléments pour ne conserver qu'une interview de Gary J. Tunnicliffe, concepteur des effets de maquillage old school du film. Titré «Les entrailles du film : Le Making Of des effets spéciaux», le maquilleur commence en nous expliquant son parcours pour ensuite aborder plus particulièrement FEAST où l'on peut aussi découvrir des interventions de certains acteurs. Intéressante mais trop courte pour entrer dans le détail, cette petite dizaine de minutes est assez frustrante. Aucune information ne sera donnée, en revanche, concernant la genèse particulière du film et on ne verra pas non plus de scènes coupées tout comme on entendra pas le commentaire audio, suppléments présents sur le DVD américain. En amont de la sortie du DVD, TF1 Vidéo avait d'ailleurs annoncé un Making Of qui est absent à l'arrivée. Dommage car suivre le parcours atypique du film aurait pu être assez intéressant.

Tourné dans un format large, le DVD conserve donc l'image cinéma 2.35 avec transfert 16/9. L'image est assez sombre, granuleuse le plus souvent et le contraste est plutôt doux. Il s'agit d'un choix esthétique qui pourra surprendre. La compression ne perd heureusement pas les pédales et s'en sort plutôt bien dans ce cas de figure très particulier. Il s'agit d'une copie française du film comme on pourra le constater avec l'apparition de textes francisés à l'écran lors de certains passages du film. Sonorisé en Dolby Digital 5.1 en version originale ou dans son doublage français, FEAST n'impressionnera pas plus que cela vos oreilles. Les deux pistes sont techniquement au point et savent se montrer efficaces. Mais cela n'ira pas au-delà, le rendu sonore restant dans une moyenne très honnête mais ne fait pas preuve de fantaisie. Bien évidemment, un sous-titrage en français vient épauler la version originale anglaise.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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Des créatures vicieuses
Du gore qui tâche
On n'aime pas
Spectacle jouissif mais un peu bancal, tout de même
Pauvre en supplément
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L'édition vidéo
FEAST DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h23
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Les entrailles du film : Le Making Of des effets spéciaux (9mn32)
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