Header Critique : QUASIMODO (THE HUNCHBACK OF NOTRE DAME) - DVD

Critique du film et du DVD Zone 2
QUASIMODO 1939

THE HUNCHBACK OF NOTRE DAME 

Au XVème siècle, une bohémienne arrive à Paris et tourne la tête de plusieurs hommes dont le rigide Frollo. Au centre des relations passionnelles, le sonneur de cloches de Notre Dame, un bossu au visage difforme, tombe lui aussi sous le charme de la belle Esmeralda.

En Allemagne, le futur réalisateur William Dieterle commence sur les planches où il va interpréter différents rôles dans la compagnie de Max Reinhardt. De là, il va travailler pour le cinéma qui en est à ses débuts. Parmi les nombreux rôles qu'il interprétera pour le cinéma muet allemand, on notera LE CABINET DES FIGURES DE CIRE de Paul Leni ou encore FAUST de Murnau. Dans le courant des années 20, il passe derrière la caméra et dirige plusieurs films. Pour réaliser des versions allemandes de leurs productions, les studios hollywoodiens importent des acteurs et William Dieterle fait partie du voyage. Là, une nouvelle fois, il passera du rang d'acteur à celui de réalisateur. Max Reinhardt, passé d'Allemagne aux Etats-Unis en raison de la montée du nazisme, lui propose de travailler sur une adaptation de LE SONGE D'UNE NUIT D'ETE que William Dieterle avait joué au théâtre sous la direction du réalisateur allemand. Le film ne connaîtra pas le succès escompté mais William Dieterle continuera de réaliser des films par la suite dont quelques biographies lui donnant un certain prestige : PASTEUR, LA VIE D'EMILE ZOLA ou JUAREZ ET MAXIMILIEN. A la fin des années 30, la RKO lui propose alors de tourner une adaptation de Notre Dame de Paris d'après Victor Hugo.

Le livre original n'est assurément pas versé dans l'horreur mais les évocations du bossu de Notre Dame au cinéma seront le plus souvent classées au rayon «Epouvante» suite à la prestation de Lon Chaney dans la version muette de 1923. C'est d'ailleurs Lon Chaney Jr., le fils de l'acteur aux mille visages, qui sera envisagé pour incarner le bossu dans QUASIMODO. Finalement, Quasimodo, ce sera Charles Laughton, interprète principal de L'ILE DU DOCTEUR MOREAU et qui incarna Javert dans la version de 1935 des MISERABLES. Une autre adaptation de Victor Hugo dans laquelle apparaît aussi Cedric Hardwicke qui incarne ici le maléfique Frollo. Le troisième personnage marquant est interprété par Maureen O'Hara dans l'un de ses premiers films.

QUASIMODO est donc avant tout un drame tragique. La filiation avec le « Fantastique », on lui doit essentiellement avec son héritage du film de Lon Chaney et sa période de production en plein âge d'or du cinéma d'épouvante américain. L'argument « Fantastique » reste donc assez tenu même si l'on peut essayer de se raccrocher au thème de la difformité monstrueuse (FREAKS, ELEPHANT MAN…). Le film de William Dieterle va avant tout s'attacher à parler de l'évolution des mentalités en but à l'obscurantisme tout en évoquant des problèmes plus concrets se déroulant à l'époque. Le racisme et la mise à l'écart des bohémiens ou encore la suppression du droit de parole de la plèbe par le pouvoir en place n'est pas sans rappeler ce qui pouvait se passer en 1939 en Allemagne. L'hypocrisie des personnages, et plus particulièrement celui de Frollo, est particulièrement mise en avant. Pour ce personnage bigot, la fin justifie les moyens et il préfère trouver un responsable à ses pulsions découlant de sa frustration sexuelle (voir l'insistant regard de Cedric Hardwicke au fond du corsage de Maureen O'Hara). La saga de Victor Hugo passe à la moulinette de Hollywood qui en profite donc pour exposer des vues politiques. Du vrai cinéma aussi divertissant qu'intelligent !

Paré d'un faramineux budget pour la RKO à l'époque, QUASIMODO a les moyens de ses ambitions. Les décors sont magnifiques et imposants alors que William Dieterle plonge souvent son film dans des éclairages expressionnistes certainement hérités de ses débuts allemands sous la direction des grands cinéastes de ce mouvement cinématographique. Visuellement, QUASIMODO est une belle réussite à laquelle il ne faudrait pas oublier de citer les nombreuses séquences de foule où un grand nombre de figurants affluent à l'écran de façon impressionnante comme lors du siège de Notre Dame où lors de la fête. Au niveau de l'interprétation, on pourra bien évidemment émettre quelques réserves sur l'aspect peu authentique de Maureen O'Hara dans le rôle d'une gitane. Tout comme, il sera difficile aujourd'hui de voir en Alan Marshal, incarnant Phoebus, comme un apollon à même de séduire toutes les femmes. Mais dans l'ensemble, les interprètes font un travail formidable de Harry Davenport, en bon roi, jusqu'à l'inévitable Charles Laughton donnant une humanité désarmante à son personnage monstrueux. Au milieu des années 90, lorsque Disney adaptera de nouveau l'œuvre de Victor Hugo, ce sera, à l'évidence, en s'inspirant de la version de 1939 que ce soit pour le design mais aussi son personnage principal.

Malgré toutes ses qualités, QUASIMODO rapportera un belle somme d'argent à la RKO mais sera quelque peu éclipsé par la tornade AUTANT EN EMPORTE LE VENT. Plus tard, William Dieterle tournera quelques films « Fantastique » avec TOUS LES BIENS DE LA TERRE (toujours avec la RKO) et LE PORTRAIT DE JENNIE. De son côté, Charles Laughton continuera de faire des merveilles devant la caméra mais réalisera aussi LA NUIT DU CHASSEUR.

Service minimum du côté des Editions Montparnasse puisque QUASIMODO sort dans la minimaliste collection RKO. Comme tous les titres de cette collection, le film se voit donc offrir un menu dépersonnalisé permettant de lancer le film au choix en version originale sous-titrée (ou pas) ou avec son doublage français. De plus, il est possible de voir une courte présentation du film par Serge Bromberg. Une introduction sans chichi, mais au moins informative, qui est d'ailleurs, ce qui n'est pas forcément sympathique, lancée automatiquement à l'insertion du DVD. La jaquette, elle aussi, n'a rien de sexy mais l'édition a, au moins, le mérite d'être commercialisé aux alentours des dix euros.

Pour ce prix attractif, en plus de la présentation déjà citée, on trouve donc QUASIMODO dans une copie intégrale dans son format cinéma en 4/3 oblige. La définition est satisfaisante et le contraste acceptable. Ce qui est préférable pour bien retranscrire les images en noir et blanc de QUASIMODO. En fonction de vos choix, vous pourrez donc voir le film dans sa version originale anglaise, avec ou sans sous-titrage, ou bien dans son doublage français d'époque. Les deux pistes audio sont en mono d'origine mais le doublage français d'époque laisse à entendre un léger souffle surtout notable lors des plages de « silence ». De plus, le doublage français laisse sa place, à deux endroits, à la version originale anglaise. L'éditeur prévient d'ailleurs que cette substitution serait dû à des passages endommagés sur le doublage français.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
THE HUNCHBACK OF NOTRE DAME DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h57
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Présentation de Serge Bromberg (3mn23)
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