Header Critique : RING OF DARKNESS (LE PACTE DE SANG)

Critique du film et du DVD Zone 2
RING OF DARKNESS 2004

LE PACTE DE SANG 

Cher David,

Depuis des temps immémoriaux, ta carrière est source de bis. De NIGHTMARE SISTERS à Dr ALIEN, en passant par CREEPOZOIDS, PUPPET MASTER III ou encore BEACH BABES FROM BEYOND, tu nous as donné parmi les plus beaux fleurons de la série B de la fin du XXème siècle. Survient alors…. Le XXIème siècle ! Et là, VOODOO ACADEMY creuse son sillon. Exit les nichons, enter les croupions. Avec LEATHER JACKET LOVE STORY, tu as fait ton coming out cinématographique et, c'est sûr, l'avenir, c'est le boxer moulant, remballons le soutien-gorge qui est déjà depuis bien longtemps tombé à terre. Donc passons aux jeunes hommes qui perdent leur T-shirt et sucent des crucifix. C'est bien. Le concept fait long feu et permet même le lancement de ta société de Production Rapid Heart Pictures (revendue depuis).

Soit donc un groupe de jolis jeunes hommes aux activités troubles, qui souhaitent accueillir un nouveau venu pour une raison diverse (appelons-la raison X). Rituels colorés avec, selon humeur, un(e) responsable des rituels. Des jeunes femmes disposées ça et là pour faire tapisserie et pour bien dire que, surtout, on est pas des pédés, hein, même si l'atmosphère est très homoérotique. Sur ce canevas, tu nous donneras THE BROTHERHOOD (puis II, III et IV), WOLVES OF WALL STREET ou encore THE FRIGHTENING qui apportent leur lot de variantes scénaristiques… mais qu'on parle vampires, loups-garous ou fantômes, on en revient toujours au schéma initial.

Donc ici, cette histoire de Boys Band qui perd son chanteur et effectue un concours au pied levé genre «A la recherche de la nouvelle star», ça y ressemble. Que le Boys Band ait pu boire le sang de son chanteur aussi. Et qu'une compétition dans une énorme bâtisse de bord de mer entre les trois derniers candidats, le tout orchestré par une Adrienne Barbeau impériale… ça reste quand même furieusement peu novateur d'un point de vue formel ! Ceci dit, lorsqu'on remarque que les scénaristes ne sont autre que les collaborateurs de toujours, à savoir Matthew Jason Walsh et Michael Gingold (oui, l'ancien manager éditorialiste de Fangoria et auteur de LEECHES !), on se s'étonne plus de la machine à papier carbone.

David, tu sais aussi toujours choisir tes acteurs. Les énumérer ne servira à rien tant ils sont interchangeables : la californienne est siliconée et le canado-californien est anabolisé. Le film est clairement destiné à un public de jeunes filles amateurs de Boys band (genre N'Sync ou encore Backstreet Boys, une inspiration –si on peut appeler ça inspiration- pour le groupe ici présent : «Take 10»), mais également de jeunes hommes savamment dénudés. Concept qui plaira aussi au public gay, ce qui fit le succès de tes précédentes productions. Donc une palanquée de jeunes acteurs aux pectoraux impeccables à faire se suicider...
1/ les jeunes filles car elles n'auront jamais une once de cette chair-là
2/ les gays car ils ne ressembleront jamais (ou presque) à cette chair-là
3/ le reste des spectateurs, eux aussi encore plus désespérés.

Tu as le concept, tu as les acteurs (enfin, les acteurs, là aussi c'est vite dit…), tu as ton actrice principale qui vient payer ses impôts, tu as même Mink Stole, égérie de John Waters déjà présente dans LEATHER JACKET LOVE STORY, qui vient faire coucou. Mais as-tu le génie ? Même sans bouillir ? Hélas non.

Il faut tout d'abord se farcir dans le premier quart du film une chanson de type «boys band» avec chorégraphie à l'appui, mimiques, grimaces, poses, je soulève la chemise, je baisse le pantalon... et ce soir, j'irai danser sans chemise, sans pantalon. Avec la même chanson horripilante que tu vas nous infliger pas moins de quinze fois. !!! Ensuite, tu nous colles les atermoiements du héros rebelle, guitare au dos, poussé par sa petite amie pour qu'il devienne célèbre. C'est bien joli, mais comme il ne veut pas entrer dans le groupe, il ne fallait pas le forcer. Sauf que tu souhaites absolument qu'il persiste. C'est alors que le scénario se corse, comme dirait le basque. L'un des concurrents est un journaliste qui a réussit à faire croire qu'il était chanteur. Il voudrait bien réussir sa vie, être aimé mais il découvre un horrible rituel qu'Adrienne Barbeau préside de sa présence altière !

Le problème, David, c'est que depuis le temps que tu nous ressers le même plat, le gaspacho frais au palais a viré à la soupe à la grimace. C'est le sempiternel recommencement, VOODOO ACADEMY Nouvelle Génération. Picard Surgelés fourgué à Lidl. Et que l'horreur, il n'y en a point. Ce ne sont pas les trois coups de pinceaux sur les visages et le masque latex qui s'arrache dans le dernier quart d'heure qui viendront changer grand-chose. Alors, oui, on se consolera en se disant qu'il s'agit d'un produit destiné avant tout à la télévision, produit par les mêmes qui ont produit WOLVES OF WALL STREET ou encore DANTE'S COVE. Et honnêtement, David, un rituel vaudou par des mecs en boxer noir et en tongs, ça fait pas crédible un seul instant. On préfère encore voir celui de SPEED DEMON, où le dieu Moteur V6 Turbo était adoré par une ribambelle de djeunz en slibard et grosses pompes s'aspergeant d'huile à moteur. Le problème avec RING OF DARKNESS, c'est que tu as calé en côte avec un véhicule à la carrosserie certes avantageuse mais qui est une occasion de seconde zone à la courroie de transmission au bord de claquer.

Certes, quelques touches d'humour parodiant le genre et ton goût du visuel soigné sauvent la médiocrité ambiante. Des éclairages toujours savants, des plans nimbés d'un élégant brouillard, l'avancée inquiétante du groupe au ralenti dans la nuit… qui semble là aussi une resucée de THE FRIGHTENING, où la tenue des héros est quasi-similaire. Ce qui me fait penser d'ailleurs que la villa fait furieusement penser à celle où fut tourné LEECHES ! Ta caméra est experte, le reste probablement aussi, David, mais il est vraiment temps de passer à autre chose plutôt que de dupliquer à l'infini un concept usé comme un fond de sous-vêtement. Tant et si bien que même ton métier évident n'empêche pas l'ennui et l'envie pressante d'appuyer sur le bouton avance rapide lors de scènes de chant dansé (ou de danse chantée, au choix). Ou même sur les scènes d'exposition. Ou pendant le film. Quelqu'un veut une tartine ?

Pas assez d'horreur, pas assez de scènes excitantes, pas assez de tension, pas assez de tout, en fait. Alors tu nous laisses Adrienne en pâture. Echappée de sa forêt d'avocats de la mort et de ses femmes piranhas, c'est bien la seule qui semble prendre son rôle au sérieux. Professionnelle comme jamais. C'est une chose qu'on peut bien te reconnaître, David, t'entourer de professionnels. Joanna Cassidy dans WITCHES OF THE CARRIBEAN, Eric Roberts dans WOLVES OF WALL STREET… c'est le gage, l'alibi sérieux de l'entreprise. Même Ryan Starr, la jeune finaliste de la version américaine 2002 de «A la recherche de la Nouvelle Star» y va de sa prestation pour faire valoir un semblant de satire du milieu. Mais Adrienne, toute icône fantastique qu'elle soit, n'évite pas l'enfilage de clichés dont tu abondes dans tes films. Tu te répètes, David. Même si tu as trouvé le bon filon, que tu as lancé une mode qui n'est pas prête de s'arrêter, il faut te renouveler. C'est un ordre !

Dernière chose que tu dois arrêter, le générique de fin qui dure sept minutes. Ce qui donne un métrage de 75 minutes si on le retire. En ôtant la chanson diffusée ad nauseam, les inserts de chants, danses, poses lors du concours, clip dansé au bord de la falaise... on arrive seulement à soixante. 60 minutes !

Tu as quand même de la chance, car l'édition Zone 2 britannique nous offre à nous, pauvres pécheurs, une copie au format respecté 1.85. D'ailleurs, pourquoi as-tu laissé tomber le format Scope ? Traître ! Une compression du meilleur effet qui donne un aspect vif et un rendu de couleurs magnifique sont les composants de ce transfert 16/9. Le son stéréo surround assène l'horrible chanson pop autour de nos pauvres oreilles qui n'en demandaient pas tant. Les effets sonores ne sont pas en reste et garantissent une bonne facture vu le petit prix du DVD. Mais comme si cela ne suffisait pas, la gratification ultime… le panard absolu… on trouve aussi le film annonce qui promet monts et merveilles ! La mer veille, en effet. Comme le spectateur durant le film qui attend qu'il se passe quelque chose. Car, dans RING OF DARKNESS, il y a bien un troupeau de boxers en folie qui se jette sur deux ou trois personnes pour, visiblement, sucer le sang ou encore tirer sur un collant, marcher sur des lacets… on ne sait pas bien, en fait, ce qu'il se passe. Si ce n'est que c'est pas bien. Et le retournement final, bien qu'ingénieux, laissera un sentiment de déjà vu mâtiné d'ennui poli (à Venise ou ailleurs).

Le pire, David, c'est qu'on ne prend même pas plaisir à démonter ton bébé (qui n'est même pas d'un million de dollars !). C'est juste que tu pourrais tellement mieux t'employer à faire autre chose de plus percutant, de plus brutal, de plus… différent. Alors espérons simplement que BROTHERHOOD IV : COMPLEX ou encore BEASTLY BOYZ saura relancer une créativité qui semble singulièrement en panne.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
RING OF DARKNESS DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
Mosaic
Support
DVD (Double couche)
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
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