Header Critique : V POUR VENDETTA (V FOR VENDETTA)

Critique du film et du DVD Zone 2
V POUR VENDETTA 2005

V FOR VENDETTA 

Vivant dans la crainte de menaces extérieures, la population anglaise a remis les rênes du pouvoir à un régime dictatorial qui attise la peur pour mieux régner. Un personnage masqué appelle à la rébellion en faisant sauter un monument historique.

Au début des années 80, un ancien de la branche britannique de Marvel, Dez Skinn, lance son propre mensuel dédié à la bande dessinée. Il démarche alors le dessinateur David Lloyd, ayant lui aussi travaillé au sein de Marvel UK, et lui demande de créer quelque chose pour le nouveau magazine. Le dessinateur s'associe à Alan Moore pour donner naissance à V pour Vendetta qui paraîtra donc pour la première fois, mais de manière incomplète, dans Warrior en Angleterre. Pourtant, Alan Moore n'est pas au générique du film V POUR VENDETTA. Et pour cause, puisqu'il a pris de grandes distances avec DC Comics en raison des différents qu'il a pu avoir avec la maison d'édition américaine par le passé. Autre souci, Alan Moore n'a plus aucune envie d'avoir des liens avec l'industrie cinématographique suite à son expérience des adaptations de LA LEAGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES et, dans une moindre mesure, FROM HELL. L'auteur fait donc en sorte que son nom n'apparaisse pas aux génériques ce qui est le cas de V POUR VENDETTA ou encore de CONSTANTINE.

Que Alan Moore apprécie ou pas les adaptations cinématographiques de ses œuvres, on ne pourra pas accuser V POUR VENDETTA de prendre la route de la facilité. Au contraire, le film est pour le moins culotté pour un film de studio. Si la bande dessinée originale s'inspirait du climat de l'Angleterre de Margaret Thatcher dans les années 80, les scénaristes du film vont actualiser le décorum politique. Bien sûr, le pavé original se voit aussi modifier de manière à épurer l'intrigue et la faire entrer dans un métrage d'un peu plus de deux heures. Fidèle, V POUR VENDETTA ne l'est donc sûrement pas. Mais le film n'a rien à voir, en tout cas, avec ces adaptations de bande dessinée révisionniste et passée à la moulinette hollywoodienne du politiquement correct.

V POUR VENDETTA place son intrigue dans un Royaume Uni sous le joug d'un régime totalitaire qui a endormi ses citoyens sous couvert de les protéger des abominables menaces qui pèsent sur le reste du monde. Plongé dans l'apathie, les habitants du pays acceptent sans broncher qu'on leur supprime leurs libertés de penser ou de s'exprimer. Cela fait inévitablement penser au livre 1984 du britannique George Orwell qui fut adapté à deux reprises à l'écran et dont l'influence pèse sur des films tel que BRAZIL de Terry Gilliam ou EQUILIBRIUM de Kurt Wimmer. Bien moins abstrait que dans les deux films précités, l'univers de V POUR VENDETTA renvoie directement à l'actualité internationale récente. Et c'est d'ailleurs en cela que le film est pour le moins osé puisque sous couvert d'une fiction à grand spectacle, il offre matière à réflexion pour le spectateur.

Cette histoire de personnage ténébreux fait aussi penser par de nombreux côtés au Fantôme de l'Opéra avec cette relation, de prime abord ambiguë, avec le personnage de Evey. Mais il est tout autant le décalque d'un certain ABOMINABLE DR. PHIBES. Les deux personnages défigurés vouent un culte à une jeune femme disparue et se vengent dans le sang. Le mélange de nombreuses influences culturelles se retrouve tout au long du film à l'image de l'érudition de V. Ce n'est pas un hasard puisque dans une société qui impose une pensée unique, la préservation d'éléments culturels fait office de jardin secret. Par exemple, lorsqu'un personnage préserve de la destruction un Coran, cela n'a rien à voir avec des convictions religieuses mais bel et bien pour la beauté d'une œuvre au contenu déclaré subversif par l'état. Ce message de tolérance au nom du droit d'expression, V POUR VENDETTA ne le distille pas toujours avec une grande subtilité mais il ne va pas pour autant le brader sur l'autel du manichéisme.

Le personnage de V, puisque c'est le seul nom qui nous sera donné pour le désigner, peut être vu comme un anarchiste romantique et faut il préciser que son logo n'est pas sans rappeler celui bien connu des libertaires. Mais il n'en reste pas moins qu'il est aussi un terroriste qui se sert de la violence pour faire passer son message libérateur. Dans le contexte de l'Amérique post-11 septembre, cela s'avère des plus audacieux de nous présenter ainsi un héros qui fait sauter des bâtiments et ce même s'il se bat au nom de la liberté. Face à lui, les dirigeants retournent les situations à leur avantage pour garder le peuple dans un climat de peur ce qui permet de mieux conforter un pouvoir régi sur des mensonges relayés par des médias envahissants. Ne pas y voir une critique du gouvernement Bush est impossible. Mais au-delà de cette constatation, V POUR VENDETTA est avant tout une ode au civisme. Car si le personnage de V utilise des moyens violents, le film modère son message final pour ne pas prôner des émeutes au profit d'une protestation plus pacifique du peuple. Même en occultant donc l'aspect purement politique actuel, V POUR VENDETTA suit ainsi un raisonnement perspicace sur la lutte contre l'oppression et le fascisme.

Autre point intéressant, cette adaptation cinématographique ne cherche pas à aligner les scènes d'action spectaculaires et préfère se concentrer sur ses personnages. Un choix étonnant mais qui s'explique sûrement par le touffu matériel littéraire d'origine. Dans son processus d'adaptation, V POUR VENDETTA ne cède donc pas aux fusillades non-stop pour mieux laisser s'exprimer les idées de ses personnages. Très surprenant surtout que le film est, en partie, produit par Silver Pictures à qui l'on doit la série des ARME FATALE ou encore le subtil COMMANDO. En réalité, derrière V POUR VENDETTA, il y a aussi Andy et Larry Wachowski qui voulait déjà porter à l'écran la bande dessinée depuis longtemps. Plutôt que de le réaliser eux-mêmes, il délègue la mise en scène à James McTeigue qui fut leur assistant sur les trois MATRIX et qui bosse dans le milieu depuis une vingtaine d'années.

De MATRIX, on retrouve aussi Hugo Weaving qui a la dure tâche donner vie à son personnage au travers d'un masque. Il arrive d'ailleurs un peu sur le tard puisqu'il remplacera James Purefoy qui, officiellement, déclare forfait devant la difficulté de porter continuellement un masque. Ce changement ne posera pas de véritable problème puisque de toutes façons le personnage est masqué et il n'y a finalement qu'à replacer la voix de l'acteur sur les séquences où il n'est pas réellement dans le costume. Hugo Weaving est pour le moins convaincant et il serait même assez difficile d'envisager un autre acteur à sa place. Le reste des interprètes est au diapason avec Natalie Portman, Stephen Rea, Stephen Fry ou encore John Hurt qui se retrouve dans un rôle totalement opposé à celui qu'il jouait dans le 1984 de Michael Radford.

V POUR VENDETTA n'est pas seulement bourré de qualités puisqu'il est parfois dépassé par l'ampleur de son sujet. De toute évidence, deux petites heures semblent bien trop courtes pour faire le tour de toutes les implications du récit. Certains passages semblent donc plus réussis que d'autres. Mais ce que l'on ne pourra pas enlever au film, c'est la sincérité avec laquelle il a été fait et qui nous permet de découvrir une œuvre honnête et intelligente où certaines scènes et dialogues sont portés par la grâce !

Comme pour plupart des films récents issus de gros studios, on ne trouve pas de défaut de pellicule sur le transfert 16/9 au format cinéma respecté. L'image est d'une belle finesse mais on pourra émettre quelques réserves sur l'encodage qui laisse apparaître ici ou là de légères failles dans les arrières plans ce qui est d'autant plus notable en projection sur grand écran. Cela dit, il n'y a pas de quoi se lancer dans une révolution rien que pour cela tant le reste est de haute tenue !

Le Dolby Digital 5.1 est de rigueur que ce soit pour la version originale anglaise ou bien le doublage français. Les deux pistes offrent des dialogues très clairs et une retranscription musicale de qualité. Le tout sait faire office d'une belle puissance lors des passages plus spectaculaires du film.

Les suppléments se trouvent tous sur un second DVD. On peut y découvrir deux documentaires dédiés au film : «Construire le monde de demain» et «Le Making Of de V pour Vendetta». Le premier s'attelle à couvrir essentiellement l'aspect visuel du film des décors aux costume en passant par les effets spéciaux. Cela ne va jamais au fond des choses mais offre surtout une courte ballade sans ennui dans les coulisses. Le second documentaire ressemble beaucoup plus à une Featurette promotionnelle. Mais on ne ressent pas la langue de bois habituelle peut être parce que, pour une fois, on croit vraiment à ce que l'on nous raconte puisque V POUR VENDETTA est fait de manière honnête. Par contre, face au film, les suppléments sembleront un peu légers et finalement plutôt consensuels. Par exemple, le remplacement de James Purefoy n'y est même pas évoqué !

Le personnage de Guy Fawkes est carrément inconnu du public en France. Et pour cause puisqu'il s'agit d'un personnage historique anglais célébré chaque année seulement chez les Britanniques. Le film nous le présente brièvement dans son prologue mais les suppléments du DVD vont nous permettre d'aller un peu plus loin puisqu'un documentaire lui est intégralement consacré avec des interviews d'historiens ou encore des acteurs du film.

Après avoir reçu une petite leçon d'histoire anglaise, on passe à la bande dessinée. Il aurait été impensable que l'on ne parle pas du tout de V pour Vendetta, version dessinée, et de l'impact que sa parution a pu avoir. Si ce petit documentaire est sympathique, il faut aussi pointer le fait que des deux créateurs de V pour Vendetta, seul David Lloyd s'exprime sur sa création. Comme déjà expliqué, Alan Moore ne veut pas voir son nom associé à une adaptation cinématographique et de surcroît si DC Comics est impliqué.

A l'arrivée, bizarrement, ce sont les deux petits documentaires dédiés à des sujets annexes, l'histoire de Guy Fawkes et la bande dessinée, qui s'avère les suppléments les plus intéressants de cette édition DVD dans laquelle on peut aussi visionner la bande annonce ainsi qu'un clip vidéo musical issu de la bande originale.

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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Un blockbuster honnête et intelligent, rare !
On n'aime pas
Des suppléments un peu consensuels et légers
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L'édition vidéo
V FOR VENDETTA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
2h07
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Arabe
  • Néerlandais
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Construire le monde de demain (17mn12)
    • La véritable histoire de Guy Fawkes (10mn16)
    • V pour Vendetta et la révolution du comic book (14mn44)
    • Le Making Of de V pour Vendetta (15mn54)
    • Cat Power (clip-vidéo)
    • Bande-annonce
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