Header Critique : CAPTAIN KRONOS : VAMPIRE HUNTER (CAPITAINE KRONOS, TUEUR DE VAMPIRES)

Critique du film et du DVD Zone 1
CAPTAIN KRONOS : VAMPIRE HUNTER 1972

CAPITAINE KRONOS, TUEUR DE VAMPIRES 

Le début des années 1970 est, pour la Hammer, le temps du déclin. Alors qu'en 1971, sir James Carreras cède sa place de directeur de la compagnie à son fils Michael, le cinéma anglais est déjà mal en point. Au cours de la décennie précédente, des succès britanniques, comme la série des James Bond, les films Hammer, les œuvres de David Lean ou de Tony Richardson, attirent tous les regards (et les investissements) vers la Grande-Bretagne, mais la fin des années 1960 marque un retournement de cette tendance. Suite à certains échecs commerciaux et à des changements légaux décourageants les investissements des américains à l'étranger, ces derniers, grands commanditaires des œuvres anglaises d'alors, se raréfient. La Hammer, dont les films visent les marchés étrangers et dont les financements proviennent des avances de tels commanditaires, se retrouve alors extrêmement gênée. De plus, l'épouvante gothique tend à se démoder, les succès de ROSEMARY'S BABY et de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS lui ayant donné un coup de vieux auprès du public. Michael Carrerras expérimente afin de renouveler les concepts classiques, les plus célèbres de ses essais étant les tentatives les aventures contemporaines du comte Dracula dans DRACULA 73 et DRACULA VIT TOUJOURS A LONDRES.

Brian Clemens, scénariste prolifique de la télévision et du cinéma anglais (les séries DESTINATIONS DANGER, CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR…) vient justement d'écrire pour la Hammer le scénario de DR. JEKYLL ET SISTER HYDE, réalisé par Roy Ward Baker, film ayant bien plu à Michael Carrerras. Il lui propose alors le concept du "Capitaine Kronos", abordant le vampirisme sur un nouvel angle et pouvant se décliner sous la forme de suites au cinéma et à la télévision. Clemens, qui n'a jamais rien réalisé jusqu'alors, exige d'être le metteur en scène de ce CAPITAINE KRONOS, TUEUR DE VAMPIRES. Michael Carrerras accepte et lui confie un modeste budget de 160.000 livres, avancé par un fond d'investissement. Le rôle de Kronos échoit à un comédien allemand, Horst Janson, et on retrouve autour de lui plusieurs acteurs britanniques alors liés à la Hammer, comme John Carson (expert en magie noir dans L'INVASION DES MORTS-VIVANTS…), Shane Briant (FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L'ENFER…), et, bien sûr, Caroline Munro (DRACULA 73…).

Le capitaine Kronos et son assistant Hyeronimos Grost, tueurs de vampires professionnels, se rendent auprès du docteur Marcus, un ami de l'officier. Il leur révèle que des jeunes filles du voisinage ont été mystérieusement assassinées par des moyens magiques. Kronos en déduit qu'il s'agit des méfaits d'une race particulière de vampires qui, au lieu de boire le sang de leurs victimes, aspire leur énergie vitale.

Après avoir consulté plusieurs films de vampires de la Hammer, Clemens considère que ces derniers manquent rapidement de suspens pour la simple raison qu'ils racontent, grosso modo, toujours la même histoire. Il a l'idée de donner le rôle principal, non pas au personnage du vampire, mais à celui du chasseur, inversant ainsi le point du vue généralement adopté dans ce genre de films. De plus, Kronos s'éloigne du personnage classique du chasseur de vampires mis en place dans le roman Dracula de Bram Stoker, dans lequel Van Helsing est un vieux médecin, favorisant les savoirs occultes plutôt que l'action pure. Ici, Kronos est un militaire, un escrimeur hors paire, avant tout porté sur les exploits physiques. Par contre, son assistant est un savant astucieux, bien que handicapé par une bosse proéminente placée dans son dos.

Outre la création de ce duo du type "la tête et les jambes", CAPITAINE KRONOS, TUEURS DE VAMPIRES grouille d'excellents idées. Plutôt que de révéler, comme cela est souvent l'usage, l'idendité du vampire dès le début du film, le scénario prend la forme d'une enquête destinée à la déterminer. De même, au-delà du style gothique, des influences venant de genres divers se font jour, comme le Western (les bagarres dans la taverne…), le film de samouraïs (Kronos manie très efficacement le sabre japonais) et le cinéma de cape et d'épée. Le dénouement inclut ainsi un duel d'escrime impressionnant, entre un homme et un vampire, remarquablement dirigé par Williams Hobbs, grand maître d'armes du théâtre et du cinéma britanniques d'alors (MACBETH de Roman Polanski, LES TROIS MOUSQUETAIRES de Richard Lester, LES DUELLISTES de Ridley Scott…).

Tout semble réuni pour faire de CAPITAINE KRONOS, CHASSEUR DE VAMPIRES une belle réussite. Pourtant, ses faiblesses sont faciles à déceler. La partie "enquête" s'avère lente et assez ennuyeuse, tandis que les rares scènes d'horreur mettant en scène le vampire sont faibles et peu efficaces. La réalisation, souvent banale, manque de rythme, voire gâche totalement certains tours de force potentiels (la bataille dans le cimetière). Si John Cater est un excellent Hyeronimos, vif et amusant, Horst Janson paraît en retrait et n'a pas le panache qu'on pourrait attendre d'un tel personnage. Qui plus est, le manque de moyens se fait aussi sentir à travers des décors peu meublés et, surtout, très peu occupés, la population du village semblant se limiter à une dizaine de personnes, en tout et pour tout !

Riches en trouvailles amusantes et originales, CAPITAINE KRONOS, TUEURS DE VAMPIRES est un bon film, culminant particulièrement au cours de quelques excellentes séquences, comme l'altercation entre Kronos et des mercenaires, les expériences menées pour mettre à mort un vampire, et le spectaculaire dénouement. Michael Carrerras se montre, au départ, enthousiaste envers cette idée et envisage, si le succès est au rendez-vous, de produire des suites dans lesquelles Kronos affronterait Frankenstein et Dracula. Pourtant, il est déçu par le résultat final, et le film met un an pour connaître une petite sortie en Grande-Bretage, en 1973. De même, ce n'est qu'en 1974 qu'il est montré aux USA, dans un double-programme Hammer distribué par Paramount, dans lequel il accompagne FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L'ENFER. En France, il est présenté au IVème Festival du Film Fantastique de Paris de 1976, mais ne sort pas en salles. Son exploitation s'y fait donc directement en vidéo. Quoi qu'il en soit, les aventures du capitaine Kronos ne connaîtront pas de suite…

Et pourtant, au cours des années 1990, les oeuvres mettant en avant des chasseurs de vampires professionnels et portés sur l'action se multiplient, avec Jack Crow dans VAMPIRES de Carpenter, le BLADE interprété par Wesley Snipes, D. dans le dessin animé VAMPIRE HUNTER D : BLOODLUST (inspiré par des romans ayant commencé à être publié dans les années 1980, qui avait déjà donné lieu à un OAV animé), ou le film et les séries télévisées mettant en scène BUFFY, TUEUSE DE VAMPIRE (titre vidéo). C'est certainement VAN HELSING de Stephen Sommers qui, aujourd'hui, se rapproche le plus de CAPITAINE KRONOS, TUEUR DE VAMPIRES. Volonté de mêler cinéma gothique d'épouvante et films de cape et d'épée, héros tourmenté aidé par un complice plus porté sur les recherches scientifiques que sur les batailles, et envie de lancer des suites dans lesquels le héros affronterait tous les monstres du répertoire classique ne sont pas les moindres de leurs points communs. Mais, comme CAPITAINE KRONOS, TUEUR DE VAMPIRES, les résultats commerciaux décevants de VAN HELSING semblent avoir tuer dans l'œuf les vélléités de développement ultérieur.

CAPITAINE KRONOS, TUEUR DE VAMPIRES est déjà sorti en DVD dans plusieurs pays, notamment en Grande-Bretagne et en Espagne (zone 2, PAL). Récemment, il a été publié aux USA chez Paramount (NTSC , zone 1), dans l'édition qui est testé ici.

L'image est proposé au format 1.77 (avec option 16/9), alors que les DVD allemand, anglais et espagnol proposent le cadrage original 1.66 légèrement moins serré. Quoi qu'il en soit, la copie est en excellent état et on ne remarque pratiquement aucune saleté. La conversion peut parfois fourmiller légèrement et on repère des traces de grain un peu lourdes, mais l'ensemble est globalement de toute beauté.

La seule piste sonore disponible est en anglais mono d'origine (codée sur deux canaux) et s'avère très satisfaisante, quand bien même elle peut avoir tendance à être un peu criarde par endroit, ce qui n'a rien de choquant pour une petite production du début des années 1970. Il faut se contenter d'un simple sous-titrage anglais, le DVD n'offrant aucune option francophone (comme, hélas, tous les autres disques de ce film publiés pour le moment). Ce sous-titrage, dont les caractères sont d'un jaune poussin hideux, souffre de quelques petites erreurs, la plus tragique étant la retranscription du nom Karnstein, bien connu des amateurs de vampirisme (cf. THE VAMPIRE LOVERS…), qui est retranscrit par un étrange "Costine" !

Le gros point fort de cette édition est le commentaire audio exclusif enregistré pour l'occasion par Brian Clemens et Caroline Munro, accompagnés par un spécialiste du cinéma populaire anglais. Ce dernier n'a pas à intervenir trop souvent, Munro et Clemens montrant beaucoup d'enthousiasme à parler du film et ayant des souvenirs très précis de son tournage, souvenirs qu'ils partagent avec entrain et de bonne humeur. Il s'agit toutefois du seul bonus disponible sur ce disque, qui ne contient même pas une bande-annonce.

Grâce à son commentaire audio, cette édition s'avère la plus complète et la plus informative disponible pour CAPITAINE KRONOS, CHASSEUR DE VAMPIRES. Hélas, comme tous les autres disques disponibles pour ce film, il est uniquement à réserver aux anglophones…

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
CAPTAIN KRONOS : VAMPIRES HUNTER DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Commentaire audio de Brian Clemens, Caroline Munro et Jonathan Sothcott
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