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Critique du film et du DVD Zone 2
CHICAGO MASSACRE 2007

 

Le New-yorkais Michael Feifer apparaît sous les radars dans les années quatre-vingt-dix, d'abord en tant que producteur de petits films destinés au marché de la vidéo. Il s'associe ainsi à la longue série des WITCHCRAFT. Au cours des années 2000, il passe à la réalisation avec toujours des objectifs mineurs. Il s'oriente vers l'horreur à budget modique en se spécialisant particulièrement dans les métrages inspirés par les méfaits d'authentiques tueurs en série. En 2007, il commence son cycle par un ED GEIN : THE BUTCHER OF PLAINFIELD interprété par Kane Hodder et par ce CHICAGO MASSACRE.

Inspiré par le tueur Richard Speck, CHICAGO MASSACRE réunit une distribution de faciès connus des amateurs : le meurtrier est chassé par des policier incarnés par Tony Todd (CANDYMAN) et Andrew Divoff (WISHMASTER), tandis que nous croisons une prostituée jouée par l'infatigable Debbie Rochon. Sous les traits de Richard Speck, les trentenaires reconnaissent Corin Nemec, titulaire du rôle-titre de la série «PARKER LEWIS NE PERD JAMAIS», louvoyant aujourd'hui entre télévision et téléfilms très pointus tels que RAGING SHARKS et autres MOSQUITOMAN.

Dans les années soixante, à Chicago, un texan se présentant comme vétéran de la guerre du Vietnam s'introduit nuitamment dans une école d'infirmières et y viole et tue huit jeunes femmes. Une neuvième proie se cache et parvient à s'échapper...

La mode du film de serial killer, lancée par le succès critique et public de LE SILENCE DES AGNEAUX, connaît une popularité pratiquement sans éclipse durant une quinzaine d'années. La vague se voit solidifiée par le triomphe de SEVEN de David Fincher et confirmé par le succès de HANNIBAL. Toutefois, au moment de DRAGON ROUGE, le filon semble se tarir tandis que 2007 voit deux échecs mettre un terme à la tendance : ZODIAC de David Fincher n'est pas le succès espéré tandis que HANNIBAL : LES ORIGINES DU MAL fait un véritable flop.

Au-delà de ces projets et d'autres films de Majors du même style, le marché de la vidéo et du DVD s'intéresse au filon. Comme le remake de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE popularise l'étiquette «basé sur des faits réels», des transpositions de vies de vrais tueurs en série fleurissent chez les indépendants. Certains de ces titres sont ambitieux, intéressants et soignés. Citons par exemple l'ambiguë DAHMER LE CANNIBALE incarné par le Jeremy Renner d'avant DEMINEURS, l'éprouvant TED BUNDY de Matthew Bright et le délirant THE MANSON FAMILY de Jim Van Bebber.

Moins ambitieux, certains metteurs en scène se spécialisent dans le genre en tournant aussi vite que possible des adaptations à tout petit budget de faits divers célèbres. Signalons le cas d'Ulli Lommel, ancien compagnon de route de Fassbinder, dévoyé dans la réalisation de séries B à Z. Dans les années 2000, il enchaîne ZODIAC KILLER, B.T.K. KILLER, GREEN RIVER KILLER, BLACK DAHLIA et autres DIARY OF A CANNIBAL, tous plus ou moins basés sur des faits réels. Michael Feifer est un cas comparable puisqu'il se spécialise dans le même exercice avec, outre les deux titres déjà mentionnés, THE BOSTON STRANGLER, BUNDY et HENRY LEE LUCAS.

Ici, il s'intéresse à Richard Speck, psychopathe fameux, qui relève plus du «mass murderer» que du «serial killer». En effet, sa sinistre réputation s'est construite sur un seul fait divers de 1966 et non sur une série de meurtres. Le fait divers en question, le massacre en règles de huit jeunes élèves infirmières, reste dans les annales par son atrocité et son irrationalité. Ce drame retentissant connaît tôt des échos cinématographiques, avec LES ANGES VIOLES signé par le radical Koji Wakamatsu au Japon. Puis, l'allemand Mathieu Carrière incarne dans NE POUR TUER un psychopathe proche de Richard Speck, pour le réalisateur canadien Denis Héroux en 1976.

Michael Feifer signe son métrage avec un budget fort réduit, la plupart duquel a manifestement servi à rémunérer les quelques vedettes présentes. Il s'en suit une reconstitution historique chiche, à la figuration limitée, et laissant paraître quelques anachronismes flagrants (comme cette serrure à carte magnétique sur la porte d'une chambre d'hôtel). Plutôt que de suivre un fil chronologique, la narration enchaîne des épisodes temporellement mélangés, bien qu'allant en gros du départ du Texas de Richard Speck à son emprisonnement. Le tout se voit ponctué de séquences de tortures et de meurtres ayant lieu durant la nuit du forfait. Plus qu'une recherche narrative, nous y voyons une manière commode de faire revenir régulièrement des séquences d'atrocités au sein d'un métrage clairement orienté vers le public des films d'épouvante.

CHICAGO MASSACRE prend des libertés avec la «vraie» histoire, en ajoutant l'altercation dans un hôtel avec une prostituée par exemple, possiblement là pour rajouter une dose de sexe et de violence. Projet racoleur s'il en est, handicapé par une photographie et une production trop amateurs, CHICAGO MASSACRE ne laisse pourtant pas sur une impression complètement négative. Cela grâce à un portrait assez réussi de son tueur, bien servi par une interprétation étonnante de Corin Nemec. Celui-ci interprète un Speck sadique, inquiétant, félin et reptilien, totalement indifférent à la souffrance d'autrui et se complaisant autant dans sa propre destruction, à coup de drogues dures et d'alcool fort, que dans celle des autres.

Il en ressort un métrage au ton malsain, pour le moins désarçonnant, mais aussi curieusement fascinant par certains aspects. D'autant plus que malgré de grosses limites techniques, Michael Feifer fait son possible pour donner à son métrage un cachet cinématographique honnête, avec quelques mouvements de caméras étudiés ainsi que des idées de mise en scène apportant de l'épaisseur à son métrage.

Aux Etats-Unis, CHICAGO MASSACRE sort directement en DVD en juin 2007 chez Lions Gate, avant d'arriver en France en 2009 chez Opening, dans l'édition chroniquée ici.

CHICAGO MASSACRE est proposée dans une copie 1.77 avec support 16/9ème de qualité très passable pour un métrage aussi récent. Tout d'abord, il s'agit d'un transfert entrelacé posant de gros problèmes de zébrures et autres effets de peigne pour les spectateurs voulant le visionner en mode progressif classique. Il faut donc passer par un mode de visionnage corrigeant ce défaut(et retirant un peu de résolution au passage), à sélectionner sur votre lecteur DVD.

Qui plus est la photo d'origine n'a rien de bien excitant, avec ses halos, ses scènes sombres bouchées et bruitées, ou encore ses blancs franchement brûlés par endroit. Bref, la qualité d'image de ce DVD est moyenne, même s'il va sans dire que l'image d'origine est sans doute la principale cause de ce bilan.

La bande-son anglaise est proposée seulement en stéréo, alors que le DVD américain contenait bien une piste Dolby Digital 5.1. Le mixage est inégal, avec des dialogues dont le niveau fluctue tout au long du métrage, quand ils ne sont pas carrément inaudibles. Nous avons aussi une version française en stéréo et des sous-titres français. Le seul supplément proposé est une bande annonce en version originale sous-titrée en français.

Comparé au DVD américain, nous perdons le commentaire audio du réalisateur ainsi que le mixage 5.1 du métrage. Néanmoins, le disque Opening se distingue par ses options francophones tout de même bien commodes chez nous !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
50 ans
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Une mise en image amateur par certains aspects
Un transfert entrelacé
L'absence du mixage 5.1
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L'édition vidéo
CHICAGO MASSACRE : RICHARD SPECK DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
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    • Bande-annonce
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