Header Critique : SINFUL DWARF, THE (DVAERGEN)

Critique du film et du DVD Zone 1
THE SINFUL DWARF 1973

DVAERGEN 

Olaf et sa mère, ancienne tenancière d'un cabaret, louent des chambres d'hôtes. Une façade qui cache leur véritable activité. Olaf s'emploie à enlever des jeunes filles qu'il séquestre nue dans le grenier. Droguée, elles sont livrées à des activités sexuelles auprès de clients qui ne semblent pas étonnés de voir autant de jeunes femmes enchaînées aux murs. Tout fonctionne plutôt bien jusqu'au jour où un jeune couple sans emploi vient s'installer dans cette maison en raison du loyer attractif.

L'érotisme n'a pas attendu la libéralisation sexuelle pour s'exposer au cinéma. Néanmoins la fin des années 60 va connaître une explosion du cinéma érotique un peu partout dans le monde y compris la Grande Bretagne pourtant réputée très pudibonde. Largement plus libéral, la Suède et le Danemark vont pour leur part produire des métrages olé-olé ou versant carrément dans la pornographie tout au long des années 70. C'est dans ce contexte très permissif où chacun essaie de sortir du lot que va se monter une curieuse coproduction entre le Danemark et les Etats-Unis. Le film va d'ailleurs intégrer à son casting des acteurs provenant des pays nordiques mais aussi de Grande Bretagne où l'action du film est sensée prendre place. DVAERGEN, plus communément intitulé THE SINFUL DWARF, va aussi se démarquer en épiçant son cocktail érotique d'un emballage quelque peu sulfureux. Hormis le nain pervers et libidineux mis en avant par le titre du film, l'intrigue va aussi nous exposer le thème de la traite des blanches. A l'époque, il traînait d'ailleurs des rumeurs et légendes à propos de jeunes filles enlevées, souvent dans les cabines d'essayages des magasins de vêtements, pour ensuite être revendues à des réseaux de prostitutions d'autres pays. THE SINFUL DWARF ne sera pas le seul à traiter d'un tel sujet au cinéma puisque l'on pourra évoquer, entres autres, le Français LA TRAITE DES BLANCHES de Georges Combret, le "classe" HAREM d'Arthur Joffé ou, beaucoup plus récemment, le bourrin et très réussi TAKEN de Pierre Morel. Avec THE SINFUL DWARF, toutefois, nous plongeons de plain-pied dans l'outrance du cinéma d'exploitation. Au cœur de son sujet, le métrage multiplie les séquences érotiques où de jeunes filles enchaînées et droguées deviennent les jouets, le plus souvent dénués de volonté, de clients peu regardant. Jouet paraît être le mot le plus approprié dans le cas de ce film puisque l'objet ludique à destination des enfants est très largement mis en avant dans THE SINFUL DWARF. Les jouets deviennent des leurres pour attirer de jeunes filles très naïves dans la tanière des proxénètes. Mais les joujoux servent aussi à déjouer les contrôles de la police pour d'autres activités illégales.

Plus fort encore, un trafiquant de drogue, entouré de jouets, est carrément surnommé «Santa Claus» («Père Noël»), peut être parce qu'il amène la neige, à cause de sa bonhomie ou aussi son activité de substitution. Le métrage semble ainsi vouloir pervertir toute l'imagerie de l'enfance. Le réalisateur du film n'hésite pas non plus à utiliser les bruits des jouets de façon à provoquer un décalage face aux images que l'on peut voir. Dans le genre, il s'amuse aussi à monter deux séquences en parallèles provoquant un étrange résultat comme lors d'un passage musical à la tonalité normalement amusante qui vient ponctuer une relation sexuelle forcée. THE SINFUL DWARF surprend, à ce titre, par de nombreuses trouvailles que l'on attend pas forcément d'un pur film d'exploitation. Quelque part, et ce malgré l'envie de repousser les limites du mauvais goût, le métrage touche par endroit au «génie». Pourtant, l'ensemble s'avère assez inégal. Par exemple, la scène qui ouvre le film n'a rien de très engageante et frôle le naïf amateurisme. Le jeu très approximatif de certains acteurs et la mise en image très basique côtoient d'excellentes idées de montages, des situations très incongrues et le cabotinage des deux vilains de l'histoire. Mais ce constant contraste donne finalement une ambiance très particulière à un film qui pourra éventuellement choquer les plus innocents mais que l'on peut, au final, difficilement prendre au sérieux. L'intrigue alterne donc séquences sexuelles avec une sorte de thriller où une jeune femme, locataire des lieux, s'inquiète des bizarres agissements qui se déroulent dans la maison. Le tout donnant un ensemble qui se suit agréablement, terme qui peut paraître assez décalé, il faut bien le dire, en raison du contenu du film.

Parmi les idées les plus étranges de THE SINFUL DWARF, il est impossible de ne pas évoquer la mère du nain, menant son commerce hors norme et ressassant ses souvenirs d'artistes. Interprété par Clara Keller, le personnage fait ainsi bougrement penser à Shelley Winters et plus particulièrement à ses rôles dans les films de Curtis Harrington (QUI A TUE TANT ROO ? et WHAT'S THE MATTER WITH HELEN ?). Il apparaît difficile aujourd'hui de savoir s'il y a eu une quelconque et réelle influence des métrages de Harrington ou, dans un registre un peu différent, certains films de Pete Walker puisque la plupart des intervenants se sont évanouis dans la nature en admettant qu'ils aient réellement signé le film de leur véritable patronyme. Par exemple, la rumeur court que sous le nom du réalisateur Vidal Raski se camouflerait un autre cinéaste indéterminé. Légende ou réalité, impossible de trancher mais il faut tout de même préciser que la plupart des personnes ayant travaillé sur le film, acteurs inclus, ne feront rien d'autre dans le monde du cinéma. On pourra toutefois noter quelques curiosités telles que la présence de Werner Hedman qui joue le rôle de «Santa Claus» alors qu'il est bien plus connu pour avoir réalisé quelques fleurons du cinéma pornographique danois avec LES BELLES DAMES DU TEMPS JADIS ou LES LECONS DE CAROLLA. Il donnera d'ailleurs un petit rôle à Torben Bille dans l'un de ses métrages érotiques alors que l'acteur de petite taille, puisque c'est lui dont il s'agit, n'avait pas forcément démarré dans le cinéma pour adulte. Au contraire, il participait à des émissions de télévisions pour la jeunesse avant de mettre les pieds dans l'érotisme. Plus encore que Clara Keller, Torben Bille en fait des tonnes en livrant sa prestation outrancière d'un personnage qui passe sont temps à s'amuser avec des jouets ou s'occuper des prisonnières sexuelles de la maison. L'acteur en rajoute en forçant ses expressions faciales donnant l'impression qu'il se délecte au-delà de la normale des humiliations et tortures qu'il inflige aux jeunes femmes entièrement dénudées et rassemblées dans une simple pièce avec comme seul mobilier des matelas posés à même le sol. Déjà teinté d'une ambiance franchement étrange, musique à l'appui, l'interprétation de Torben Bille mène alors le film à flirter quelque peu avec l'horreur sans jamais y plonger réellement.

Au Danemark, THE SINFUL DWARF va être distribué normalement dans les salles de cinéma. Néanmoins, le métrage va connaître un élagage pour sa distribution à l'étranger et particulièrement aux Etats-Unis. C'est Harry Novak, spécialisé dans le métrage érotique, qui va assurer l'exploitation du film sur le sol américain mais le producteur va être obligé d'appliquer quelques coupes. En effet, le montage original de THE SINFUL DWARF contenait des scènes ouvertement pornographiques qui, si elles ne posaient pas de souci au Danemark, risque d'entraver la distribution du film. C'est cette version, expurgée de quelques minutes de relations sexuelles non simulées et clairement étalées sur l'écran, qui est présenté sur le DVD édité par Severin Films. L'éditeur dispose bien de la version intégrale du métrage mais ne peut pas, pour l'instant, la commercialiser faute d'avoir trouver un distributeur aux Etats-Unis à même de prendre en charge cette version classée X. Pour les plus pointilleux, il est à noter qu'un double DVD est sorti dans les pays nordiques en proposant les deux versions du film. En tout cas, Severin Films a réalisé un tout nouveau transfert du film à partir d'une copie américaine. L'image y est présentée en plein cadre et ne se montre pas des plus lisses. On notera un grain assez présent, une définition pas toujours exemplaire ou bien des défauts de pellicule. Compte tenu de l'étroitesse du budget du film, il y a fort à parier que tout cela reflète assez le matériel d'origine. La seule piste audio présentée est en version anglaise et en mono d'origine. Il s'agit de la version originale puisque le film a été tourné en anglais et si certains acteurs ont été doublés cela n'apparaît pas flagrant. En tout cas, il est évident que Torben Bille a joué son rôle en langue anglaise alors qu'une partie des acteurs sont de toutes façons britanniques. Aucun sous-titrage d'aucune sorte ne vient épauler cette piste sonore et il faudra donc comprendre un tant soit peu l'anglais de façon à suivre un récit somme toute assez limpide.

En supplément, cette édition DVD propose la bande-annonce du film sous le titre ABDUCTED BRIDE et des spots radio. Il y a même un supplément caché qui s'avère être un spot TV. Dernier supplément, un petit document dont on peut douter de la véracité. Il s'agit d'une Featurette produite en amont de la sortie de THE SINFUL DWARF. Elle donne la parole à deux intervenants qui ont écrit à l'éditeur pour émettre des objections concernant la sortie du film en DVD. En effet, ces derniers, fans de cinéma dérangeant, s'organisaient des soirées pour se marrer en regardant des films tout en s'enfilant des substances illicites pour décupler l'expérience. Mais, un soir, ils tombent donc sur THE SINFUL DWARF qui les marque à tel point qu'il va les traumatiser. A vrai dire, ce segment vidéo ne contient aucune information pertinente et a même tendance à débiter des conneries. La chose se clôt par une déclaration de l'éditeur qui demande aux gens de réagir de manière à savoir s'il faut, ou pas, sortir THE SINFUL DWARF en DVD. Il faut croire, une fois le DVD dans les mains, qu'il n'y a pas eu beaucoup de monde pour empêcher cette sortie ! Attention, contrairement à l'indication sur la jaquette, le DVD n'est pas «Zone 0» mais est codé «Zone 1». Il ne fonctionnera donc pas sur des lecteurs de DVD français à moins que ceux-ci ne soient dézonnés.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Une ambiance étrange
Une mise en scène parfois très inventive
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Seulement la version internationale
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L'édition vidéo
DVAERGEN DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Severin
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • The Severin Controversy (9mn58)
    • Bande-annonce
      • Radio spots
      • 30 sec.
      • 60 sec.
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