Header Critique : STENDHAL SYNDROME, THE (BLU-RAY)

Critique du film et du Blu-ray Zone 0
THE STENDHAL SYNDROME 1996

LE SYNDROME DE STENDHAL 

Jeune inspectrice de police, Anna Manni enquête sur une vague de meurtres à caractère sexuel. Alors que le tueur semble avoir changé de ville, elle se rend à Florence pour partager ses informations avec la police locale. Pour les besoins de son investigation, elle visite le musée de la ville dans lequel elle va être le sujet d'un étrange malaise…

Après DEUX YEUX MALEFIQUES et TRAUMA, réalisés tous les deux aux Etats-Unis, Dario Argento a dans l'idée de continuer sa carrière en Amérique. La lecture d'un livre de Graziella Magherini, «Le Syndrome de Stendhal», interpelle alors le cinéaste italien. En poste dans un hôpital de Florence, la psychanalyste a rédigé une étude concernant les troubles rencontrés par des personnes aux contacts d'œuvres d'art. Si le livre contient des cas concrets, il ne s'agit pourtant en rien d'une fiction. En utilisant seulement comme idée de départ le «Syndrome de Stendhal», Dario Argento va créer de toutes pièces une histoire policière dans laquelle il va injecter d'autres pathologies. Pour l'écriture, il se fera aider par le scénariste Franco Ferrini avec lequel il collabore depuis plusieurs années. Mais si le film est prévu à l'origine pour être produit aux Etats-Unis, il s'avère que le projet ne trouve pas preneur et Dario Argento décide finalement de retourner en Italie pour le concrétiser. Si diverses actrices américaines sont contactées pour participer au film, aucune n'acceptera et ce retour en Italie va mener le cinéaste à reprendre sa fille pour incarner le rôle principal. Asia Argento jouait déjà le rôle principal de TRAUMA où elle interprétait une jeune anorexique. Cette fois, l'actrice sera donc affligée du «Syndrome de Stendhal» en prenant le rôle d'une inspectrice de police. Toutefois, le rôle s'avère très exigeant ce qui embarrassera un peu le père et la fille lors des séquences les plus dures du film…

LE SYNDROME DE STENDHAL est un film composé de trois actes marquants chacun une rupture dans le rythme du film mais aussi en ponctuant les bouleversements psychologiques de son héroïne. A vrai dire, hormis la première partie du film, le fameux «Syndrome de Stendhal» semble s'évanouir quelque peu dans la nature et ne joue qu'un rôle déclencheur dans le cheminement psychologique de son protagoniste. Une première partie qui a le mérite de proposer quelques fantaisies cinématographiques que l'on qualifiera de grand «art». Dès le début du film, Dario Argento nous prouve, s'il en était besoin, tout son talent. Visitant la Galerie des Offices de Florence, Asia Argento est happée par un tableau, s'immergeant totalement dans la force évocatrice de l'œuvre d'art. Le terme d'immersion n'est pas galvaudé puisque Dario Argento a l'excellente idée de plonger son actrice au fond de l'eau comme si elle venait de se jeter dans la mer située au centre de la peinture. Cette entrée en matière du film sera suivie d'autres incursions au sein de tableaux donnant l'opportunité au cinéaste de mettre en scène de bizarres séquences particulièrement réussies. Ainsi, on pourra voir Asia Argento se promener à l'intérieur d'une autre peinture ou même traverser un tableau comme s'il s'agissait d'un portail. Tout cela venant s'intégrer sur une intrigue policière qui s'apparente de prime abord gialli. Pourtant, Dario Argento n'hésite pas à chambouler les règles établies et ne fait aucun mystère concernant le tueur. Ce dernier nous est très vite révélé ce qui pourra sembler curieux mais LE SYNDROME DE STENDHAL ne suit pas vraiment le canevas narratif d'une enquête policière. Si le film pose ses bases sur la traque d'un tueur en série, il s'agit surtout de suivre le parcours d'une jeune femme qui va cumuler les traumatismes.

Plutôt qu'un giallo, une partie du film va nous mener sur les traces du «Rape & Revenge». Violée brutalement, l'héroïne de l'histoire va alors opérer un premier changement autant psychologique que physique en rejetant sa féminité, ce qu'elle est, et en essayant de se reconstruire. Son entourage ne sera d'ailleurs pas d'une grande aide à commencer par son petit ami, policier lui aussi, qui ne semble pas mesurer l'impact de l'agression sur la vie sentimentale de la jeune femme. En pleine dépression, elle va s'isoler encore plus en s'éloignant de son quotidien pour retrouver des proches qui ne s'avèrent pas plus compréhensifs. Comme dans tout ««Rape & Revenge», la victime aura l'occasion de punir sauvagement son agresseur. Mais Dario Argento ne s'arrête pas là, bien au contraire. Il ouvre une troisième partie à son histoire qui débute là où se termine généralement ce type de films. Une ingénieuse idée qui ne sera malheureusement pas traitée de façon aussi satisfaisante que le reste du métrage. Cela reste, en tout cas, un intéressant prolongement qui permet de continuer à explorer le profil trouble de l'héroïne et du personnage maléfique, de la victime et du tueur. La peinture et l'Art resteront présents tout au long du film, au travers de créations artistiques personnelles ou bien par l'intrusion d'un nouveau protagoniste, un étudiant en Art. L'un des passages du film nous montre son héroïne essayant de s'immerger littéralement dans un mélange de peintures. Néanmoins, les expérimentations visuelles et esthétiques sur lesquelles se lancent le film vont s'estomper au fur et à mesure pour être carrément abandonnées en fin de métrage. Se faisant, la force émotionnelle du SYNDROME DE STENDHAL va un peu décliner. Cependant, Dario Argento aura tout de même réussi à insuffler une telle noirceur dans son œuvre qu'elle va perdurer jusqu'à son final pourtant bien peu spectaculaire. Extrêmement brutal, LE SYNDROME DE STENDHAL met de côté l'esthétisme de la violence que Dario Argento avait pu instaurer avec SUSPIRIA ou INFERNO. Direct et agressif, le cinéaste capte plus froidement les séquences de viol ou bien les quelques mises à mort leur conférant une ambiance glauque et malsaine.

Des fautes de goûts, LE SYNDROME DE STENDHAL en montre quelques-unes à l'écran. Ainsi, Dario Argento va expérimenter l'ajout d'effets numériques concoctés par Sergio Stivaletti. Relativement réussi dans le cadre des séquences qui permettent de faire entrer les personnages dans les tableaux, on notera quelques utilisations bien moins heureuses. Quelques ajouts de sang numérique et le passage d'une balle de pistolet au travers de la bouche d'une victime ne sont pas des plus convaincants mais cela s'inscrit dans la narration. On pourra par contre être très surpris par un plan en images de synthèse de la gorge d'Asia Argento qui avale deux comprimés. Curieuses et, à vrai dire, ratées, ces courtes secondes paraissent bien déplacées de par leur gratuité technique. Sans vraiment être un défaut, cela ajoute une touche d'étrangeté au métrage qui serait apparemment le premier film italien à intégrer des images de synthèse dans sa réalisation. Plus agréable, LE SYNDROME DE STENDHAL se pare d'une partition musicale d'Ennio Morricone qui n'avait pas travaillé avec Dario Argento depuis ses trois premiers films : L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL, LE CHAT A NEUF QUEUES et QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS. Enfin, il apparaît important de saluer la prestation d'Asia Argento mais aussi de Thomas Kretschmann, ce dernier incarnant l'inquiétant détraqué sexuel.

Quinze ans après sa réalisation, LE SYNDROME DE STENDHAL s'impose comme l'un des derniers grands films en date de Dario Argento. Depuis, le cinéaste semble s'être égaré entre la réalisation d'un sympathique giallo, LE SANG DES INNOCENTS, ou bien la confection de métrages flirtant allégrement avec le «Z» comme MOTHER OF TEARS ou bien LE FANTOME DE L'OPERA. En attendant que Dario Argento nous confectionne un nouveau chef d'œuvre, on pourra donc sans mal se replonger dans ses meilleures œuvres dont LE SYNDROME DE STENDHAL fait assurément partie notamment grâce à des portraits véritablement bien approfondis de ses deux personnages principaux.

LE SYNDROME DE STENDHAL était sorti en DVD un peu partout dans le monde. Le disque français était d'ailleurs plutôt bon mais n'arrivait pas vraiment à se hisser au même niveau que l'édition double DVD produite par Blue Underground. L'éditeur américain s'est remis au travail pour ce Blu-ray et propose ce coup-ci un transfert 16/9 en haute définition et au format cinéma respecté (1.66). Les couleurs sont particulièrement solides et la définition offre un niveau de détail appréciable mais la présence d'un énorme grain risque de désarçonner les dingues de l'image lisse et clinique. Aussi brut que le film, l'image se donne, en quelque sorte, un ton plus rêche. Il ne s'agit en rien d'un défaut et ce grain passe d'ailleurs haut la main l'épreuve d'une compression numérique sans faille.

Pour ce Blu-ray, l'éditeur américain a remixé la version anglaise pour lui offrir des pistes DTS HD Master Audio 7.1 et Dolby TrueHD 7.1. En complément, on retrouve le mixage Dolby Digital 5.1 qui avait été fait à l'occasion de la sortie du DVD. Si le rendu technique est une belle réussite, le doublage anglais n'est pas spécialement agréable. De plus, le film est présenté ici en version intégrale avec près de deux minutes supplémentaires concentrées sur deux séquences de dialogue. Ces dernières n'ont jamais été doublées en anglais et elles sont donc présentées en version italienne. A ce propos, le disque contient un sous-titrage anglais qu'il est possible d'activer sur l'intégralité du film. Du coup, on se reportera sans trop de regret sur le mixage italien en Dolby Digital 5.1. Plus naturel, même si le film a de toutes façons été post-synchronisé, cette version italienne s'avère bien plus satisfaisante mais bien moins spectaculaire que les pistes audio HD.

Blue Underground reprend quasiment l'intégralité des suppléments produits à l'occasion de la sortie du double DVD. Il manque à l'appel la galerie de photos mais tout le reste a été conservé, c'est à dire cinq interviews de durées conséquentes et proposées en simple définition. Durant une vingtaine de minutes, Dario Argento va donc parler de la genèse du film et de son tournage, en particulier au sein du musée, mais aussi de sa propre expérience du «Syndrome de Stendhal». Ce syndrome est largement traité dans l'interview de Graziella Magherini, la psychanaliste qui a donc écrit l'étude et donc le livre le concernant. Un peu coincé, cette intervention ne passionne pas plus que cela. Cela redevient bien plus sympathique avec les anecdotes de Sergio Stivaletti qui s'est donc occupé de diriger les effets spéciaux du film. Il en sera de même pour Massimo Antonello Geleng, chargé quant à lui du design, qui en profitera pour évoquer d'autres films sur lesquels il a travaillé. Enfin, Luigi Cozzi, assistant réalisateur sur le film, parle essentiellement de sa relation avec Dario Argento et ne s'attarde pas vraiment sur LE SYNDROME DE STENDHAL. Dans l'ensemble, ce sont donc plus d'une heure et demi d'entretien qui couvrent l'essentiel de la création du film et de ce qui s'y rattache. Toutes les interviews sont en italien et sont présentées avec un sous-titrage anglais. Cette interactivité de qualité se clôt avec la bande-annonce du film. Enfin, précisons que ce Blu-ray n'est pas zoné et fonctionne donc sur tous les lecteurs, y compris ceux vendus en France.

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Les fantaisies visuelles liées au syndrome
Une oeuvre brutale et sans concession
Des personnages principaux bien approfondis
On n'aime pas
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L'édition vidéo
LA SINDROME DI STENDHAL Blu-ray Zone 0 (USA)
Editeur
Blue Underground
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
2h00
Image
1.66 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital 5.1
English DTS Master Audio 5.1
English Dolby Digital HD 5.1
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
      • Interviews
      • Dario Argento (20mn)
      • Graziella Magherini (22mn)
      • Sergio Stivaletti (16mn)
      • Luigi Cozzi (22mn)
      • Massimo Antonello Geleng (23mn)
    • Bande-annonce
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