Header Critique : PRINCESS AURORA (ORORA GONGJU)

Critique du film et du DVD Zone 2
PRINCESS AURORA 2005

ORORA GONGJU 

Une femme maltraite une petite fille dans les toilettes d'un centre commercial. Elle est ensuite sauvagement tuée par un témoin de la scène. Deux jours plus tard, un autre meurtre est commis et ce n'est que le début d'une longue série. Sur toutes les scènes de crimes, la police trouve un autocollant représentant la "Princess Aurora", un personnage de dessin animé. Grâce aux caméras de surveillance, les soupçons se portent immédiatement sur Jung, une jeune femme perturbée que connaît personnellement l'inspecteur Oh en charge de l'affaire…

Son nom ne l'indique pas à nos oreilles occidentales mais Eun-jin Bang est une femme et une actrice très connue dans son pays. Ceci est son premier long-métrage derrière la caméra, un exercice difficile comme en témoigne un sérieux problème de construction qui peut occasionner un désintérêt certain tant l'histoire met du temps à démarrer pour de bon. Avant de passer à la réalisation, Eun-jin Bang est apparue dans une petite quinzaine de films et son expérience a certainement contribué à sa direction d'acteurs dont la qualité est à saluer tant tous les personnages apparaissent naturels. C'est d'ailleurs le point fort de la première heure du film car on se demande un peu où la réalisatrice veut nous emmener dans ce qui semble n'être qu'une banale histoire de vengeance. En effet, on suit la tueuse, Jung, dès les premières images et il n'y a donc aucune surprise quant à son identité. Et bien que le tout soit très correctement mis en scène, le métrage débute de façon plutôt pauvre puisque dénué d'une véritable ambiance ou d'originalité.

C'est avec l'arrivée de l'inspecteur Oh (Sung-keun Moon) que notre intérêt s'éveille un peu. Déjà, on apprend que la tueuse n'est autre que son ex-femme mais aussi que le policier veut devenir pasteur. Pour un représentant des forces de l'ordre, c'est un choix assez curieux et l'on devine alors un homme en grande souffrance et qui n'a plus aucun moyen de communication avec son ancienne femme. Cette distance émotionnelle entre les deux est brillamment démontrée durant la brève scène de leur rencontre où chacun se trouve à une extrémité de l'image, illustrant ainsi le gouffre qui les sépare. Mais que s'est-il passé entre eux pour provoquer un tel désespoir ? Justement, il faut attendre près d'une heure pour découvrir le crime parfaitement monstrueux, sans doute le pire cauchemar des parents, qui les a touché. Quelques images de leur enfant apparaissent plus tôt dans le film mais on ne comprend pas tout de suite qu'il s'agit de la fille de Jung ce qui induit une certaine confusion et on se dit alors qu'on aurait bien voulu en savoir un peu plus pour se sentir immédiatement concerné.

La deuxième partie du film est, par contre, beaucoup plus engageante même si l'histoire s'aventure sur un terrain des plus délicats et difficiles à gérer : la souffrance causée par la perte d'un enfant. On bascule forcément après un acte aussi abominable que celui subi par la fillette et on ne supporte pas que le monde oublie car le parent, lui, n'oubliera jamais. La blessure restera à vif parfois pendant de nombreuses années et comment se pardonner de n'avoir rien pu faire pour sauver son enfant, comment vivre en sachant qu'il est mort seul, loin de nous, en ayant souffert le pire ? Jung, en tout cas, ne possède pas la force psychique nécessaire pour l'emporter dans un deuil salvateur et elle n'a plus rien à perdre. Incapables de surmonter cette épreuve à deux, les époux se sont éloignés l'un de l'autre, chacun submergé par une souffrance innommable et invisible mais dont le poids dépasse l'imaginable. Les actes meurtriers de Jung représentent le dernier cri d'une mère pour que personne n'oublie ce qui reste en permanence à son esprit. Un cri purement égoïste mais qui peut prétendre à la rationalité suite à un pareil événement ? De plus, les victimes qui, à première vue, semblent choisis de manière aléatoire ne le sont bien évidemment pas et tous ses actes ont un but précis, celui qui nous sera révélé à la fin et qui clôt le métrage de façon aussi poétique qu'horrifique.

Il est indéniable que la réalisatrice apporte une sensibilité féminine particulière à son film. Un regard aussi juste n'est pourtant pas l'apanage des femmes, plusieurs hommes ont touché au sujet avec des résultats bluffants, comme Juan Antonio Bayona pour le magnifique L'ORPHELINAT, Sebastian Niemann pour le méconnu SEPT JOURS A VIVRE ou encore Neil Marshall avec le plus brutal THE DESCENT. Chacun sa façon de traiter son histoire mais tous ont en commun une compréhension claire des ramifications d'une telle perte.

La très belle Jeong-hwa Eom incarne avec conviction la mère orpheline de son enfant, une femme qui peut se montrer aussi douce et gentille que froide et sans pitié en exécutant ses victimes sans y réfléchir à deux fois. En ce sens, le métrage rappelle la trilogie de la vengeance de Chan-wook Park qui dépeint également des êtres esseulés et malmenés par la vie et dont la colère et la frustration ont conduit à l'irréparable. Le métrage d'Eun-jin Bang n'atteint toutefois pas la même intensité que ceux de son collègue et les personnages ne restent pas aussi inoubliables.

Sur le DVD français, l'image est présentée dans son format 2.35 d'origine dont la réalisatrice tire le meilleur parti. Aucun défaut n'est à relever au niveau du pressage, les couleurs sont belles et les contrastes bien définis. Quant au son, vous avez le choix entre le coréen sous-titré français et un doublage français. Les deux pistes sont présentées en Stéréo ou en 5.1 et de cette façon, personne ne se sentira oublié. Bien que nous ayons une nette préférence pour les versions originales quelle que soit la langue, le doublage présent ici reste de qualité tout à fait correcte et, dans la mesure du possible, nous vous conseillons le mixage 5.1 même si le son n'y explosera pas de la même façon que pour un film d'action plus bruyant.

La partie bonus ne contient pas grand chose. Le premier module est curieusement titré "Rencontre avec la réalisatrice Soon-jung et les acteurs du film". Si cela nous paraît bizarre, c'est parce que Soon-jung n'est pas le nom de la réalisatrice mais du personnage principal du film et de plus, dans cette partie qui dure une dizaine de minutes, vous ne verrez à aucun moment Eun-jin Bang ! Pour cela, il faut se tourner vers le supplément suivant intitulé "Dans les coulisses" qui est un making of de douze minutes. Le module est divisé en plusieurs parties qui se concentrent chacune sur une personne ou un groupe en particulier : la réalisatrice, l'actrice principale, les policiers et puis les victimes. Enfin vient la bande annonce du film et Les scènes inédites qui se déroulent en continu et sans commentaire ni carton explicatif.

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
On aime
Un film sensible sur un sujet délicat
On n'aime pas
Une construction bancale
Un démarrage sans saveur
Que le monde soit aussi cruel pour les enfants…
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
0 votes
Ma note : -
L'édition vidéo
ORORA GONGJU DVD Zone 2 (France)
Editeur
Europa
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h46
Image
2.35 (16/9)
Audio
Korean Dolby Digital 5.1
Korean Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Rencontre avec la réalisatrice Soon-jung et les acteurs du film (10mn39)
    • Dans les coulisses (12mn33)
    • Scènes inédites (25mn30)
    • Bande annonce
    Menus
    Menu 1 : PRINCESS AURORA (ORORA GONGJU)
    Autres éditions vidéo
      Aucune autre édition répertoriée.