Header Critique : HERCULE CONTRE LES VAMPIRES (ERCOLE AL CENTRO DELLA TERRA)

Critique du film et du DVD Zone 2
HERCULE CONTRE LES VAMPIRES 1961

ERCOLE AL CENTRO DELLA TERRA 

Pour libérer sa bien aimée d'un mal étrange, Hercule doit descendre aux enfers, là d'où aucun être vivant n'est jamais revenu, pour y prendre la pierre de vie. Accompagné d'un fidèle compagnon, il entame le voyage qui va d'abord le mener au jardin des Hespérides…

A priori, le nom de Mario Bava n'évoque pas directement les Péplums et les gros muscles italiens. Le nom du cinéaste italien évoque plus généralement le cinéma d'épouvante et d'horreur. Pourtant, bien avant de signer des films en son nom, Mario Bava œuvrait déjà derrière les caméras à différents postes et plus particulièrement à celui de directeur de la photographie. Il va ainsi collaborer avec Riccardo Freda sur SPARTACUS au début des années 50 et épaulera Pietro Francisci sur LES TRAVAUX D'HERCULE puis HERCULE ET LA REINE DE LYDIE qui vont lancer une vague de métrages où l'antiquité est revue par l'industrie cinématographique italienne. C'est encore un Peplum qui donnera à Mario Bava la chance de signer son premier film en tant que réalisateur. Le cinéaste sauvera ainsi du naufrage LA BATAILLE DE MARATHON officiellement réalisé par Jacques Tourneur. Suite à cela, la maison de production lui proposera en retour de tourner LE MASQUE DU DEMON, véritable chef d'œuvre de l'épouvante gothique à l'Italienne.

Steve Reeves, Monsieur Univers de 1950, est devenu une vedette grâce aux deux premiers Hercule qu'il va tourner avec Pietro Francisci. Le muscle est alors un gage de qualité pour tenir la tête d'affiche et les athlètes vont donc défiler sur les écrans. Dans le rôle de Hercule, Mickey Hargitay, Mark Forest, Peter Lupus ou Gordon Scott vont emboîter le pas à Steve Reeves. Au début des années 60, la SPA Cinematografica décide de produire deux films mettant en scène Hercule et propulse le nouveau Monsieur Univers du moment en haut de l'affiche. Reg Park va ainsi tourner coup sur coup HERCULE A LA CONQUETE DE L'ATLANTIDE et HERCULE CONTRE LES VAMPIRES. Si le premier mélange mythologie et science-fiction, le film réalisé par Mario Bava s'orientera plutôt vers l'épouvante comme le laisse suggérer son titre. La notion de vampire étant quand même relativement floue dans le montage du film qui va circuler hors de l'Italie. Si le méchant principal est incarné par Christopher Lee, marqué par le rôle de Dracula, et que son but est de boire le sang d'une jeune femme, son personnage s'avère très éloigné du vampire tel qu'on l'entend habituellement. Un prologue du film, absent de la copie française, montre toutefois son personnage vampiriser une jeune femme. Le pluriel du titre s'avère quoi qu'il en soit fantaisiste.

Paré d'un budget ridicule, Mario Bava va s'ingénier à camoufler la précarité des moyens mis en œuvre. Passé quelques scènes en extérieurs, une très grande partie du métrage sera tourné en studio où le cinéaste va laisser libre cours à son imagination colorée qui deviendra bien vite l'une de ses marques de fabrique. Les décors et personnages sont ainsi souvent et savamment arrosés d'éclairages aux dominantes rouges, vertes ou bleues. L'environnement fait illusion alors que Mario Bava réutilise et réarrange constamment les mêmes décors tout en les recouvrant de fumées. Il reproduira le même tour de passe-passe ingénieux quelques années plus tard en réalisant LA PLANETE DES VAMPIRES, film de science-fiction se déroulant sur une autre planète, avec de vieux morceaux de décors de Péplum. Les maigres moyens mis à sa disposition sont transcendés et, à l'écran, on se laisse guider par l'histoire par moment très accessoire. HERCULE CONTRE LES VAMPIRES est, avant tout, une réussite plastique d'où émergent par endroit de très jolies séquences. Parmi celles-ci, on notera les passages se déroulant aux enfers, les entrevues avec la sibylle ou encore la flaque de sang dans lequel vient se refléter le visage de Christopher Lee qui n'est pas sans faire penser à un plan similaire des FRISSONS DE L'ANGOISSE de Dario Argento.

En dehors de ses moyens financiers peu musclés, HERCULE CONTRE LES VAMPIRES n'a pas non plus un scénario complexe. Dans la première partie, Hercule se met donc en quête d'un objet qui lui imposera quelques épreuves en chemin. Les épreuves et les obstacles, Hercule les règlera très souvent en lançant des rochers. Les dialogues s'en amusent puisque Hercule lui-même en vient à espérer qu'il est en train de lancer pour la dernière fois un gros caillou. Parfois, les obstacles ont de légendaires réputations mais notre héros s'en débarrassera avec sa désinvolte subtilité habituelle. Dans la deuxième partie du film, il ne reste plus qu'à déjouer un sombre complot où le personnage lancera inévitablement encore quelques rochers sur des adversaires ressemblant à des spectres ou des morts-vivants. Etrangement, la simplicité toute naïve du scénario a nécessité le travail de quatre scénaristes parmi lesquels on trouve Mario Bava mais aussi Duccio Tessari. Ce dernier réalisera la même année un amusant et espiègle Péplum atypique avec LES TITANS. On retrouve d'ailleurs ici la manie de mélanger les personnages de façon plus ou moins adroite. Dans HERCULE CONTRE LES VAMPIRES, Télémaque n'est plus le fils d'Ulysse mais un bonhomme un peu gauche et dont l'humour ne fait pas toujours mouche, Proserpine est la fille de Pluton alors qu'elle devrait être seulement sa prisonnière et Jocaste est réduite à une jeune femme légère bien éloignée des tragédies habituelles auquel on l'associe.

En tête d'affiche, on trouve donc Reg Park qui ne s'éternisera pas sur les écrans de cinéma puisque sa carrière compte moins d'une demi-douzaine de films où ses muscles sont mis en valeur. Mais, dans l'ensemble, sa très courte filmographie est plutôt de qualité, d'autres sportifs improvisés acteurs ont eu moins de chances. Monsieur Univers à trois reprises, Reg Park entraîna pendant un temps un certain Arnold Schwarzenegger. Le reste de la distribution de HERCULE CONTRE LES VAMPIRES est, quant à elle, assurée par des acteurs de métiers tel que Christopher Lee ou George Ardisson et, dans des rôles plus en retrait, Ida Galli, Rosalba Neri ou bien Raf Baldassarre qui termine sa prestation dans le film de manière très cruelle !

Cet HERCULE CONTRE LES VAMPIRES n'est certainement pas l'une des plus grandes réussites de Mario Bava. Le cinéaste fera bien mieux dans d'autres genres. Mais le voyage aux enfers de Hercule porte à l'évidence la patte du cinéaste italien d'un point de vue graphique mais aussi via l'apport de détails macabres. Une véritable curiosité pour les amateurs de cinéma d'épouvante mais qui saura tout autant séduire les amateurs de Péplum à l'ancienne.

HERCULE CONTRE LES VAMPIRES se fait une sortie française des plus timides et sans fanfare. Opening ajoute ce titre à une collection « Peplum » comportant cinq titres (dont trois étaient déjà disponibles chez l'éditeur depuis les débuts du DVD). La collection est d'ailleurs présentée à l'ouverture du digipack mais ne cherchez pas le sixième DVD dans le commerce car la sortie du HANNIBAL de Edgar G. Ulmer a été annulée à la dernière seconde faute de trouver du matériel satisfaisant. En tout cas, c'est là où l'on peut voir, au dessus des six jaquettes, la mention « Collection Peplum – Edition Prestige ». De fait, cet inédit de Mario Bava dans les rayonnages DVD de France va être traité avec tous les égards. Mais le « Prestige » s'arrête malheureusement bien vite !

Le DVD nous présente le film dans une copie italienne au format cinéma. Bien que la source soit différente du DVD américain édité par Fantoma (ces derniers utilisaient une copie anglaise), l'image est plus ou moins la même en terme de couleurs. Néanmoins, on notera des différences dans les cadrages puisque le disque français s'ouvre un peu plus vers le haut et le bas en révélant un petit peu plus d'image par rapport au disque américain. Reste que la compression n'est pas invisible et les arrières plans laissent transparaître par endroits quelques petites anicroches numériques. L'image est somme toute, dans son ensemble, plutôt satisfaisante surtout que les images ne sont pas toujours des plus faciles à retranscrire.

Opening (FR)
Fantoma (US)

La seule piste sonore nous donne l'occasion d'entendre le doublage français en mono d'origine. Le disque américain, quant à lui, donnait le choix entre les doublages italiens et anglais. Il est impossible de regretter l'absence de la version originale puisque le film fut de toutes façons post-synchronisé après le tournage. Certains seront peut être tentés d'arguer que la version anglaise est à préférer de manière à profiter des voix de Reg Park et Christopher Lee. Ne vous y fiez pas, les deux interprètes britanniques sont doublés par d'autres acteurs y compris dans le doublage anglais. Le DVD permet tout de même de proposer un panel de langues et on regrette l'absence d'autres pistes sonores ne serait-ce que pour comparer ou, au moins, suivre une version italienne, langue de production du film.

On en oublierait presque de revenir sur le « Prestige » mais il faut dire que l'on n'a pas de véritables raisons d'y penser. Car cette édition DVD présente un menu unique dont la seule option permet de lancer le film. Il n'y a même pas un menu spécifique pour le chapitrage du film. Le traitement de l'interactivité ne peut pas être plus minimaliste à moins de se passer totalement de menus (comme le faisait certains DVD chinois il y a près de dix ans !). Pour les suppléments, vous oubliez tout de suite ! Aucune biographie pas plus que de filmographie alors que le générique compte tout de même Mario Bava, Christopher Lee, Reg Park ou George Ardisson. Le prologue italien est, lui aussi, absent de cette version mais c'était aussi le cas du DVD américain. Au moins, le prix de vente, situé légèrement en dessous des 10 euros, n'est pas excessif !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
54 ans
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570 critiques Film & Vidéo
4 critiques Livres
On aime
Un sympathique Peplum fantastique
Le prix
On n'aime pas
Pas d'autre choix que le doublage français
Aucun supplément, pas même un menu de chapitrage !
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L'édition vidéo
ERCOLE AL CENTRO DELLA TERRA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h20
Image
2.35 (16/9)
Audio
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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